Incertitudes commerciales

Le différend commercial entre la Chine et les États-Unis a généré des incertitudes quant aux perspectives économiques du pays et perturbé les marchés financiers au cours des dernières semaines.

Les Etats-Unis ont commencé à imposer des droits supplémentaires de 25 % sur des produits chinois à hauteur de 34 milliards de dollars le 6 juillet, déclenchant la plus grande guerre commerciale de l'histoire économique. La Chine a été obligée de répondre en nature, en imposant les mêmes droits sur une quantité égale de produits américains. Les observateurs internationaux avertissent qu'une guerre commerciale pourrait porter un coup dur aux deux pays aussi bien qu’à l'économie mondiale.

Selon les Perspectives de l'économie mondiale publiées par le FMI le 16 juillet, un taux de croissance mondiale de seulement 3,9 % est prévu pour cette année et la suivante. « Mais le risque que les tensions commerciales actuelles s'aggravent – avec des effets négatifs sur la confiance, le prix des actifs et les investissements – est la plus grande menace à court terme pour la croissance mondiale », indique ce rapport du FMI.

« Après près de 10 ans d'ajustement, l'économie mondiale commence enfin à se stabiliser, entrant dans une phase de reprise et de croissance robuste », a déclaré Chen Wenling, économiste en chef au Centre pour les échanges économiques internationaux de Chine. « La recrudescence des tensions commerciales pourrait néanmoins entraver la reprise, les mesures unilatérales des Etats-Unis annihilant les règles commerciales internationales, les chaînes industrielles et de valeur mondiales, les systèmes de gouvernance mondiale et les relations sino-américaines. »

Le porte-parole du BNS a déclaré que l'impact de la guerre commerciale ne se reflétait pas dans les données de la Chine au premier semestre. « Nous devrons attendre pour connaître l'impact dans les prochains mois. Mais d'une manière générale, la guerre aura un effet négatif sur les deux économies. De plus, l'économie mondiale est aujourd'hui si intégrée que presque toutes les chaînes industrielles ont une configuration mondiale. De nombreux pays seront touchés, tout comme la reprise économique mondiale et la croissance soutenue du commerce », a déclaré M. Mao. Jusqu'à présent, les prix en Chine sont stables. « En outre, la Chine encourage un haut niveau d’ouverture, ce qui augmentera sensiblement les importations cette année et contribuera à élargir l'offre pour freiner les hausses de prix », a-t-il ajouté.

En réponse à une question sur un éventuel ralentissement provoqué par les frictions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, Yan Pengcheng, porte-parole de la Commission nationale pour le développement et la réforme, a déclaré que l'économie chinoise était suffisamment résiliente pour faire face aux incertitudes dans l'économie mondiale.

« Premièrement, la croissance économique de la Chine est passée d'une dépendance excessive aux investissements et aux exportations à une dépendance principalement à la consommation et aux services. Dans le même temps, la Chine a suffisamment de marge de manœuvre et peut faire face aux retombées des événements dans l'économie mondiale ; le ratio déficit public/dette publique est relativement faible, le ratio d'adéquation du capital des banques commerciales est élevé et le ratio d'endettement des entreprises est en baisse. La Chine a également une riche expérience dans le traitement de situations compliquées », a fait savoir M. Fan lors d'un point de presse le 17 juillet.

Les experts estiment que la croissance rapide des importations devrait se poursuivre dans le contexte d'une ouverture plus large. Le gouvernement chinois a réitéré à maintes reprises que la Chine ne cherchait pas sciemment à dégager un excédent commercial et a pris une série de mesures pour accroître les importations afin de promouvoir un commerce plus équilibré, de satisfaire la demande et de faciliter la restructuration économique.

Début juillet, les autorités centrales ont publié une directive sur l'expansion des importations et la promotion du développement équilibré des échanges, avec des mesures telles que l'optimisation de la composition des importations pour promouvoir la consommation, l'amélioration des dispositifs sur les marchés internationaux, l'utilisation de canaux multiples pour encourager les importations, et renforcer la libéralisation et la facilitation du commerce.

« Le commerce extérieur de la Chine a évolué pour passer de l’accent mis sur la quantité à l'amélioration de la qualité », a déclaré Bai Ming, chercheur en chef à l'Académie du commerce international et de la coopération économique de Chine.

Suite aux initiatives de la Chine pour poursuivre la réforme et l'ouverture, réduire la bureaucratie et mettre en place une liste négative nationale – qui permet l'accès au marché chinois des investissements étrangers – afin d’améliorer l'environnement des affaires, un nombre croissant d'entreprises étrangères ont décidé d'augmenter leur présence sur le marché chinois.

Le 10 juillet, Tesla a signé un accord avec les autorités municipales de Shanghai pour établir sa première usine à l'étranger. L'usine, avec une capacité de production annuelle prévue de 500 mille véhicules électriques, sera le plus grand projet industriel à capitaux étrangers de l'histoire de la ville.

« La recrudescence des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis n’est pas conforme aux intérêts des populations des deux pays. Pourtant, l'impact des tensions commerciales ne doit pas être surestimé, parce que fondamentalement l'économie chinoise est poussée par la demande intérieure et son économie réelle », a noté M. Xu. « Sur le moyen-long terme, la Chine poursuivra ses efforts en vue d'une plus grande ouverture, en approfondissant la réforme, la restructuration et la modernisation. »

M. Xu a également averti que la Chine devait mieux contrôler les modalités du désendettement. « Le contrôle macroéconomique est un art. Les mesures appropriées devraient être plus flexibles pour éviter que les entreprises chinoises ne soient touchées par de multiples facteurs, y compris le resserrement du crédit, une réglementation plus stricte, le contrôle de l'offre monétaire et les chocs externes », a-t-il souligné.

Le 24 juin, la Banque populaire de Chine – la banque centrale du pays – a annoncé une réduction de 0,5 point de pourcentage du taux de réserves obligatoires des banques commerciales à compter du 5 juillet. C’est la troisième fois cette année que la Banque centrale prend des mesures pour le désendettement et atténuer les difficultés de financement des petite entreprises et des microentreprises.

M. Xu a salué cette initiative, ajoutant qu’il y avait encore de la marge de manœuvre pour une réduction du taux de réserves obligatoires. « Cela permet de réduire les coûts de financement pour les entreprises en libérant des liquidités à long terme afin de soutenir l'économie réelle et d’atténuer les fluctuations sur le marché monétaire », a-t-il déclaré.