« Il n’y a pas de développement sans paix. C’est pour cette raison que nous défendons un monde multipolaire et le multilatéralisme. La France, l’Europe et la Chine ont la même vision de l’avenir – un monde multilatéral », a scandé Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre français, lors de la cérémonie d’ouverture de la 9ème édition de la Conférence internationale des capitaux (ICC, International Capital Conference), qui a eu lieu les 28 et 29 novembre à Beijing.
Jean-Pierre Raffarin prononce un discours lors de la cérémonie d’ouverture de la 9ème édition de l’ICC.
Le multilatéralisme se place aujourd’hui au cœur du développement mondial. En tant que plateforme multilatérale très importante, le G20 va tenir son 13ème sommet les 30 novembre et 1er décembre à Buenos Aires en Argentine. Celui-ci marque le 10ème anniversaire du premier sommet qui a rassemblé des chefs d’Etats, en pleine tempête financière.
Dans un contexte de crise du multilatéralisme, la présidence argentine du G20 espère pouvoir trouver des points de consensus pour la déclaration finale. Et l’Europe, malgré le Brexit et la montée du populisme, tâchera de défendre le credo du multilatéralisme au Sommet du G20 et notamment la France, dont la première priorité sera de poursuivre la dynamique de l’Accord de Paris sur le climat et de renforcer la mobilisation en faveur de la biodiversité. M. Raffarin a réaffirmé à cette occasion que la seule réponse au risque majeur pour l’équilibre du monde, c’était de coopérer, de se respecter et de travailler ensemble.
Pourtant, il semble que les Etats-Unis ne vont pas dans ce sens. En prônant « America first » (l’Amérique d’abord), ils ont fait des choix au détriment du multilatéralisme. La première puissance mondiale s’est retirée de plusieurs organisations et accords internationaux et a pris des mesures protectionnistes. M. Raffarin a réfuté lors de son discours ce concept qui n’est pas très clairvoyant : « Nous sommes assez inquiets de cette vision du commerce international proposé par les États-Unis. Si c’est America First, China First, Europe First, il n’y aura plus de coopération internationale. C’est pour cela que nous pensons vraiment que la logique du protectionnisme est une logique qui ne donne aucun vainqueur et que nous serons tous perdants à la baisse d’une croissance mondiale. » Selon lui, l’histoire a fait de l’Europe un allié proche des Etats-Unis mais aujourd’hui, il y a une forte déception en Europe à propos des Etats-Unis.
La Chine s’en tient toujours au multilatéralisme et au libre-échange. M. Raffarin a salué les efforts de la Chine pour s’ouvrir au monde, maintenir la stabilité mondiale et rendre possible la prospérité commune. Il a rappelé les initiatives de coopération de la Chine, notamment celle de « la Ceinture et la Route ». Le président chinois Xi Jinping avait d’ailleurs prononcé un discours le 5 novembre lors de la cérémonie d’ouverture de la première Foire internationales des importations de Chine (CIIE) à Shanghai. « L’économie chinoise est un océan, pas un étang », des propos qui ont marqué M. Raffarin. Il estime que cette vision de l’océan est très importante pour rassurer les investisseurs mondiaux. « A long terme, la coopération est le bon chemin et la Chine le bon partenaire prévisible », a-t-il reconnu.
