Divergences et différends 

Même si les intérêts communs sont nombreux, il subsiste des différends et des contradictions.

Premièrement, il existe d’importantes différences idéologiques, de valeurs et de système politique. Cela entraîne des vues divergentes dans les questions internationales et la façon de les régler. Le candidat Macron d’abord, puis le président Macron, n’a pas trop évoqué les questions des droits de l’homme et du Tibet, et sans doute aura-t-il un profil plus bas par rapport à ses prédécesseurs. Quant à la mer de Chine méridionale, les vues de la Chine et de la France sont différentes : l’Hexagone est sur la même longueur d’onde que les Etats-Unis et les autres grands pays occidentaux. Eprouvant une inquiétude sur la construction d’îles artificielles par la Chine, M. Macron a proposé de formuler des politiques au nom de l’UE afin de garantir le sentiment de présence de la France et de l’UE dans cette zone.

Pour autant, durant le mandat de M. Macron, quelques petites frictions vont inévitablement surgir de temps à autre pour des questions idéologiques et politiques.

Deuxièmement, des obstacles commerciaux. La Chine affiche depuis de nombreuses un excédent commercial avec la France. M. Macron accorde une grande attention à la question du déficit commercial, qui est actuellement de 30 milliards de dollars et s’efforce de le réduire dans le cadre des relations commerciales sino-française.

La question des mesures antidumping est un obstacle qui affecte les relations commerciales entre les deux pays. Début 2016, M. Macron qui était alors ministre de l’Economie, avait pris des mesures antidumping à l’encontre de l’acier chinois. Lors de la campagne électorale, Le candidat Macron a déclaré son soutien à l’achat de produits européen et au renforcement des mesures antidumping de l’UE, surtout à égard de l’acier chinois. Il est fort possible que la France prenne encore des mesures antidumping à l’égard des produits chinois. Ce type de frictions commerciales est difficilement évitable.

La France conserve une attitude prudente à l’égard de l’entrée des capitaux étrangers dans le pays, et la Chine ne fait pas exception. Dans le commerce bilatéral, dès que l’on touche à des domaines sensibles comme la défense nationale, la sécurité, les secteurs stratégiques, la France entreprend immédiatement des contrôles stricts. Cela empêche ses produits de haute technologie et à forte valeur ajoutée d’entrer sur le marché chinois.

En résumé, les perspectives des relations sino-françaises sont au beau fixe depuis l’arrivée de M. Macron au pouvoir, en dépit de quelques écueils inévitables. Si les dirigeants des deux pays se livrent activement au dialogue, aux échanges et à la communication selon le principe dit « rechercher un terrain d’entente tout en laissant de côté les divergences », accroissant sans cesse la compréhension mutuelle et renforçant la coopération bilatérale, les relations sino-française seront porté à un nouveau niveau en cette nouvelle année.

(L’auteur est professeur à l’Institut des relations internationales de l’Université Qinghua, directeur du Centre de recherche sur les relations Chine-Europe et chercheur résident au Centre de politique mondiale Qinghua-Carnegie).