Des incertitudes subsistent
La Chine et les Etats–Unis font face à des incertitudes économiques mondiales. M. Trump a promis des mesures pour mettre « L'Amérique d'abord » et a enclenché des négociations pour des pactes commerciaux avec les alliés asiatiques et européens. Le président Xi, dans un discours à Davos, a déclaré que la Chine s'engageait à soutenir le commerce international, mais la croissance poussive en Europe et la stagnation économique chez les voisins d'Asie de l'Est ont réduit le potentiel d'expansion par le biais du commerce international.
Avec ces incertitudes, le premier ministre Li Keqiang a déclaré le 15 mars que la Chine ne désirait pas aggraver les tensions économiques avec Washington. « Nous ne voulons pas qu'une guerre commerciale éclate entre les deux pays. Notre commerce n'en serait pas plus équitable, a–t–il dit lors de sa conférence de presse annuelle. La partie chinoise souhaite que quelles que soient les secousses que connaît cette relation, elle progresse dans une direction positive. »
Mais la direction de la relation bilatérale pourrait être décidée par M. Trump, un patron au tempérament impulsif qui a pour habitude de faire connaître ses décisions politiques à coup d'envolées de 140 signes sur Twitter. Alors que M. Tillerson tentait d'organiser des réunions sensibles en Asie de l'Est sur les armes nucléaires sur la péninsule coréenne, M. Trump a compliqué les choses avec un message provocant sur les réseaux sociaux. « La Corée du Nord se conduit très mal. Elle se joue des Etats–Unis depuis des années. La Chine n'a pas fait grand–chose pour aider », a–t–il tweeté. Un allié d'influence de M. Trump au Congrès a même suggéré d'imposer des « sanctions secondaires » envers les banques et les entreprises chinoises qui continuent de faire des affaires avec Pyongyang.
Ce n'est pas la première fois que M. Trump complique l'exercice de main tendue du chef de sa diplomatie. Le 23 février, M. Tillerson avait été dépêché au Mexique avec une délégation de haut niveau dans le but d'aplanir des relations tendues avec cet allié historique de Washington après que M. Trump a décidé de construire ce qu'il a appelé la « grande, grande muraille » le long de la frontière afin de protéger le pays des « violeurs » et des « sales types ». M. Tillerson a tenté de rassurer les Mexicains inquiets en leur disant que les Etats–Unis ne nourrissaient aucune animosité, mais à Washington, M. Trump s'est montré moins diplomatique, disant aux journalistes : « Nous allons avoir une bonne relation avec le Mexique. Si nous ne le faisons pas, alors nous ne le ferons pas ».
Certains en Chine restent inquiets et pensent que la main tendue diplomatique de M. Tillerson pourrait être réduite à néant par des propos ou des actes impulsifs et agressifs du président. Après tout, M. Trump s'est distancé de plusieurs décennies de politique américaine en acceptant un appel téléphonique d'un haut responsable taïwanais. Après des protestations de Beijing, il a confirmé dans une conversation téléphonique avec le président chinois qu'il allait respecter la politique d'« Une Seule Chine » en place depuis les années 1970. Les deux dirigeants devraient apprendre à se connaître personnellement lors de leur prochaine réunion en Floride dans la résidence du président américain en parlant notamment de questions sécuritaires et économiques, de la Corée au commerce.
Orville H. Schell III, directeur du Centre des relations Etats–Unis–Chine à l'ONG Asia Society à New York, a déclaré au journal The Guardian que « la réunion entre MM. Xi et Trump a véritablement le potentiel pour changer la donne ».
(L'auteur est co-directeur du programme Global Business Journalism de l'université Tsinghua de Chine.)
