Le 19 avril 2021, le président chinois Xi Jinping s’est entretenu avec des professeurs et des étudiants du Laboratoire d’imagerie et d’intelligence de l’Université Tsinghua. Il a visité cette université à l’approche du 110e anniversaire de sa fondation.  

Les progrès économiques de la Chine depuis le début de la réforme et de l’ouverture en 1978 donnent de l’espoir à tous les pays en développement : si la Chine peut le faire, ils le peuvent également. Un rapport de 2019 du Credit Suisse Group, société de services financiers basée en Suisse, indique que la Chine est la championne de ce siècle en matière de création de richesse. Les chiffres qu’il cite sont tout simplement incroyables. Après avoir surmonté avec succès les effets de la crise financière mondiale de 2008-2009, contrairement à de nombreux autres pays, la Chine a vu la richesse totale de ses ménages passer de 3 700 milliards de dollars en 2000 à 63 800 milliards de dollars en 2018, soit une multiplication exponentielle par dix-sept. La transformation de la Chine d’une société à prédominance agricole en la deuxième économie mondiale a permis à des centaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté absolue et a créé une vaste classe moyenne qui poursuit son ascension vers le statut de classe moyenne supérieure.

Selon le China Power Project du Center for Strategic and International Studies, en 2000, la classe moyenne chinoise comptait 39,1 millions de personnes (seulement 3,1% de la population), mais en 2018, ce nombre avait grimpé à environ 707 millions de personnes (50,8% de la population). Évidemment, la Chine est allée bien au-delà de la simple création de richesse : en prenant comme référence l’indicateur de la Banque mondiale de la pauvreté absolue des personnes vivant avec moins de 1,9 dollar par jour, on constate que la pauvreté mondiale est passée de 36% de la population mondiale (1,9 milliard de personnes) en 1990 à environ 8,7% (669 millions de personnes) en 2018. La Chine était responsable, à elle seule, de 60% de cette réduction drastique. Un résultat impressionnant.

Le 3 juin 2021, le Mémorial du premier Congrès du PCC a ouvert ses portes à Shanghai.  

Comprendre ses propres atouts

Comment la Chine a-t-elle engendré ce miracle économique ? Des centaines de livres et des milliers d’articles ont été consacrés à ce sujet, mais lors de mes nombreux voyages en Chine ces dernières décennies, j’ai étudié en détail le développement de la Chine et j’ai moi-même été témoin de sa spectaculaire émergence en tant que prodige économique. La réforme et l’ouverture de la Chine se sont d’abord concentrées sur la revitalisation du secteur agricole, qui représentait la plus grande part de son économie à l’époque. Par la suite, la Chine a commencé à créer des zones économiques spéciales dans ses régions côtières pour favoriser la fabrication à forte intensité de main-d’œuvre, en profitant de son offre de main-d’œuvre bon marché et abondante. Dans les années qui ont suivi, elle est devenue progressivement l’atelier du monde.

Ensuite, en allouant de nombreux crédits à travers des institutions publiques, le modèle économique des zones économiques spéciales a été mis en œuvre dans tout le pays et la Chine a commencé à monter dans la chaîne de valeur en investissant dans l’enseignement supérieur et la formation, afin que la main-d’œuvre à bas prix ne soit pas son seul avantage. Des trains à grande vitesse, des autoroutes et d’autres infrastructures ont rapidement suivi. De plus en plus d’entreprises étrangères sont venues investir en Chine, et la Chine a également commencé à investir à l’étranger. En 2001, quand la Chine est devenue membre de l’Organisation mondiale du commerce, elle était déjà devenue un acteur économique mondial. Sous la direction avisée du Parti communiste chinois (PCC), le pays a réussi à éviter les répercussions dommageables de la crise financière de 2008-2009 provoquée par les pratiques douteuses des institutions financières occidentales. De cette position de force, la Chine a commencé à investir massivement dans les technologies du futur, telles que l’intelligence artificielle, l’énergie renouvelable (comme le solaire) et la biotechnologie sur la base du nouveau concept de développement du PCC, qui a fait de l’innovation le principal moteur de développement. En une génération seulement, la Chine est passée du statut d’acteur mineur sur la scène économique mondiale à la deuxième économie mondiale. De nombreux analystes estiment qu’elle finira par dépasser les États-Unis.

L’Afrique peut tirer de nombreuses leçons de cette incroyable histoire de développement, mais la plus importante est peut-être qu’il faut prendre conscience de la force de ses propres atouts et construire l’économie sur ceux-ci. Cela nécessite également de concevoir une stratégie globale de développement en suivant une théorie directrice. Dans le cas de la Chine, au cours de la dernière décennie, ce fut la pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère. Comme nous le disons en Afrique : « Celui qui n’a pas d’étang ne devrait pas élever de crocodiles. » La main-d’œuvre était le principal atout de la Chine quand elle a commencé son ascension, et une main-d’œuvre jeune et en croissance est aujourd’hui le grand avantage de l’Afrique. L’Afrique subsaharienne compte actuellement une population totale de 800 millions et d’ici la fin de ce siècle, on estime que l’Afrique représentera plus d’un tiers de la population mondiale. De plus, elle est jeune : environ 75% de cette population a moins de 30 ans, selon les rapports du Programme des Nations Unies pour le développement. Les réformes agricoles ont donné le coup d’envoi de l’avancée de la Chine et, de la même façon, l’agriculture a le potentiel pour devenir un atout africain encore plus important, de sorte que le continent puisse se nourrir et exporter également dans le monde. Pour aller de l’avant, nous avons également besoin d’investissement dans les infrastructures, en particulier dans des domaines tels que la production et la transmission d’électricité, ainsi que le transport pour acheminer les marchandises vers les marchés. J’ai vu en Chine à quel point les smartphones sont devenus omniprésents. Les Chinois les utilisent dans tellement de situations que l’argent liquide commence à devenir obsolète. Recourir à la technologie mobile peut permettre de dépasser de nombreuses technologies archaïques. À ce sujet, l’Afrique est au même niveau que d’autres dans le monde. Les téléphones portables sont plus qu’un moyen de communication, ils sont un pôle d’activité et de commerce alimenté par la technologie. Le nombre d’utilisateurs de téléphones mobiles en Afrique a doublé depuis 2010 et de nouveaux réseaux 4G apparaissent pour desservir les 250 millions d’appareils compatibles avec la 4G. Les jeunes utilisant la technologie mobile seront le futur de l’Afrique.

Distribuer la richesse

La création de richesse était importante dans l’agenda du gouvernement chinois, mais à présent, une distribution équitable est l’objectif, et pour cela, il faut faire l’éloge de la Chine. En prenant comme référence l’indice de la Banque mondiale de la pauvreté absolue des personnes vivant avec moins de 1,9 dollar par jour, on voit que la Chine a éradiqué la pauvreté absolue juste avant le centenaire du PCC. Bien sûr, il reste encore beaucoup à faire : comme les autres pays dans le monde entier, la Chine est également confrontée au problème des disparités entre les riches et les pauvres. Mais le succès de la Chine dans l’élimination de la pauvreté absolue en l’espace de quelques décennies est magnifique ; elle est l’objectif que toutes les nations en développement devraient essayer d’atteindre, en faisant de leur mieux.

Cette réussite en matière de réduction de la pauvreté ne s’est pas manifestée seule, sans aide, mais simplement comme un résultat bienvenu de la croissance économique constante de la Chine. Cela a nécessité des actions spécifiques et des mesures ciblées visant les ruraux pauvres. Le président chinois Xi Jinping, qui est également le secrétaire général du PCC, a personnellement mené les efforts du pays dans la lutte contre la pauvreté et a élaboré la stratégie directrice de la campagne nationale. L’ensemble du pays a été mobilisé et d’énormes investissements ont été consentis en vue d’atteindre cet objectif, avec des mesures créatives et adaptées localement. La Chine a développé un système d’allocations de subsistance en milieu rural couvrant l’ensemble de sa population rurale, lui assurant un niveau de vie de base acceptable. Au fil des ans, de nombreux politiciens dans le monde ont déclaré « la guerre à la pauvreté », mais la Chine est le pays qui a remporté la victoire en premier.

La richesse doit être générée avant de pouvoir être distribuée, mais une fois que les nations acquièrent des ressources importantes, les pauvres ne doivent pas être oubliés et une grande partie de cette abondance doit servir à garantir que tous puissent connaître une vie productive. Sous la direction du PCC, la Chine a inspiré le monde en développement avec son succès dans la construction d’une économie avancée en seulement une génération. En Afrique, nous prendrons ces leçons à cœur en investissant dans notre population, en commençant par le secteur agricole et en construisant une économie portée par nos jeunes équipés des dernières technologies. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire de la Chine : les plus pauvres n’ont pas été oubliés, des efforts spécifiques et immenses ont été déployés pour aider les ménages ruraux. En Afrique, nous partageons cette philosophie. L’un de nos proverbes dit d’ailleurs : « Un ami est quelqu’un avec qui vous partagez le chemin. »

*OLUSEGUN OBASANJO est ancien président du Nigéria et coprésident de l’InterAction Council.