L'Institut français de Beijing a accueilli le 13 octobre la psychiatre et psychanalyste française Monique Lauret pour une conférence organisée par l'ambassade de France intitulée « La psychanalyse, le rêve et la Chine ».   

Monique Lauret rayonne d'une joie communicative et ne se défait jamais de son sourire, surtout quand elle répond aux questions d'une audience majoritairement chinoise. Après la présentation, la curiosité est à son comble. Certains tentent d'obtenir des réponses en décrivant un rêve, d'autres abordent des sujets allant de la prémonition à l'inconscient. Monique Lauret répond par des paroles sibyllines en relation avec le sexuel, l'infantile et le refoulé. L'auditorium de l'Institut français s'est transformé pour une soirée en sanctuaire oraculaire où le freudien se serait substitué à l'apollonien.  

Monique Lauret, un retour sur la Chine 

Monique Lauret est venue à la psychanalyse au cours de ses études en médecine. Elle a suivi un parcours traditionnel basé sur ce qu'elle appelle « une transmission des aînés aux plus jeunes, qui est surtout une transmission orale du métier ». Sa progression s'est effectuée pendant 10 ans sous la supervision du Dr. Gisèle Chaboudez, de l'Espace psychanalytique, un centre de formation psychanalytique et de recherches freudiennes basé à Paris.  

Cette Toulousaine d'adoption travaille principalement avec les enfants. Pendant 10 ans, elle a supervisé des internes en pédopsychiatrie en milieu hospitalier et vulgarisé la pensée de la psychanalyste britannique Melanie Klein. Elle lui a d'ailleurs consacré un ouvrage en 2008 coécrit avec Jean-Philippe Raynaud « Mélanie Klein, une pensée vivante ».    

Sa rencontre avec la Chine a été purement fortuite, mais Monique Lauret, originaire de la Réunion, y voit une prédestination. « Mon intérêt pour la Chine a sans doute à voir avec mes ancêtres. Je sais qu'il y a beaucoup de Chinois à la Réunion ». La Chine, c'est d'abord une affaire de famille, puisque sa fille part étudier dans le pays en 2005, avant de devenir une aventure professionnelle. Depuis cette date, elle effectue au moins une visite par an en Chine. En 2011, elle coordonne le symposium franco-chinois de psychanalyse à l'Hôpital numéro 6 de Beijing sous l'impulsion du psychanalyste français Gérard Pommier. Ils collaborent maintenant pour l'élaboration d'un ouvrage collectif à l'usage des futurs psychologues en Chine. 

Dans son ouvrage « Lectures du rêve », paru en France en 2011, et qui vient d'être publié en chinois aux éditions Commercial Press, Monique Lauret explique que « la finalité du rêve est pour Freud l'accomplissement d'un désir, dans un langage primitif et universel ». Si le rêve a un sens, dit Freud dans « L'interprétation des rêves », il est la réalisation d'un désir refoulé. C'est la « voie royale » qui mène à la connaissance de l'inconscient dans la vie psychique. C'est cet inconscient que Monique Lauret veut sonder en Chine, où la psychanalyse en gésine reste un terrain fertile en connaissances empiriques.