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Rétrospective des relations sino-françaises en 2015 |
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Zhou Tanhao · 2016-01-15 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: rétrospective; relations sino-françaises; 2015; Chine |
Depuis l'année 1964, quand le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine a fait l'effet d'une « bombe atomique diplomatique », les relations entre les deux pays ont connu de nombreuses vicissitudes et traversé des hauts et des bas pour devenir « une amitié spéciale, un partenariat gagnant–gagnant ». L'année 2015 a été non seulement marquée par une série de faits qui ont fait date, mais surtout par un nouveau parcours historique dans la réalisation en commun du « rêve sino-français ».
On peut en effet sans exagérer parler d'un « nouveau parcours ». L'année 2014 a marqué le 50ème anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France et en cette occasion, les dirigeants des deux pays ont décidé ensemble à Paris d'ouvrir une nouvelle ère de relations de partenariat stratégique d'ensemble sino-français rapproché et durable, et de « combiner le rêve chinois et le rêve français pour construire main dans la main le rêve sino-français ». C'est le signe d'un nouveau départ historique dans les relations entre les deux pays.
Début 2015, après l'attaque terroriste de Paris, le premier ministre français Manuel Valls a maintenu sa visite en Chine et fait le premier pas pour ce nouveau départ et écrire les premières lignes du « rêve sino-français ». Les deux parties ont battu le fer pendant qu'il était encore chaud et sont allées de l'avant pour faire de 2015 une année exceptionnelle et ouvrir la « la meilleure période de l'histoire ». Manuel Valls a même en privé fait de la Chine un « allié ». On peut dire que même si l' « âge d'or » des relations sino-britanniques leur ont volé la vedette et que les relations commerciales sino-allemandes ont des bases solides, les relations sino-françaises ont dans l'ensemble un niveau d'ancienneté plus avancée, sont plus globales, plus harmonieuses et présentent quatre grandes caractéristiques.
Tout d'abord, une avancée stratégique. A la différence des relations contemporaines entre pays qui reposaient sur les échanges commerciaux, les relations sino-françaises ont été principalement des « relations politiques spéciales », le dialogue stratégique étant devenu le seul axe des cinquante dernières années. Les relations sino-françaises vont continuer à saisir les opportunités et à combiner connaissance et action, à faire valoriser les élites et faire avancer les décisions des dirigeants. Ces derniers se sont d'ailleurs rencontrés à de nombreuses reprises. En juin, après la visite de Manuel Valls, le premier ministre chinois Li Keqiang est allé en France, et en novembre, les présidents François Hollande et Xi Jinping ont effectué des visites mutuelles. Les trois grands mécanismes de réunions au niveau des échanges culturels de haut niveau, du dialogue stratégique et du dialogue économique et financier de haut niveau se sont bien déroulés, ce dernier dialogue parvenant à 40 consensus et réussites. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui est déjà venu 10 fois en Chine, a déclaré que la Chine était le pays où il s'était rendu le plus souvent, mis à part le siège de l'Union européenne en Belgique. Un tel rapprochement n'a pas de précédent historique, est très rare dans le monde, et pose un nouveau jalon dans la coopération de la nouvelle ère sino-française.
Ensuite, lors de sa visite en France, Li Keqiang a souligné que les relations sino-françaises avaient atteint un haut niveau de maturité et de sagesse. Dans la coopération dans les domaines traditionnels du nucléaire civil, de l'aéronautique, des trains à grande vitesse et des automobiles, les deux parties ont maîtrisé toute la chaîne industrielle, déployé des efforts pour relever l'intégration industrielle dans différents projets en termes de stratégie, de profondeur et de durée. Par ailleurs, elles ont promu la coopération dans le secteur des services comme la protection de l'environnement, les marchés de tierce–partie, la finance, l'urbanisation ainsi que la santé et la protection sociale. Elles ont à la fois encouragé l'une et l'autre l'amarrage stratégique pour améliorer leur transition socio–économique et soutenu la résolution des questions relatives à la gouvernance mondiale avec des initiatives pratiques, réduit les différends « Est–Ouest », rapproché un peu plus la distance « Nord–Sud », principalement pour le bénéfice des pays en développement, ont utilisé des initiatives concrètes allant dans le sens d'une communauté de destin, et ont joué un rôle important et exemplaire dans les relations de la Chine avec les pays occidentaux, principalement les pays européens. On peut citer parmi d'autres exemples l'entrée des pays européens dans la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, l'inclusion du renminbi dans le panier des devises des Droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international, l'invitation de la Chine à entrer dans le capital de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, ou le fait que la proportion des règlements en renminbi dans les échanges commerciaux et les investissements entre la Chine et l'Europe n'a cessé de s'améliorer, toutes ces avancées sont redevables de près ou de loin à Paris. La France et l'Allemagne ont aussi pris la tête dans l'Union européenne pour amarrer l'initiative « Une ceinture et une route » de la Chine à la stratégie de développement européenne, la coopération dans la capacité industrielle de la Chine et le plan d'investissements stratégiques de l'Union européenne de 315 milliards d'euros, la coopération Chine–Europe centrale et orientale (1 + 16) et la coopération globale Chine–Europe. C'est une nouvelle « lune de miel » entre la Chine et l'Europe.
Troisièmement, la sécurité représente une part de plus en plus importante dans la coordination dans les affaires internationales. La Chine et la France ont commencé relativement tôt la coopération sécuritaire mais elle a été limitée pour diverses raisons, et son potentiel reste donc immense. Le monde actuel devenant instable, les questions sécuritaires prennent un essor de plus en plus important entre la Chine et la France et les deux pays estiment que la réalisation de leur rêve ne peut se faire sans un environnement intérieur et international pacifique et stable et de ce fait, augmentent de manière évidente le rythme de la coopération sécuritaire.
Les armées des deux pays ont maintenu des échanges amicaux et effectué des visites mutuelles, avec des manœuvres conjointes en mer de Chine orientale et dans la Manche. La Chine continue ses missions de maintien de la paix, d'escorte maritime, de formation et de reconstruction au Moyen-Orient, en Afrique et dans le golfe d'Aden. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a assisté au défilé militaire pour commémorer le 70ème anniversaire de la victoire de la Chine dans la Guerre de résistance contre le Japon. La coopération sécuritaire non–traditionnelle entre la Chine et la France a fait encore plus de progrès. Au début de l'année, le premier laboratoire de sécurité biologique de type P4 a été construit conjointement afin de faire face à l'épidémie du virus Ebola. Dans la réforme des institutions internationales comme les Nations unies et le FMI, les deux pays encouragent la construction économique, financière, commerciale et la sécurité monétaire, et luttent contre la criminalité transnationale. Le « Traité d'extradition sino–français » est entré en vigueur. Les deux pays ont aussi mis en œuvre la « diplomatie climatique » et considèrent avec la même attention la réduction de leurs émissions et l'aide à l'étranger, montrent l'exemple pour renforcer la gouvernance, les fonds et les technologies, et se sont efforcés de parvenir à un accord sur la réduction des émissions lors de la Conférence de Paris de la COP 21, l' « accord le plus ambitieux et universellement contraignant » de l'histoire de l'humanité. Dans la protection des données, la cybersécurité et les recherches sur la théorie sécuritaire, la Chine et la France ont développé la coopération. En tant que victimes des « Trois forces », les deux pays ont affiché leur résolution de lutter ensemble et jusqu'au bout contre le terrorisme international.
Quatrièmement, sur le plan humain et culturel, les échanges sont devenus le troisième pilier des relations bilatérales, comme cela avait été déterminé en 2014. La coopération dans les domaines de l'éducation, des sciences et technologies, de la culture, des sports, de l'information et des médias ainsi que sur le plan local, des résultats substantiels ont été obtenus grâce à un mécanisme d'échanges humains et culturels de haut niveau. En 2015 ont été inclus les domaines concernant les femmes et les jeunes. Dans leurs échanges politiques, les dirigeants des deux pays évoquent souvent des « souvenirs communs », qui font apparaître les « liens culturels » mutuels, établissent une amitié « qui dépasse les relations de collègues et d'amis ». Les accueils dépassent souvent les conventions protocolaires pour être plus personnalisées, en prêtant attention à tous les détails. Lors des réunions entre les hauts fonctionnaires au niveau des ministres, particulièrement au niveau du ministre des Affaires étrangères, les appels téléphoniques sont devenus « monnaie courante » et le contact entre fonctionnaires est « agréable ». Cela ne fait que résumer la vigueur des échanges entre les populations des deux pays. Leur nombre ne fait que progresser depuis quelques années. En 2015, le nombre de visites de Chinois en France devrait approcher la barre des 2 millions, soit une hausse de 17 %. On devrait atteindre les 5 millions dans quelques années. La France a simplifié les procédures d'obtention de visas et encourage les Français à voyager en Chine.
Bien sûr, le chemin qui mène à l'édification de ce rêve ne sera pas facile et il y aura des difficultés et des revers. La société française a une tradition de « suprématie des valeurs » et de protectionnisme qu'elle applique souvent à l'égard de la Chine. Le manque d'expérience des entreprises chinoises à l'étranger et le manque de capitaux des entreprises françaises exerce dans une certaine mesure une influence sur les deux pays pour que le « consensus sur la coopération devienne une réalité ». Les prochaines élections présidentielles vont aussi mettre à l'épreuve l'Elysée pour éviter de répéter les erreurs, et maintenir une politique « stable, durable et prévisible » à l'égard de Beijing.
(L'auteur est chercheur-stagiaire au bureau Europe auprès de l'Institut de recherche des relations internationales contemporaines de Chine.)
Beijing Information
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