Des experts agricoles chinois contribuent à optimiser la production rizicole au Burundi.

Le 17 mai 2020, Yang Huade, expert agricole qui vit au Burundi, n’a pas pu assister au mariage de son fils à cause de la pandémie de COVID-19. « Malgré cela, ma famille m’a quand même témoigné un soutien et une compréhension sans faille », dévoile-t-il à CHINAFRIQUE.

L’expert de 57 ans travaille au Bureau agricole et rural du district de Weiyuan, au Sichuan (sud-est), depuis 38 ans et vit en Afrique depuis six ans. En 2015, il s’est rendu sur le continent africain pour la première fois pour transmettre des techniques de riziculture au Mozambique. Après avoir achevé sa mission, il a entendu parler d’un projet de coopération agricole au Burundi auquel il a immédiatement décidé de participer. Il est arrivé au Burundi en novembre 2015 où il dirige une équipe composée de huit experts agricoles chinois.

Militer en faveur d’un développement durable

Yang Huade, accompagné de fonctionnaires locaux et d’experts agricoles, visite un site pilote de riz hybride au village de Ninga (village 4), province burundaise de Bubanza, le 3 novembre 2018. (COURTOISIE)

Selon M. Yang, le Burundi, situé près de l’équateur, est un pays ensoleillé et riche en ressources naturelles. Cependant, les infrastructures et les équipements agricoles sont peu développés et les techniciens agricoles professionnels trop peu nombreux.

Après une analyse minutieuse de la situation, l’équipe d’experts a entamé un premier essai de riziculture, qui s’est progressivement étendu d’un hectare à 48 hectares et d’un ménage à 134 ménages. Ils ont également mis au point une technique de culture d’un riz hybride chinois pour pallier la faible productivité des variétés locales. Le rendement en riz moyen de ce projet pilote a atteint plus de 10 tonnes par hectare, soit plus du triple du rendement moyen local.

L’équipe s’est également engagée à faciliter le processus de validation juridique des nouvelles variétés de riz. Avec le soutien du gouvernement burundais, un riz hybride chinois a été validé et enregistré au niveau national pour la première fois en Afrique. Ils ont aussi introduit les herbicides nécessaires et achevé le travail d’évaluation de l’impact environnemental de leur technique. « Il en ressort que le riz hybride contribue à une amélioration significative de la productivité et des revenus des agriculteurs locaux tout en protégeant l’environnement », souligne M. Yang.

Entre septembre 2018 et février 2021, leur projet pilote de riziculture dans le village de Ninga (village 4), province de Bubanza, a permis à la population locale de produire 2 620 tonnes de riz, soit une augmentation de 136 % par an, et d’atteindre une valeur totale de production de 1,22 million de dollars, soit une augmentation de 149 % par an, profitant à 1 072 personnes dans 134 foyers du village.

Le succès du projet de riz hybride a été reconnu comme une réalisation majeure du Burundi en 2018, et les experts en riziculture et en engrais de l’équipe ont reçu un prix pour leur contribution exceptionnelle. Lors de la Journée mondiale de l’alimentation du 23 octobre 2020, le Président burundais Évariste Ndayishimiye a fait l’éloge de la coopération agricole entre le Burundi et la Chine dans un discours. Il a ajouté que le Burundi était particulièrement reconnaissant envers la Chine pour son soutien en faveur du développement économique et social du pays.

Passer le relais

Les membres de la cinquième équipe d’experts agricoles chinois au Burundi, en compagnie des traducteurs locaux, à la fin de leur période de quarantaine, le 14 janvier 2021. (COURTOISIE)

Ernest Irankunda, jeune agriculteur du village de Ninga, a été sélectionné en 2018 pour se former à la riziculture aux côtés des experts chinois. En parallèle, Ernest venait de recevoir une offre de l’École d’économie et de gestion de l’université du Burundi « Ernest a finalement décidé de renoncer à ses études en économie pour se former à la culture du riz hybride à nos côtés et devenir un véritable expert en riziculture », se remémore M. Yang.

Sous la direction du groupe d’experts, ses trois récoltes de riz hybride ont considérablement amélioré la production et les conditions de vie de sa famille. Au bout de deux ans de formation, M. Irankunda a reçu le certificat de fin d’études du groupe d’experts chinois et il est officiellement devenu agronome en riziculture. Il a ensuite été nommé responsable technique d’un site de culture de riz hybride dans la province de Cibitoke. À peine six mois plus tard, le rendement du riz y était passé de 2,5 tonnes à 7,5 tonnes par hectare. Le jeune homme est aujourd’hui considéré comme une figure de proue en matière de développement de la riziculture dans la province.

Cette réussite a retenu l’attention du gouvernement burundais, qui a sélectionné, en novembre 2019, 17 jeunes agriculteurs à travers le pays pour recevoir une formation de six mois avec le groupe d’experts. « Ils sont depuis devenus des piliers importants du développement du riz hybride au Burundi. Nous prévoyons de former 3 600 personnes au cours des trois prochaines années », précise M. Yang.

Préparer l’avenir

Yang Huade présente les aspects techniques de la culture de la paille à des stagiaires dans un champ de Ninga (village 5), province burundaise de Bubanza. (COURTOISIE)

Le 28 décembre 2020, neuf experts de la cinquième mission agricole chinoise ont bravé les risques liés à la COVID-19 pour rejoindre M. Yang au Burundi.

L’expert agricole est très optimiste en ce qui concerne la prochaine étape de la mission. « Nous allons continuer à transmettre nos techniques rizicoles afin que davantage de personnes puissent bénéficier de la coopération agricole entre la Chine et le Burundi », affirme M. Yang. Ils prévoient de construire 12 villages pilotes de riz hybride et d’y planter plus de 2 000 hectares, avant d’atteindre l’objectif ultime de 15 000 hectares répartis dans tout le pays. En même temps, un village pilote au niveau national et 11 villages au niveau provincial seront mis en chantier pour lutter contre la pauvreté grâce la production du riz hybride.

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