Même si l’hiver laisse la place au printemps dans la province septentrionale du Hebei, Jiang Ting, une jeune maman de 30 ans, s’inquiète du brouillard polluant qui recouvre la région. Si la pollution grave perturbe la vie quotidienne et professionnelle, Mme Jiang est préoccupée non seulement pour sa santé, mais surtout pour son enfant.

Les statistiques de l’Administration météorologique de Chine montrent que le smog continu et intense a pollué gravement la région Beijing–Tianjin–Hebei à six reprises de novembre 2016 à février 2017. « Notre génération a grandi dans un environnement prospère, mais le ciel n’est pas plus bleu que lorsque j’étais enfant », précise Mme Jiang qui espère qu’avec la nouvelle année, son souhait de profiter de plus de ciel bleu deviendra réalité.

Ses conditions de vie ainsi que celles de sa communauté locale au cours des 30 dernières années se sont améliorées, mais l’aspect négatif de ce développement a été la pollution progressive de l’environnement. C’est la conséquence d’une poursuite de chiffres toujours plus élevés de croissance du PIB au détriment de l’environnement de la part de certaines autorités locales.

La bonne nouvelle, c’est que le rêve de ciel bleu de Mme Jiang va se réaliser car la Chine met en place de nouvelles réformes pour évaluer ses fonctionnaires. Pour la première fois depuis la fin des années 1970, quand la Chine a entamé la politique de réforme et d’ouverture, l’engagement des fonctionnaires en faveur de la protection environnementale se verra attribuer une priorité plus élevée que la croissance du PIB lors de l’évaluation des performances administratives.

Changement de priorités

Le 12 janvier, Zhao Chenxin, porte–parole de la Commission nationale du développement et de la réforme de Chine, a déclaré lors d’un point de presse que le pays allait mettre en place un nouveau mécanisme d’évaluation des fonctionnaires. Le critère principal reflètera différents indicateurs relatifs à l’environnement, notamment l’utilisation des ressources, la qualité de l’environnement, la protection de l’écologie, la promotion d’un mode de vie vert et la satisfaction des administrés.

D’après le nouveau mécanisme, la pondération des indicateurs liés à la croissance économique atteint 9,2 %, moins de la moitié de ceux qui sont liés à l’environnement, comme l’utilisation appropriée des ressources (29,3 %) et la qualité environnementale (19,2 %). Plus précisément, le niveau des PM 2,5 pèse 2,75 % dans cette pondération.

Les fonctionnaires chinois sont évalués chaque année et subissent une évaluation générale tous les cinq ans. Précédemment, la croissance du PIB était le critère le plus important dans ce processus. Les experts estiment que le fait de souligner les indicateurs relatifs à l’environnement dans le nouveau mécanisme signifie que la performance économique de la Chine passe de la priorité donnée aux taux de croissance à la garantie du bien–être des gens. « Les indicateurs et le mécanisme sont conçus pour guider les autorités locales pour mettre l’amélioration de différents aspects du bien–être des gens au centre de leur travail, poussant les fonctionnaires à renforcer leurs efforts pour améliorer la qualité de l’environnement », explique M. Zhao.

Huang Langhui, ancien cadre au Bureau d’Etat des statistiques, a noté que cela symbolisait une transformation importante au mode de développement de la Chine. « La pollution de l’environnement est une question très pressante car elle menace la santé des gens et la stabilité sociale. La société toute entière est parvenue à un consensus sur le fait que la croissance économique rapide au détriment d’un environnement pollué n’a aucun sens. »