La situation internationale en 2017 a continué de pleinement refléter le fil chaotique de ces événements et de ces bouleversements. Parmi les phénomènes les plus saillants, on peut en citer quelques-uns. Premièrement, les relations américano-russes ne laissent pas entrevoir d’espoir et vont continuer de s’embourber dans une compétition géostratégique en raison des répercussions des crises en Syrie et en Ukraine.

Deuxièmement, la question nucléaire sur la péninsule coréenne est devenue le sujet numéro un pour la sécurité dans la région Asie-Pacifique. La Corée du Nord a effectué son 6e essai nucléaire, le tir de missiles balistiques est presque hors de contrôle, le développement de la technologie des ogives nucléaires a fait un bond et le mécanisme de non- prolifération nucléaire fait face à la crise la plus sévère depuis la fin de la guerre froide. Pour répondre à la question du nucléaire en Corée du Nord, les Etats–Unis brandissent la menace militaire et l’intimidation guerrière, et ont déployé le THAAD – le système de missiles antibalistiques – en Corée du Sud, qui rompt l’équilibre stratégique dans la région, ce qui s’éloigne sérieusement de la voie du dialogue et de la négociation et de la résolution pacifique du problème. L’Asie du Nord-Est se trouve au bord de la guerre. Une fois la situation hors de contrôle, l’ordre sécuritaire d’après-guerre s’en trouvera complètement affecté. Troisièmement, la première année du gouvernement de M. Trump a vu les Etats-Unis refondre la politique étrangère américaine, observer des principes fortement teintés de protectionnisme et d’isolationnisme avec les mots d’ordre « America First » et de « paix armée ». D’un côté, Washington a continué de renforcer le déploiement de sécurité militaire au Moyen-Orient ainsi que dans les régions du Pacifique-ouest et de l’océan Indien, et d’un autre, Washington a déjà ordonné le retrait des engagements internationaux concernant des domaines non cruciaux, abandonnant ainsi une partie de ses responsabilités de direction mondiale, et déplaçant le centre de son implication dans les affaires internationales de la coopération multilatérale aux négociations bilatérales.

Quatrièmement, dans un contexte de frappes conjointes des Etats-Unis et de la Russie, ainsi que d’une partie de pays asiatiques, africains et européens, l’Etat islamique touche à sa fin mais ses membres se sont dispersés dans de nombreux pays et ont continué à propager l’extrémisme par Internet. Ils n’ont pas cessé de commettre des actes isolés de terrorisme en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, en France, en Suède, en Egypte, et en Afghanistan. La lutte internationale contre le terrorisme promet d’être encore longue et difficile, et dans un contexte d’implication de forces extérieures dans les luttes ouvertes et clandestines entre les shiites et les sunnites, le chaos du Moyen-Orient est encore loin de prendre fin.

Cinquièmement, enfin, l’Europe, qui est tirée à droite et à gauche, a difficilement préservé les résultats de l’intégration. Même si le centre-droit a conservé sa place dans les élections aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, la force de la droite xénophobe et anti-intégration a progressé, ce qui est une tendance inéluctable de la politique européenne. La situation intérieure en Europe continuera d’être inextricable et ses jours en tant que « centre du système international » sont révolus.