Comment un groupe d’adolescents chinois peut-il s’engager pour l’Afrique ? Douze équipes de jeunes d’une quinzaine d’années sont montés sur scène pour présenter leurs projets caritatifs lors de la quatrième édition du concours Public Benefit International Challenge for Youth 2020 (PBIC) qui a eu lieu à Beijing le 15 août.

Ces jeunes se démarquent par leur ambition. Leurs programmes se concentrent sur les objectifs de développement durable de l’ONU, couvrant quatre thèmes : « Éliminer la faim », « Bonne santé et bien-être », « Éducation de qualité » et « Égalité des sexes ». Ils proposent des solutions durables et exécutables pour améliorer les conditions médicales, sanitaires et éducatives des femmes et des enfants touchés par la maladie et la pauvreté en Afrique. Les gagnants obtiendront plus de soutien pour mettre en œuvre leur projet sur le continent africain.

Par le passé, beaucoup de Chinois se sont déjà rendus sur le continent africain dans le cadre de projets d’intérêt public. La jeunesse chinoise n’est désormais plus en marge.

L’équipe Green Leaves Volunteers sur la scène du concours. (PBIC)

Quand on veut, on peut

Face à une concurrence redoutable, l’équipe Green Leaves Volunteers a remporté le premier prix.

« Nous souhaitons nous investir dans des projets en rapport avec l’éducation et l’égalité des sexes. La formation technique professionnelle permet d’offrir aux jeunes Africaines une bonne occasion de combiner éducation et égalité », explique à CHINAFRIQUE Li Yuling, membre de l’équipe et élève de l’école The Houde Academy à Shenzhen, dans la province du Guangdong (sud).

Actuellement, les trois membres ont réussi à collecter 81 000 yuans (11 705 dollars) et ont pris contact avec un orphelinat à Nairobi, au Kenya, pour concrétiser leur projet. « Le responsable de l’orphelinat soutient fortement notre projet. Il nous a aidés à trouver des enseignants locaux pour y dispenser des cours de cuisine et de couture », précise Hu Jiaxin, autre membre de l’équipe et élève de l’école Guangdong Country Garden School.

Huang Wanying, fondatrice de ZebraMap, organisation de volontaires internationaux basée au Kenya, a joué le rôle de coordinatrice chinoise de l’équipe. Selon elle, une deuxième étape du projet permettra aussi aux jeunes Africaines de s’inscrire dans des centres de formation à l’utilisation d’engins d’excavation et aux métiers de la police. Le projet a également coopéré avec certaines entreprises chinoises en Afrique pour offrir des opportunités d’emploi. « Les filles ont la possibilité d’exercer un métier typiquement féminin, mais elles auront désormais plus de débouchés. Elles préparent activement leur avenir professionnel », fait-elle savoir.

Mme Huang vit au Kenya depuis de nombreuses années et a commencé à former des bénévoles internationaux en 2016. « Nous avons collaboré avec de nombreuses entreprises chinoises pour proposer des perspectives d’emploi aux jeunes en Ouganda, au Kenya, au Rwanda et en Éthiopie. À la fin de leur apprentissage, ils peuvent trouver un travail décent leur permettant de subvenir à leurs besoins et d’avoir une vie meilleure », poursuit-elle.

« C’est tellement impressionnant de voir des jeunes de cet âge [seize ans], animés par l’envie de changer le monde, et faisant preuve d’altruisme face aux enfants issus d’autres pays », confie à CHINAFRIQUE Kaela Sarai Mwango, instructrice africaine de l’équipe, étudiante zambienne à l’Université d’Énergie électrique du Nord de la Chine.

La salle de musique du projet Music Run au Malawi. (PBIC)

La musique : le rêve devient réalité

Selon l’organisateur, China-Africa Business Council (CABC), les trois dernières éditions du concours ont permis de collecter au total plus de 155 000 dollars. Les participants ont conçu des projets en rapport avec la musique, les vaccins, le sport, la protection de la faune sauvage, les bibliothèques numériques et les produits d’hygiène féminine, etc. Music Run est l’un des trois projets qui ont été mis en œuvre sur le continent africain.

Le 6 août 2017, lors de la première édition du PBIC à Beijing, celui-ci a remporté le deuxième prix. Cinq jeunes Chinoises ont lancé une initiative de don d’instruments de musique à des écoles du Malawi. Elles ont collecté plus de 10 000 dollars et ont acheté 414 instruments de musique.

En 2018, trois membres de l’équipe sont arrivés au Malawi. Sous la coordination de l’ambassade de Chine au Malawi, du CABC et du Bureau de la Première dame du Malawi, six écoles ont été sélectionnées à travers le pays. Elles ont ensuite équipé chaque école d’une salle de musique contenant 69 instruments.

Qu’est-ce qui est à l’origine de cette idée ? Le 31 octobre 2016, la Première dame du Malawi, Gertrude Mutharika, en visite en Chine, s’est rendue dans un lycée à Beijing pour communiquer avec les enseignants et les élèves, appelant ces derniers à s’engager dans l’amitié sino-africaine.

Wang Ruoqing, capitaine de l’équipe Music Run, s’est vraiment rendu compte de la situation du Malawi à la suite de cette visite. Le Malawi est l’un des pays les moins développés du monde et l’un des pays africains où le sida sévit le plus. La pauvreté et la maladie empêchent les enfants de recevoir une éducation de qualité. L’idée lui est donc venue de mettre des salles de musique à la disposition des enfants locaux, de sorte qu’ils puissent profiter du plaisir que procure la musique et être exposés au multiculturalisme. « Nous souhaitons que la musique apporte bonheur, force et rêves aux jeunes du Malawi », indique-t-elle.

Avec quatre autres camarades, elle n’a pas tardé à passer à l’action. Elles ont utilisé leur argent de poche, sollicité activement des dons de la part de leurs amis, enseignants et parents et collecté des fonds par le biais d’actions diverses comme des ventes caritatives. Tous ces préparatifs ont abouti sur leur départ au Malawi où elles ont pu mettre au point leur projet.

Au fil de la mise en œuvre du projet, elles ont eu plusieurs occasions d’aller en Afrique et de participer à différents événements pour mieux comprendre la situation locale. « Il s’agit d’une démarche diplomatique initiée par un groupe de jeunes Chinoises », résume Wang Shiting, ancien ambassadeur de Chine au Malawi.

Pour envisager leur projet sur le long terme, Wang Ruoqing souhaite solliciter le soutien d’entreprises chinoises en Afrique et procéder au recrutement de volontaires supplémentaires afin d’élargir son influence.

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