Des universitaires et des responsables chinois et sud-africains rendent hommage au centenaire du PCC et du SACP.

Qu’est-ce qui a permis au Parti communiste chinois (PCC) de perdurer et de se développer au cours du siècle dernier ? Et comment va-t-il se perpétuer et continuer à évoluer au cours des prochaines décennies ? Telles sont les questions posées par David Monyae, codirecteur du Centre d’études Afrique-Chine à Université de Johannesburg, lors d’un séminaire en ligne organisé le 15 juin pour célébrer le centenaire de la fondation du PCC et du Parti communiste sud-africain (SACP). 

Le PCC et le SACP ont été créés respectivement le 23 et le 30 juillet 1921, dans le cadre de la lutte pour la libération nationale et pour le socialisme. Pour célébrer ce double événement, CHINAFRIQUE et The Diplomatic Society ont organisé un webinaire d’échanges entre partis avec pour thème « Prospectives et perspectives ». Des personnalités remarquables de par leurs engagements au sein de leur communauté respective ont tenu à s’exprimer sur le sujet. 

Chris Matlhako, deuxième secrétaire général adjoint du Parti communiste sud-africain 

Le PCC et le SACP ont été parallèlement créés en juillet 1921. Ces deux partis peuvent être considérés comme des jumeaux, nés dans des contextes à la fois similaires et différents. Tous deux créés au « tiers-monde », dans des conditions de pauvreté et de sous-développement profonds, ils ont été confrontés aux défis de la libération nationale et de la construction du socialisme. Ces deux partis ont énormément contribué à l’élaboration de la théorie socialiste. La Chine, partie de rien, est désormais la deuxième plus grande économie du monde, et ce grâce au PCC qui a apporté une contribution considérable aux accomplissements jusqu’à aujourd’hui. Il reste encore beaucoup à accomplir pour l’humanité. L’ICR, qui permet à l’État sud-africain post-apartheid et aux forces politiques progressistes, dont le SACP, de jouer un rôle important, ouvre la voie à de nouvelles réalisations. 

Peng Yi, codirectrice du Centre d’études Afrique-Chine, Université de Johannesburg 

Sous la direction du PCC, la Chine a accompli de grandes réalisations (économie, sécurité sociale, bien-être social et protection de l’environnement) au cours des dernières décennies. Les commentaires positifs représentent la pensée dominante de nos amis africains, et même d’individus du monde entier. À l’occasion du centenaire du PCC, les recherches sur les raisons du succès du Parti et les leçons à en tirer sont plus que jamais d’actualité. Depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le pays a longtemps fait progresser la gouvernance fondée sur le droit, sous l’impulsion des différents dirigeants du PCC. Suite au XVIIIe Congrès national du PCC en 2012, l’objectif mis en avant par le Parti était d’achever la construction d’une société modérément prospère. La direction du PCC présente les caractéristiques suivantes : l’exercice et l’application de la loi, le leadership du PCC dans la gouvernance fondée sur la loi et le respect d’une discipline stricte au sein du PCC lui-même. 

Andile Mosha, premier secrétaire national adjoint de la Young Communist League (YCL) d’Afrique du Sud 

La ligue YCL a été créée en 1922 par décision du SACP. Cette organisation autonome joue un rôle instrumental en tant qu’école préparatoire du parti. Elle s’occupe de la défense des intérêts des jeunes et encourage ceux-ci à s’orienter vers une voie révolutionnaire. Elle assure également la défense des intérêts de la classe ouvrière et de leurs luttes à la fois au niveau national et international. Nous avons consacré nos campagnes et nos activités à faire en sorte que le SACP occupe une meilleure position. Le PCC se démarque par son excellence et constitue un bon exemple à suivre. 

Xia Qingjie, professeur d’économie, École d’économie et Institut de la coopération et du développement Sud-Sud, Université de Pékin 

L’une des plus grandes réalisations du PCC est d’avoir sorti le peuple chinois de l’extrême pauvreté. Lors de la campagne nationale dédiée à cette cause, le PCC s’est efforcé de satisfaire les besoins primaires des personnes défavorisées des zones rurales (nourriture, vêtements, logement décent, accès à l’enseignement obligatoire et aux services médicaux de base). C’est le meilleur moyen pour obtenir un résultat sur le long terme. En 1949, la Chine était encore un pays agricole ne possédant que quelques industries artisanales. Il ne lui était pas encore possible de produire des vélos et des machines à coudre, sans parler de voitures ou d’avions. En outre, le taux d’analphabétisme en milieu rural dépassait les 95 % et le taux de scolarisation des enfants d’âge scolaire n’était que de 20 % environ. C’est dans ce contexte que le PCC a adopté sa réforme agraire, sa réforme économique, sa réforme de l’éducation et sa réforme des soins de santé. Ces mesures se sont révélées efficaces : au total, environ 800 millions de personnes ont été sorties de la pauvreté en Chine au cours des 40 dernières années, depuis que le pays a adopté la politique de réforme et d’ouverture fin 1978. 

David Monyae, codirecteur du Centre d’études Afrique-Chine, Université de Johannesburg 

La Chine et l’Afrique ont beaucoup en commun, ce serait-ce que les humiliations dans le passé. Les pays africains ont été colonisés par d’autres puissances, principalement européennes, qui ont conquis la plupart de leurs territoires. La Chine a été humiliée après la Première Guerre mondiale lorsqu’elle a perdu des territoires non restitués alors qu’elle était du côté des vainqueurs. Ce qui a permis au PCC de perdurer et de se développer au cours du siècle dernier, en particulier pendant les dernières années de la guerre froide, est le fait d’être un parti centré sur le peuple. Sa mission initiale était de se débarrasser des forces extérieures et, plus important encore, de placer le peuple au centre de son action. C’est la leçon que nous devons en retenir. Sortir la population de la pauvreté est une autre réussite exemplaire. Le PCC n’a jamais oublié sa mission initiale : répondre aux besoins primaires de la population en lui apportant de quoi se nourrir, en lui donnant accès à des services de santé, en construisant des routes et des écoles et en améliorant la productivité agricole. 

La Chine poursuivra dans cette voie en restant centrée sur son peuple, quoi qu’en dise l’Occident, car c’est sa plus grande force. 

Kirtan Bhana, directeur de The Diplomatic Society 

Le centenaire est une étape importante, même si la Chine et l’Afrique ont toutes deux une histoire qui remonte à plusieurs millénaires. La période 1921-2021 est à considérer comme une époque de transition et de transformation technologique et sociétale. Cette année, le Président chinois Xi Jinping a annoncé que la Chine avait atteint son objectif de lutte contre la pauvreté absolue. Un objectif que de nombreuses nations développées n’ont pas encore été en mesure d’atteindre. La Chine est en bonne voie quant à une croissance rapide dans divers domaines, à mesure que la politique de réforme et d’ouverture introduite par Deng Xiaoping prenne effet. Dans son ouvrage Xi Jinping : la gouvernance de la Chine, le Président Xi expose en détail l’idéologie du socialisme à la chinoise pour une nouvelle ère et les idéaux d’une prospérité modérée. 

Pour vos commentaires : lixiaoyu@chinafrica.cn