Distribution de biscuits sur le train de Mombasa à Nairobi

Avec le lancement de l'initiative des Nouvelles routes de la soie, la construction d'infrastructures en Afrique a réalisé des progrès remarquables grâce à la participation des entreprises chinoises, une tendance à laquelle le monde prête une attention croissante.

Mis en service en mai, le chemin de fer Mombasa–Nairobi à voie normale (écartement standard) nouvellement construit au Kenya en est un exemple. La ligne de 471 km est destinée au transport de passagers et de fret entre Mombasa, le plus grand port d'Afrique de l'Est et la capitale kenyane Nairobi. Il s'agit de la première phase d'un projet ferroviaire ambitieux qui vise à relier le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda et le Soudan du Sud.

Alors que la plupart des Africains ont accueilli ces projets d'infrastructure, certains émettaient des réserves.

Qu'est-ce que les investissements chinois dans les infrastructures apporteront au continent africain ? L'impulsion à l'économie est l'un des avantages. Plus important encore, ces projets d'infrastructure aident les pays concernés sur les plans de l'édification nationale, de la promotion de la stabilité politique et de l'amélioration de la gouvernance nationale. En un mot, ils jettent les bases de la prospérité.

Le préjudice de la colonisation

Bien que l'Afrique porte encore l'étiquette de pauvreté et de famine, elle n'est pas un continent pauvre comme on aurait pu l'imaginer. Au contraire, elle possède de nombreuses ressources naturelles sans avoir pour autant pu aboutir à la prospérité et se dispenser des turbulences. Pour l'essentiel, les problèmes de l'Afrique résultent de l'absence d'un modèle mature de construction nationale.

Jusqu'à la période moderne, la majeure partie de l'Afrique subsaharienne restait dans une étape de civilisation primitive. Bien que les civilisations en Eurasie se soient développées depuis des milliers d'années, en particulier dans l'intégration nationale et l'établissement d'États, l'Afrique restait encore à un stade précoce.

Le processus de développement de l'Afrique a été interrompu par les colonialistes européens qui se sont installés sur le continent. Qu'il s'agisse de l'apport de leurs technologies de pointe et de leur expérience institutionnelle, qu'il s'agisse de leurs efforts consacrés à la construction d'infrastructures, comme le chemin de fer en Ouganda, pour promouvoir la connectivité, ce n'était cependant pas basé sur un processus naturel. Au contraire, tout ce que les colonialistes ont établi en Afrique était totalement au service de leurs propres intérêts : les territoires et les populations étaient divisés en différents Etats au bon vouloir des puissances coloniales et de leurs conflits au mépris des appartenances ethniques ou religieuses. Après l'indépendance des pays africains, de telles divisions ont fait obstacle au développement, suscitant des conflits, des turbulences, des guerres civiles et même des génocides.

Puisque les pays africains ne pouvaient pas se débarrasser de ce qu'ils avaient hérité de leur période coloniale, ils ont été obligés d'accepter la réalité et de poursuivre leur développement sur la base des conditions existantes. Dans de telles circonstances, il a été plus difficile pour les pays africains de bâtir leurs nations. Dans d'autres pays, il a fallu des siècles ou plus d'un millénaire pour terminer le processus d'intégration ethnique et culturelle, unifier le marché domestique et établir un système gouvernemental et étatique efficace. En Afrique, le processus a été manipulé pendant une période beaucoup plus courte, ce qui a provoqué une série de réactions en chaîne.

Pour édifier un pays, la première condition nécessaire est la construction d'infrastructures. Dans la Chine antique, sous le règne de la dynastie des Qin (221-207 avant J.C.), l'empereur Qinshihuang a unifié le système de mesure, faisant construire un réseau routier à grande échelle à travers le pays. Il en est de même pour l'Empire romain qui a réussi à maintenir le contrôle de son vaste territoire par un large réseau routier. Les États-Unis sont devenus une société intégrée après l'interconnexion réalisée par le Pacific Railway entre la Californie sur la côte du Pacifique et les villes de la bordure de l'Océan atlantique.

Après l'indépendance, la construction d'infrastructures dans de nombreux pays africains a cessé, ce qui est devenu le principal obstacle au développement. L'avenir de l'Afrique doit commencer par la construction d'infrastructures. Ensuite, il serait possible de réaliser un seul marché intérieur, l'intégration sociale et la modernisation, avant de terminer finalement le processus de la construction nationale.