Wu Guiyun dispense une formation pratique au sujet de la pureté variétale du riz hybride à la station de recherche Umbeluzi de l’IIAM, le 13 février 2020. (COURTOISIE)

Rivières entrecroisées, paysages côtiers, noix de cajou et sens de l’hospitalité – oui, il s’agit bien du Mozambique.

En juin 1975, la Chine a établi des relations diplomatiques avec ce pays, qui se sont développées de manière globale au cours des dernières décennies. Le pont de Maputo, surnommé la nouvelle carte postale de la capitale, est le plus long pont suspendu à deux tours d’Afrique, construit par une entreprise chinoise. Des équipes médicales chinoises ont soigné plus d’un million de patients dans le pays et des experts agricoles ont contribué à améliorer le développement agricole local.

Wu Guiyun, 51 ans, est l’un des membres des équipes d’experts agricoles chinoises. Il est agronome senior à Deyang, dans la province du Sichuan (sud-ouest). Il travaille depuis 26 ans dans la production et le contrôle qualité des semences, ainsi que dans le contrôle qualité des produits agricoles. Sa mission de trois ans au Mozambique a débuté en décembre 2018.

Démonstration de test d’aflatoxine guidée par Wu Guiyun (à droite), dans un laboratoire de la station de recherche Umbeluzi de l’Institut de recherche agricole du Mozambique, le 9 décembre 2020. (COURTOISIE)

Montrer l’exemple

C’est à la station de recherche Umbeluzi de l’Institut de recherche agricole du Mozambique (IIAM) que M. Wu mène ses travaux. « La priorité de notre mission est de réaliser des expériences, des formations et des recherches sur les tests qualité des produits agricoles et des semences dans les zones locales », explique-t-il. Selon lui, le Mozambique a des lacunes dans les domaines de l’analyse de la composition chimique et des tests qualité des produits agricoles. Seule l’Autorité nationale des semences est en mesure d’effectuer des tests qualité des semences, mais malheureusement avec des capacités limitées. « Lors de notre première visite du laboratoire au Mozambique, la pièce était presque vide. Il n’y avait qu’un four à fruits et légumes, une scelleuse sous vide en fin de vie, une cuisinière à gaz et un réfrigérateur », se souvient-il. Après s’être entretenus avec Atumane Nuro, responsable de cette unité expérimentale, et Isabel Monjane, directrice du laboratoire, M. Wu et les autres experts chinois ont décidé de s’adresser au Centre de services pour la coopération internationale relevant du ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales. Des appareils et des instruments de test ont alors été envoyés à l’unité. En parallèle, ils ont pu réparer certains équipements du laboratoire afin de commencer les tests de base.

Au fil des ans, la détection de l’aflatoxine et des résidus de pesticides a toujours été la priorité absolue des tests agricoles. « Les procédures opérationnelles de ces deux projets sont assez complexes, nécessitant la configuration des réactifs, le prétraitement des échantillons et des tests », mentionne M. Wu à CHINAFRIQUE. Utilisant des équipements provenant de Chine, il a successivement effectué des tests expérimentaux sur l’aflatoxine présente dans les aliments et les résidus de pesticides contenus dans les légumes et les fruits. « Auparavant, le Mozambique n’avait jamais réalisé de tels tests du fait du manque de financement et de l’absence des conditions nécessaires au transport et à la conservation des réactifs », confie-t-il.

Pour répondre aux besoins des différentes cultures commerciales, l’équipe d’experts a également réalisé un certain nombre d’expériences sur la mesure des nutriments du sol, la détermination de la teneur en cyanure d’hydrogène dans les racines et les tiges de manioc, la déshydratation et le séchage des légumes, ainsi que la fabrication de confitures de fruits. Toutes ces expériences ont donné des résultats remarquables.

Wu Guiyun montre comment utiliser un appareil de détection de résidus de pesticides dans un laboratoire de la station de recherche Umbeluzi de l’IIAM, le 2 novembre 2020. (COURTOISIE)

Faire preuve de pédagogie

Selon M. Wu, la production de semences est cruciale. « Les semences sont les “puces” de la production alimentaire. L’IIAM est responsable de la majeure partie de la production de semences du pays. Toutefois, les technologies doivent encore être normalisées et l’institut ne dispose pas de salles d’essai appropriées ni d’équipements de soutien », indique-t-il. « C’est pourquoi le test qualité des semences est l’une des priorités de notre travail. »

Il a ensuite dispensé une formation sur les tests qualité des semences tels que le bouturage, l’analyse de la pureté, la mesure du taux d’humidité et la détection du taux de germination au personnel technique des unités relevant de l’IIAM et de l’Institut international de recherche sur le riz. « Les tests qualité des semences réalisés en laboratoire et les tests de pureté variétale sur le terrain représentent un nouveau départ pour l’IIAM », indique M. Wu.

Depuis lors, à la demande de la partie mozambicaine, il a effectué des formations techniques régulières. Dans les rizières de la station de recherche d’Umbeluzi, il a donné des conseils aux techniciens sur la production de semences de riz. « Toutes ces formations ont été menées conformément aux exigences du Mozambique. La plupart de mes étudiants sont des employés de la station de recherche et des stagiaires des écoles d’agriculture. La prochaine étape consistera à établir un système de production de semences standard et un champ de démonstration. »

M. Wu a pu également se rendre compte que le Mozambique est un pays où la consommation de haricots est élevée. Mais la population locale a l’habitude de les faire cuire, donc on trouve peu de germes de haricots dans les supermarchés locaux. Il a su déceler un grand potentiel pour la culture locale de germes de haricots, très nutritifs. Il a ainsi commencé à cultiver des germes de soja et des haricots mungo locaux. Il a décrit cette expérience agricole dans un manuel pour la culture domestique des germes de soja. Ce manuel a été traduit en portugais et s’avère être une aide précieuse pour les populations locales. Grâce au live-streaming, il a également dispensé des formations en ligne aux étudiants des écoles d’agriculture locales. « Après les expériences pratiques, de nombreux étudiants ont réussi à cultiver des germes de soja et les partagent avec leurs familles », se réjouit-il.

Wu Guiyun explique comment tester la qualité des semences dans un laboratoire, le 24 octobre 2019. (COURTOISIE)

Endosser plusieurs casquettes

En plus d’accomplir son propre travail, M. Wu s’est également porté volontaire pour assumer davantage de responsabilités et a servi de trésorier à l’équipe d’experts. He Changyong, chef de l’équipe, a déclaré que M. Wu avait contribué à améliorer les capacités locales sur le terrain et qu’il avait fait l’objet d’éloges de la part de la partie mozambicaine. Il a entièrement sa place dans cette équipe d’experts du fait de son attitude prévenante auprès de ses collègues. « En tant que promoteur des échanges entre les peuples de Chine et d’Afrique, il s’implique à 100 % dans son travail et s’efforce de résoudre les problèmes pratiques », confirme-t-il.

M. Wu a une grande passion pour les voyages. Il s’est rendu dans de nombreux pays, tels que le Laos, la Thaïlande et la Malaisie. Il a également effectué plusieurs voyages au Vietnam pour apporter son soutien à la riziculture locale. C’est également un passionné de photographie. Né dans les années 1970, il a connu la pauvreté puis la croissance économique rapide de la Chine. « Le Mozambique me rappelle ma jeunesse. Et j’espère que mes amis africains pourront bientôt avoir une vie meilleure », conclut-il avec optimisme.

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