Emmanuel Macron a été élu sans surprise président de la République française le 7 mai avec un peu plus de 66 % des voix exprimées après une campagne présidentielle pleine de rebondissements qui a abouti à une recomposition de la donne politique dans son ensemble.     

Avec son mouvement « En Marche ! » lancé en avril 2016, M. Macron, cet inconnu des Français il y a encore 5 ans, a su fédérer les forces politiques traditionnelles ainsi que les électeurs de tout bord par son style et son programme. En moins d’un an, et au terme du premier tour des élections où il est parvenu en tête, il s’est retrouvé face à la candidate du Front national Marine Le Pen, s’assurant ainsi la victoire finale.     

Un parcours fulgurant     

Cet homme de 39 ans a été inspecteur des Finances à sa sortie de l’ENA, avant d’entrer à la Banque Rothschild. Il réintègre la fonction publique pour devenir secrétaire général adjoint de la présidence de la République après l’élection de François Hollande en 2012. Deux ans plus tard, il est nommé ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique du second gouvernement Valls. Avec la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, dite « loi Macron », adoptée en 2015, se dessinent clairement les orientations néolibérale de M. Macron, l’efficience économique étant placée au centre de son action.     

C’est au Forum économique mondial de Davos en janvier 2016 où il s’était déplacé pour promouvoir l'attractivité de la France à l'étranger auprès des décideurs économiques internationaux et présenter les réformes en cours qu’il a assis son aura internationale et s’est taillé une stature de présidentiable.     

Ce succès n’a cependant pas dépassé la sphère des élites mondiales et l’homme politique Macron reste un inconnu à l’étranger. En Chine par exemple, c’est surtout sa vie privée et sa jeunesse qui sont mises en avant, faisant de lui un John Kennedy ou un Justin Trudeau à la française. Pour mieux comprendre ses positions à l’égard de la Chine et de la mondialisation, son programme et certaines de ses interventions médiatiques permettent de mieux cerner l’orientation du quinquennat Macron qui s’annonce.     

La Chine, une chance pour la France     

Dans « Révolution », son livre programmatique publié en novembre 2016, M. Macron évoque la Chine dans les chapitres concernant les relations extérieures et l’Europe.     

Dans le chapitre « Maîtriser notre destin », M. Macron considère que la France peut jouer un rôle de premier plan dans la coopération avec la Chine. Il note ainsi que la France a su tisser des liens privilégiés et uniques avec un certain nombre de grandes puissances. «  La Chine occupe bien entendu dans cette liste une place à part. Elle est une grande puissance en passe de devenir la première économie de la planète. Beaucoup de nos compatriotes connaissent mal la Chine. Ils la voient encore comme l’usine du monde, comme un pays de production à bas coûts. Ils la voient comme responsable des délocalisations d’usines, de la désindustrialisation de la France. Mais la Chine, c’est déjà plus que cela. C’est pourquoi nous devons changer notre manière de la voir. Loin de devoir être toujours considérée comme un péril, la Chine peut, si l’on sait s’en donner les moyens, constituer une chance. »    

M. Macron considère que les entreprises françaises peuvent répondre à certains défis et obstacles que la Chine rencontre, notamment dans le développement urbain, la lutte contre la pollution et les énergies nouvelles, et que des partenariats peuvent être forgés à l’image du partenariat dans le secteur du nucléaire élaboré dans les années 1980.     

M. Macron reconnaît cependant que si le partenariat sino–français reste principalement politique et culturel, il doit servir de tremplin et faciliter les échanges économiques et commerciaux. « Nous pouvons nous appuyer sur les liens singuliers que nous entretenons avec elle [la Chine] : les dirigeants chinois n’ont jamais oublié que la France a été le premier pays occidental à reconnaître la République populaire de Chine. »    

Mais la France ne peut peser de tout son poids qu’en étant fermement arrimée à l’Europe. Cette élection aura eu le mérite de souligner le clivage profond entre les tenants de l’Union européenne et ses contempteurs sur fond de Brexit. M. Macron estime que la France a besoin de l’Europe pour réussir dans la mondialisation. Il le dit ouvertement dans son livre. «  En trente ans le monde a profondément changé. La France s’est rétrécie, en quelque sorte, car de nouvelles puissances économiques et commerciales ont émergé. Aussi, le meilleur moyen de défendre nos préférences et nos valeurs, c’est bien d’avoir une politique européenne efficace. Et en particulier une politique commerciale commune. Seule l’Europe peut de manière crédible et efficace négocier avec la Chine ou les Etats-Unis. A ce titre, je ne pense pas que, durant les prochaines années, la négociation en cours avec les Etats-Unis pour un traité de libre-échange progresse. Par contre, nous gagnerions à déployer une stratégie commerciale offensive et à discuter avec l’Asie et le Pacifique pour ne pas laisser les Américains dans une position d’arbitre. »