Au Burundi, la filière riz bénéficie de l’expertise chinoise et voit sa rentabilité augmenter considérablement.

Hu Shuangquan et le directeur de la rizerie de la SOCOPA discutent des améliorations à mettre en œuvre. (COURTOISIE)

Le 2 novembre, le riz hybride de troisième génération développé par Yuan Longping, « pionnier du riz hybride », et son équipe s’est démarqué par un rendement de 911,7 kg par mu (0,067 hectare) sur une parcelle expérimentale au Hunan (centre). Avec le rendement de 619,06 kg de riz en début de saison, le rendement annuel total de la parcelle du village de Qingzhu, dans le district de Hengnan, a atteint 1 530,76 kg par mu.

De nombreux experts agricoles quittent leur Chine natale pour partir travailler sur le continent africain afin d’y augmenter le rendement des cultures, développer le secteur agricole et contribuer à la construction d’une communauté sino-africaine avec un avenir commun. Tel est l’engagement de Hu Shuangquan, 49 ans.

Il y a deux ans, celui-ci travaillait au Centre de services de technologie agricole de l’agglomération de Xiaoling, dans le district de Chongyang, au Hubei (centre). Actuellement, il fait partie du groupe d’experts agricoles chinois affecté au Burundi.

Dans le cadre de cette mission d’assistance technique, son travail comporte des tâches de recherche et des démonstrations techniques en production, transformation et stockage des produits agricoles. Il est également chargé de la formation technique du personnel local.

« De 2003 à 2014, j’ai travaillé dans trois pays africains. J’avais alors constaté que des améliorations en termes de technologies de production, de transformation et de stockage des produits agricoles pouvaient être apportées. Je me suis immédiatement inscrit à ce programme dès que j’en ai eu connaissance et je suis honoré d’avoir été sélectionné », raconte-t-il à CHINAFRIQUE.

En mars 2018, il a fait son retour sur le continent africain, avec une pensée émue pour ses amis rencontrés lors des missions précédentes parmi les autochtones.

Optimisation des rendements en riz

Hu Shuangquan prodigue des conseils pour optimiser la production dans une maniocrie. (COURTOISIE)

Le 15 janvier, le directeur technique de la rizerie de la SOCOPA, située à Gihanga, dans la province de Bubanza, a informé avec inquiétude M. Hu que leur polisseuse de riz était en panne et lui a demandé de venir en urgence.

Ce dernier a immédiatement sauté dans sa voiture et a parcouru la trentaine de kilomètres pour arriver au plus vite. Après inspection minutieuse et dépannage, tout est revenu à la normale et le travail de traitement a pu être effectué dans les temps.

Ce n’était pas la première fois que M. Hu était confronté à ce genre de problème impromptu.

Le Burundi est un pays agricole où plus de 90 % de la population est engagée dans la production agricole. Mais son mode de production est relativement sous-développé. « La situation est similaire à celle de la Chine dans les années 70 et 80. Je peux donc mettre mon expérience acquise en Chine au service de l’agriculture locale. »

En juin 2018, le groupe d’experts, dont il fait partie, a utilisé la rizerie de la SOCOPA pour une démonstration expérimentale. L’objectif était de créer une marque de riz de haute qualité et de favoriser le développement de la filière riz du Burundi.

M. Hu a d’abord fait don à la rizerie de la polisseuse de riz utilisée par le groupe d’experts. Il a également rédigé un manuel de contrôle qualité, permettant d’assurer une qualité homogène du riz transformé.

Actuellement, les rendements et les bénéfices de la rizerie sont satisfaisants. Sa capacité de production est passée de 0,3 tonne par heure à 1 tonne par heure et la qualité du riz a bien évolué, passant du riz de 3e catégorie (prix le plus bas du marché) au riz de 1er catégorie (prix le plus élevé). La consommation d’énergie et les coûts de main-d’œuvre ont été réduits de 6 dollars par tonne. La production et les ventes totales de riz sont passées de moins de 10 tonnes par mois à plus de 36 tonnes par mois.

Étape suivante : la création d’une marque pour la commercialisation du riz. M. Hu a conçu des emballages colorés et des images publicitaires, distribués dans les zones résidentielles et les magasins. La chaîne industrielle de production a également été revue en détail.

Grâce au soutien du Centre national de technologie alimentaire du Burundi, M. Hu a pu optimiser la formule d’une spécialité traditionnelle populaire. Utilisant du riz moulu mélangé à la farine conventionnelle, la nouvelle recette répond en tout point aux attentes gustatives de la population locale. Il a opté pour une petite usine agroalimentaire comme site de démonstration pour effectuer la formation technique et la démonstration sur le terrain.

« Nous utilisons 140 kg de farine et 60 kg de farine de riz pour préparer un snack frit de même valeur, ce qui réduit le coût des matériaux de plusieurs milliers de dollars par an », dévoile-t-il. « Cette recette est encore meilleure et réduit les coûts de production. »

Des solutions pérennes

Au Burundi, les machines de transformation agricole sont importées et il est parfois difficile de réparer ou de remplacer les pièces endommagées en cas de panne. Cela ne facilite pas le développement agricole local.

« J’assiste les producteurs pour obtenir les pièces dont ils ont besoin. En parallèle, je forme les techniciens pour les sensibiliser à la maintenance des équipements et aux procédures opérationnelles », évoque-t-il.

Pour mieux comprendre la situation actuelle du secteur de la transformation agricole au Burundi, il a effectué une enquête approfondie sur le terrain dans toutes les provinces sans exception.

Il a rédigé sept rapports spécialisés basés sur son expérience professionnelle et sur ses recherches, créant ainsi des matériaux de référence mis à la disposition des professionnels du secteur.

Évariste Ndayishimiye, Président burundais, a fait l’éloge des résultats de la coopération agricole entre la Chine et le Burundi dans un discours prononcé lors de la Journée mondiale de l’alimentation Burundi 2020, organisée le 23 octobre.

M. Ndayishimiye a déclaré qu’au fil des ans, des pays amis et des organisations internationales ont soutenu la revitalisation de l’agriculture de son pays. Le Burundi est particulièrement reconnaissant à la Chine d’avoir activement soutenu son développement économique et social. Les experts agricoles chinois ont formé de nombreux techniciens agricoles et ont fait de précieuses suggestions techniques au ministère de l’Agriculture du Burundi.

Une présence plus utile que jamais

Pandémie de COVID-19 oblige, M. Hu, dont la mission devait se terminer mi-mars, est toujours au Burundi. « De fin mars à début novembre, les frontières internationales du Burundi ont été fermées, empêchant les nouveaux experts agricoles chinois de venir en Afrique comme prévu », mentionne-t-il.

Néanmoins, ils sont deux experts à être restés sur place afin d’assurer la continuité du projet. Ils poursuivent les démonstrations expérimentales, la vulgarisation de la culture du riz hybride et la formation technique. Ils sont également en charge du transfert des connaissances et du bon fonctionnement du Centre de démonstration des technologies agricoles du Burundi, nouvellement créé.

« Nous sommes restés pour continuer le projet de développement de la filière riz, accélérer le processus de localisation des semences et mettre notre expérience à profit pour le développement de l’agriculture et de la sécurité alimentaire au Burundi », conclut-il.

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