Alors que les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis montent d’un cran et jettent une ombre néfaste sur leur économie, mais aussi sur l'économie mondiale, les statistiques chinoises très attendues pour le premier semestre de l'année montrent la résilience du pays ainsi que sa capacité à surmonter une instabilité mondiale croissante.

L'économie chinoise a progressé de 6,8 % sur un an au premier semestre, dépassant ainsi les anticipations du marché. Le taux était de 6,7 % au deuxième trimestre, en baisse de 0,1 point de pourcentage par rapport au premier trimestre. Le taux de croissance se situe dans la fourchette de 6,7-6,9 % pendant 12 trimestres consécutifs, selon les données publiées par le Bureau national des statistiques (BNS) le 16 juillet.

Mao Shengyong, porte-parole du BNS, a déclaré lors d'un point de presse que ces chiffres montraient que la croissance économique du pays est restée stable en conservant une bonne dynamique. « Les facteurs positifs qui sous-tendent une croissance de haute qualité s'accumulent, établissant une base solide pour atteindre l'objectif de croissance pour toute l'année », a-t-il déclaré. La Chine a fixé son objectif annuel de croissance du PIB à environ 6,5 % pour 2018.

Les pressions externes s'accumulent néanmoins, et l'ajustement structurel interne a maintenant atteint un stade critique. La Chine devrait activement stimuler la demande intérieure, dynamiser l'économie réelle, faire face aux défis extérieurs, et prévenir et désamorcer les risques, a indiqué M. Mao.

Le 16 juillet, le Fonds monétaire international (FMI) a prédit que l'économie chinoise connaîtrait une croissance de 6,6 % en 2018, sans changement par rapport aux prévisions d'avril. « La Chine continue de croître conformément à nos prévisions antérieures », a fait savoir le FMI dans un communiqué.

Pour l'avenir, l'économie chinoise continuera de progresser dans la stabilité, avec un objectif annuel de 6,5 % réalisable, a déclaré Xu Hongcai, économiste en chef adjoint au Centre pour les échanges économiques internationaux de Chine. « Le taux de croissance devrait atteindre environ 6,7 % en 2018, 6,6 % en 2019 et 6,5% en 2020 », a indiqué M. Xu, ajoutant qu'à ce rythme, l'objectif de doubler le PIB chinois et le revenu par habitant de 2010 à 2020 sera réalisé.

La consommation contribue davantage au PIB

Selon M. Mao, au cours des six premiers mois, une structure économique optimisée s'est traduite par un secteur des services plus fort, par l'accélération de la modernisation industrielle, par des progrès dans l'innovation et le développement vert, et surtout par une consommation soutenue.

Le secteur des services est en plein essor, ayant contribué pour 60,5 % à la croissance du PIB au cours des six premiers mois, en hausse de 1,4 point de pourcentage par rapport à la même période de l'an dernier. La production industrielle dans les secteurs des hautes technologies, de la fabrication d'équipements et des industries émergentes stratégiques a augmenté respectivement de 11,6 %, de 9,2 % et de 8,7 %, excédant chacune la croissance de la production industrielle totale.

La réforme structurelle du côté de l'offre donne des résultats positifs. Au premier semestre, le taux d'utilisation de la capacité industrielle a atteint un nouveau pic à 76,7 %, en hausse de 0,3 point de pourcentage par rapport à la même période de 2017. Davantage d'entreprises « zombies » – des entreprises publiques peu performantes et placées sous perfusion – ont été fermées, et leur production bas de gamme a été éliminée du marché.

Le marché de l’emploi a été globalement stable, le taux de chômage urbain recensé s'établissant à 4,8 % en mai et juin, le plus bas depuis 2016. Au cours des cinq premiers mois, quelque 6,13 millions d'emplois urbains ont été ajoutés, dépassant le chiffre pour la même période de 2017, et l'objectif de 13 millions de créations d’emplois cette année sera probablement atteint.

Ces dernières années, la remise à niveau de la consommation en Chine s'est accélérée. La croissance des ventes au détail de biens de consommation a dépassé celle des investissements en capital fixe pendant 26 mois consécutifs, preuve du rôle croissant de la consommation dans l'économie chinoise.

La consommation intérieure a été le levier de la croissance, sa contribution à la croissance du PIB atteignant 78,5 % au premier semestre 2018, en hausse de 14,2 points de pourcentage par rapport à l'année dernière, selon le BNS. Au cours de cette période, les ventes au détail de biens de consommation ont augmenté de 9,4 % en glissement annuel, les ventes au détail en ligne ayant augmenté de plus de 30 %. « A en juger par les principaux indicateurs économiques, la demande intérieure est devenue une force décisive pour la croissance en Chine », a déclaré M. Mao, prévoyant que la croissance stable et soutenue de la consommation se poursuivra au cours de la seconde moitié de l'année.

Plusieurs facteurs soutiendront une croissance régulière de la consommation en Chine. « Le revenu des résidents a augmenté plus rapidement. Plus les gens ont de l’argent, plus ils consomment », a souligné M. Mao. « Plus important encore, l'économie chinoise s'est développée à un stade où la remise à niveau de la consommation ne fera que s'accélérer et non ralentir. » En outre, les réductions des droits de douane à l'importation en Chine vont stimuler la consommation intérieure et mieux satisfaire la demande des populations pour une meilleure qualité de vie, a-t-il ajouté.

M. Xu a déclaré que la Chine se fixe pour objectif à long terme de stimuler la demande intérieure.

« La première étape consiste à créer plus d'emplois, par exemple en créant un environnement d'affaires plus favorable pour les petites entreprises et les microentreprises, et celles liées à l'agriculture. Avec un revenu stable, les gens sont plus enclins à dépenser leur argent », a déclaré M. Xu à Beijing Information. « En outre, le système de sécurité sociale doit être amélioré afin que les gens soient plus disposés à consommer plutôt que d'épargner constamment, et les politiques fiscales doivent être réformées davantage pour augmenter le sentiment de gain des gens. »

En juin, le Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale – la législature suprême de Chine – a commencé à examiner un projet d’amendement de la Loi sur l'impôt sur le revenu des particuliers dans le cadre des efforts visant à une redistribution plus équitable. Le projet d'amendement propose d'augmenter le seuil de l'impôt sur le revenu des particuliers de 3 500 yuans (519,3 dollars) à 5 mille yuans (741,9 dollars) par mois, soit 60 mille yuans (8 902,8 dollars) par an. « Certaines personnes pensent que le seuil de 5 mille yuans est approprié car toute personne ayant un salaire mensuel de 5 mille yuans est riche. C'est irréaliste. Je suggère fortement d'élever le seuil à 10 mille yuans (1 483,8 dollars) », a remarqué M. Xu, ajoutant que les politiques fiscales devraient être ajustées pour aider à freiner la disparité croissante des richesses en Chine.