L’Union européenne se cherche une place
Dans un contexte de guerre commerciale où les Etats-Unis et la Chine se livrent à une surenchère de droits de douane, certains économistes appellent l'Europe à un sursaut pour surmonter ses divisions. D'autant que le conflit commercial pourrait se propager, M. Trump ayant menacé d'imposer des droits de douane de 20 % sur les voitures importées aux Etats-Unis en provenance de l'UE.
« La question n’est pas de savoir s’il y aura ou non une guerre commerciale. La guerre commerciale a déjà commencé », a déclaré Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie et des Finances dimanche lors de la 18ème édition des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence du 6 au 8 juillet. Il a incité les Etats européens à « faire bloc ». « S’il devait y avoir une augmentation de tarif sur d’autres secteurs économiques, notre réaction devra être unie, forte, pour faire comprendre que l’Europe est aussi une puissance économique souveraine », a prévenu M. Le Maire.
Un tel constat résume l’état d’esprit des participants à ces Rencontres économiques. A l’image du ministre de l’Economie, les politiques, économistes et grands patrons invités à réfléchir sur les « métamorphoses du monde », ont partagé la même inquiétude : celle de voir le consensus établi à la fin de la Seconde Guerre mondiale, reposant sur la collaboration multilatérale entre les Etats, s’effondrer.
Le virage protectionniste de M. Trump change en effet la donne, car il « poserait un risque sérieux pour la croissance de la productivité et la croissance potentielle de l'économie mondiale », a prévenu le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi.
Le Conseil d’analyse économique, qui a l’oreille du premier ministre français Edouard Philippe, tire aussi la sonnette d’alarme, estimant que la hausse des taxes sur les produits chinois entraînera une perte de PIB estimée à plus de 4 % pour toute l'Europe et de plus de 3 % pour la France. Il s'agit d'une « perte annuelle d’en moyenne 1 250 euros par habitant dans l’UE et 1 125 euros en France ». Pour cet organisme, les conséquences pourraient prendre une ampleur similaire à celle de la crise bancaire et financière subie par la France en 2008.