La 8e Conférence ministérielle du FCSA est très attendue pour les Africains et les Chinois.

Le Sénégal a pris en charge la coprésidence du FCSA cette année. À cette occasion, Mamadou Ndiaye, ambassadeur du Sénégal en Chine, a accordé une entrevue à La Revue de Dakar dans laquelle il s’exprime sur la tenue du FCSA à Dakar et les relations sino-africaines.

Note de la rédaction : L’entretien a été réalisé avant la tenue de la conférence du FCSA.

La Revue de Dakar : Le Sénégal se prépare à accueillir le prochain FCSA. Quel sens accordez-vous à cette rencontre ?

Mamadou Ndiaye : Cette rencontre, qui se tient tous les trois ans, réunit les ministres africains et chinois en charge des Affaires étrangères et de la Coopération économique ainsi que la Commission de l’UA, afin de passer en revue la coopération sino-africaine et de prendre de nouvelles décisions en vue de son renforcement. Depuis la création du FCSA en 2000, c’est la quatrième fois que le forum a lieu en Afrique après les éditions de 2003 à Addis Abeba, 2009 à Charm el Cheikh et 2015 à Johannesburg.

Étant donné que c’est une rencontre organisée alternativement en Afrique et en Chine, on peut dire qu’à chaque fois que le FCSA se tient dans un pays africain, c’est tout le continent qui reçoit la Chine. À ce titre, c’est un honneur pour le Sénégal d’organiser, au nom de toute l’Afrique, un rendez-vous de cette envergure qui sera placé sous le signe de l’approfondissement du partenariat sino-africain et de la promotion du développement durable. Comme celles qui l’ont précédée, cette conférence sera l’occasion de poser de nouveaux jalons pour le renforcement de l’amitié et de la coopération exemplaires qui unissent l’Afrique à la Chine.

Le Président Macky Sall et son homologue chinois, Xi Jinping, assurent la coprésidence du FCSA depuis le dernier sommet de Beijing. Peut-on avoir un aperçu de l’impact global des décisions prises après ce sommet ?

En tant que coprésidents du FCSA, les Présidents Macky Sall et Xi Jinping maintiennent, depuis le Sommet de Beijing de 2018, un contact étroit et suivent, par l’intermédiaire de leurs deux gouvernements, la mise en œuvre des conclusions de ce sommet.

Selon les statistiques fournies par les autorités chinoises au mois de décembre 2020, plus de 70 % des 60 milliards de dollars affectés par la Chine à la mise en œuvre du plan d’action 2019-2021 ont été affectés à des projets aboutis ou prévus, ce qui témoigne d’un taux d’exécution très satisfaisant.

Parmi les décisions du Sommet de Beijing qui ont été mises en œuvre figure le lancement de l’Exposition économique et commerciale sino-africaine (EECSA). Cette exposition a été organisée à deux reprises, en 2019 et cette année à Changsha, au Hunan. Le Sénégal faisait partie des pays invités d’honneur. C’est une initiative importante qui a un impact considérable sur les relations économiques et commerciales. Lors de la première édition en juin 2019, 84 contrats commerciaux avaient été signés pour une valeur totale de plus de 20,8 milliards de dollars. Cette année, l’exposition a enregistré la participation de plus de 900 entreprises chinoises et africaines et donné lieu à la signature de 135 projets de partenariat d’une valeur de 22,9 milliards de dollars.

Au début de la pandémie de COVID-19, le Président Macky Sall s’est adressé à son homologue chinois pour solliciter son plaidoyer en faveur de l’Afrique dans le cadre des initiatives engagées par la communauté internationale pour atténuer l’impact de la crise sanitaire. C’est dans cet esprit que, le 17 juin 2020, les chefs d’État sénégalais et chinois et leur homologue sud-africain, alors Président en exercice de l’UA, ont organisé un Sommet extraordinaire sino-africain consacré à la solidarité contre la COVID-19.

Peut-on s’attendre à des décisions majeures pour l’Afrique et pour la Chine ?

Stand du Sénégal lors de la 2e EECSA au Hunan, le 27 septembre. (PHOTO : GE LIJUN)

Les rencontres du FCSA donnent toujours lieu à des décisions importantes et très attendues parce qu’elles concernent le plus grand pays au développement et le continent qui compte le plus grand nombre de pays en développement.

Du reste, le contexte international dans lequel nous nous trouvons en ce moment justifie amplement l’attente de ces décisions. En effet, comme toutes les autres régions du monde, l’Afrique et la Chine sont touchées par l’impact de la pandémie. Ne serait-ce que pour cette raison, elles doivent profiter de l’occasion pour prendre des mesures très fortes aux fins de relancer leur économie et consolider davantage leur partenariat.

Ensuite, elles doivent poursuivre leur lutte commune contre la pandémie de COVID-19 qui, non seulement n’est pas terminée, mais appelle de nouvelles initiatives pour améliorer les systèmes de santé des pays africains et renforcer les capacités africaines en matière de production de médicaments et d’équipements médicaux.

Plus concrètement, la rencontre du FCSA est traditionnellement sanctionnée par l’annonce de nouvelles initiatives de coopération par la Chine et tout porte à croire que cette tradition sera respectée.

En dehors de la Conférence ministérielle, est-il prévu des rencontres entre acteurs du secteur privé ?

Oui, comme il est de tradition, en marge de la rencontre ministérielle, il y aura une conférence des entrepreneurs africains et chinois qui regroupe les responsables d’entreprises des deux parties ainsi que des représentants gouvernementaux pour discuter plus spécifiquement des questions relatives aux relations d’affaires, au commerce et à l’investissement.

Cette conférence des entrepreneurs est une plateforme très utile qui permet aux acteurs du monde des affaires de donner leur avis sur la coopération sino-africaine et de formuler des recommandations à l’attention des décideurs politiques qui, pour leur part, saisissent l’occasion pour faire des annonces, prendre de nouveaux engagements et avoir un dialogue fécond avec les chefs d’entreprises.

Peut-on dire que la coprésidence du FCSA a eu un impact sur la coopération entre la Chine et le Sénégal ?

Les relations entre les deux pays se sont renforcées parce que le pays africain qui assure la coprésidence du FCSA occupe habituellement une position d’interlocuteur privilégié de la Chine sur les questions africaines et internationales.

Par conséquent, sur le plan politique, les relations sino-sénégalaises sont restées excellentes et se sont même consolidées grâce aux consultations fréquentes qui ont lieu entre les autorités des deux pays.

S’agissant de la coopération économique et financière bilatérale, il n’a pas été relevé de problème particulier dans ce domaine. Bien au contraire, les deux pays ont maintenu le calendrier d’exécution de leurs projets de coopération même si la pandémie a occasionné quelques perturbations sans impact majeur sur le cadrage d’ensemble du partenariat sino-sénégalais.

Il faut cependant souhaiter que, très bientôt, les restrictions de voyages soient levées ou allégées partout dans le monde afin que les entreprises sénégalaises et chinoises puissent reprendre leurs activités de prospection et de recherche d’opportunités de part et d’autre des deux pays.

Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn

* L’interview a été publiée pour la première fois dans La Revue de Dakar.