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Mission accomplie

Ge Lijun  ·  2021-04-19  ·   Source: Chinafrique
Mots-clés: broderie; artisanat; culture; Chine

Des jeunes filles apprennent à broder auprès d’une vieille dame miao et Liu Ying (au centre). (COURTOISIE)

Depuis 35 ans, Liu Ying, créatrice et brodeuse miao, promeut inlassablement cet art subtil et unique. La minorité ethnique miao, répartie majoritairement dans le sud-ouest de la Chine, s’est établie sur un territoire très étendu et accidenté. La broderie tient une place toute particulière dans la culture miao, étant un art décoratif favorisant la transmission de leur histoire et de leurs légendes en plus de la transmission orale traditionnelle. Dès l’enfance, les femmes miao apprennent à broder auprès de leurs aînées. Et Liu Ying ne fait pas exception. Sauf qu’elle, elle a vu les choses en grand. 

Entrepreneuse, elle a fondé son entreprise de broderie à Kaili, au Guizhou (sud-ouest). Passionnée de culture et de broderie miao, elle souhaite faire connaître cet art au-delà des montagnes. Les commandes de l’entreprise ont permis à plus de 5 000 brodeuses de sa région natale de sortir de la pauvreté. « La broderie est notre trésor. Il faut perpétuer cette tradition. La meilleure voie de transmission est de faire revivre cet art traditionnel et de l’intégrer à la vie moderne, tout en gardant son côté culturel et spirituel », indique Mme Liu à CHINAFRIQUE.

Liu Ying (au centre) forme des brodeuses au Guizhou, sa région natale. (COURTOISIE)

Une vocation depuis toujours

Née dans un petit village miao du district de Shibing, au Guizhou, Liu Ying, 41 ans, apprend à broder dès l’âge de cinq ans. La broderie est une affaire de famille et un héritage laissé par sa mère et sa grand-mère. Pour les jeunes femmes miao, maîtriser la broderie est avant tout une qualité primordiale pour trouver un bon mari. Différente des autres filles, Liu Ying a toujours adoré dessiner, autre talent utile pour concevoir ses œuvres. Fascinée par sa culture, elle se sert de ses aiguilles comme d’un pinceau pour dépeindre leur histoire et leurs totems, tels que les papillons et les grenouilles. La mère-papillon, l’un des motifs miao les plus courants, est un élément central de la mythologie miao qui considère que les premiers êtres humains sont nés d’un œuf de papillon. À l’âge de 10 ans, Liu Ying était déjà capable de concevoir les motifs des costumes de mariage de ses sœurs.

Son oncle était vendeur itinérant de costumes classiques de l’ethnie miao à Lijiang et à Dali, au Yunnan (sud-ouest). Très jeune, elle a décidé de le rejoindre pour faire le tour des villages miao à la recherche de broderies ornementales. Cette expérience « éprouvante » a ouvert son horizon. En 2002, elle a mis le cap sur Beijing pour y commercialiser des produits artisanaux sur le célèbre marché aux antiquités Panjiayuan. Mais six mois plus tard, elle a eu une prise de conscience : « Une fois vendus, les originaux étaient à jamais perdus. » La brocanteuse a commencé à réfléchir à un moyen de préserver les objets ancestraux tout en développant sa carrière.

Elle a trouvé que certains motifs combinant artisanat traditionnel et conceptions contemporaines se vendaient bien. Pour tester le marché, elle a conçu de manière innovante 20 tentures murales brodées. En deux jours, elles ont toutes été vendues. « Un tel succès m’a beaucoup surprise et m’a donné confiance en moi. »

Dès lors, elle a commencé à recevoir de plus en plus de commandes. Elle a donc sollicité l’aide de brodeuses de sa région natale. « Je conçois les motifs et je les fais broder au Guizhou. Je suis heureuse de voir que les brodeuses de ma région soutiennent mon travail et peuvent ainsi arrondir leurs fins de mois », indique-t-elle. En 2013, Liu Ying est retournée au Guizhou pour fonder l’entreprise de broderie GuMiaoJiang, spécialisée dans la fabrication de costumes et d’objets quotidiens de l’ethnie miao. Actuellement, leurs produits artisanaux se vendent aussi bien en Chine qu’à l’étranger.

Liu Ying (deuxième à gauche au premier rang) avec des brodeuses de sa région natale au Guizhou. (COURTOISIE)

Une mission à vie

Le district de Shibing se distingue par son savoir-faire en broderie miao et regroupe plus de 10 000 brodeuses. Cependant, environ 70 % d’entre elles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pire encore, les jeunes quittent les villages car elles trouvent plus facilement du travail dans les grandes villes. L’arrivée des tissus synthétiques et des machines à broder a été bien accueillie par les brodeuses encore sur place, leur permettant de fabriquer des vêtements plus rapidement. Liu Ying a peur que les techniques ancestrales se perdent mais elle ne se laisse pas abattre pour autant : depuis 2005, elle forme volontairement des femmes à l’art de la broderie. « J’organise au moins trois formations par an, chacune accueillant environ 300 brodeuses. À l’issue de la formation, celles-ci peuvent travailler de manière indépendante depuis leur domicile », explique Liu Ying. Son entreprise se développe ainsi plus rapidement et cette démarche garantit la conservation des traditions.

Ces dernières années, l’agenda de Liu Ying a été bien rempli : conception des motifs pour ses créations artisanales, gestion de son entreprise et prise en considération du développement de sa région natale. Elle a élargi la formation à d’autres districts dans la région autonome miao et dong du sud-est du Guizhou. Actuellement, son entreprise collabore avec des brodeuses dans 12 des 16 districts de cette zone rurale. Cette année, son ambition est de couvrir quatre autres districts. L’entreprise reçoit les commandes, conçoit les motifs et les brodeuses basées dans les villages confectionnent les produits. L’entreprise vend plus de 10 000 pièces brodées par an, avec un chiffre d’affaires annuel estimé à plus de 20 millions de yuan (3 millions de dollars). Chaque brodeuse gagne plus de 10 000 yuans (1 527 dollars) par an.

Peu encline au commerce, Liu Ying favorise avant tout la préservation de l’histoire et de l’art ethnique. « Les totems sur les motifs de la broderie miao représentent notre culture traditionnelle. Le travail fait main apporte une certaine élégance à la broderie miao et revêt d’un sens plus profond », souligne-t-elle, en présentant un sac à main décoré de broderie miao. « À mon avis, pour préserver et perpétuer les traditions, il faut innover tout en conservant les techniques ancestrales », poursuit-elle.

Un amour pour sa culture qui la conduit à un enthousiasme sans borne. Elle a vraiment à cœur de transmettre ce patrimoine culturel immatériel. Son vœu le plus cher est de faire connaître davantage cet art ancestral, en particulier à l’étranger. En 2017, dans une exposition artistique en France, ses objets de broderie ont été extrêmement appréciés par les artistes français. Cela l’a beaucoup impressionnée. Ses œuvres se vendent bien en Europe, en Amérique du Nord et au Japon.

Mère d’une fille de 22 ans, voici donc venu le moment de passer le relais. Sa fille est également passionnée par la broderie miao et fait preuve, comme sa mère, d’un esprit très créatif. « J’espère que la tradition pourra se perpétuer de génération en génération. Je me suis engagée dans cette voie et je tiens à mener à bien ma mission », confie Liu Ying à CHINAFRIQUE.

 

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