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L'avenir des relations sino-américaines avec Joe Biden |
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Chen Wenling · 2021-01-27 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: Joe Biden; relations sino-américaines |
Le 20 janvier, Joe Biden, 78 ans, a prêté serment en tant que 46e président des Etats-Unis sur le parvis du Capitole, deux semaines après que de manifestants violents ont fait irruption dans le bâtiment, et à un moment où le pays est profondément divisé et enlisé dans la pandémie du COVID-19. La tâche qui l’attend est ardue. Il doit s’attaquer aux conflits raciaux, à l’écart grandissant entre les riches et les pauvres, et également dissiper l’anti-intellectualisme, le populisme et le maccarthysme.
Joe Biden prête serment en tant que 46e président des Etats-Unis à Washington, le 20 janvier. (Photo : Xinhua)
Contrairement à son prédécesseur Donald Trump, M. Biden prône le multilatéralisme, et sous sa direction, les Etats-Unis pourraient rejoindre les organisations et les traités internationaux dont ils se sont retirés sous la présidence de M. Trump. Mais quelle sera l’approche à l’égard de la Chine ? M. Biden remodèlera-t-il les liens bilatéraux ou les laisser se détériorer davantage ?
Même si les tensions entre la Chine et les Etats-Unis sont montées en flèche avec M. Trump, le potentiel de coopération est énorme dans cinq domaines principaux.
Primo, la prévention et le contrôle de la pandémie. Il y a eu plus de 400 000 décès en un an dus au COVID-19. M. Biden a annoncé que les Etats-Unis réintégreraient l’Organisation mondiale de la santé le premier jour de son mandat, et il est à souhaiter que le pays puisse travailler avec la Chine pour contrôler la pandémie.
Secundo, la reprise économique. L’économie mondiale est entrée en 2020 dans la récession la plus profonde depuis la Grande Dépression des années 1930, selon le Fonds monétaire international notamment. La plupart des grandes économies ont connu une stagnation, la Chine étant la seule exception. Son PIB pourrait représenter 17 % du PIB mondial en 2020, alors que si l’on y ajoute celui des Etats-Unis, le pourcentage s’élèverait à plus de 40 %. Un redressement américain permettrait ainsi de sortir plus rapidement de la récession.
Tertio, l’énergie. Après leur révolution du gaz de schiste, les Etats-Unis sont devenus le premier producteur de pétrole et de gaz. La Chine étant le plus grand importateur d’énergie (plus de 70 % de son énergie est importée), il est donc logique que les deux pays soient partenaires dans ce secteur. Les frictions commerciales initiées par M. Trump ont nui aux Etats Unis, la Chine ayant diversifié ses approvisionnements au Moyen-Orient, en Russie et au Myanmar. Si les Etats-Unis persistent, ils risquent de perdre l’accès à un marché lucratif.
Quarto, l’économie numérique. Les deux pays peuvent collaborer davantage dans la gouvernance du cyberespace ainsi que dans le commerce et la fabrication numériques. Les Etats-Unis comptent huit des dix plus grandes entreprises Internet du monde, les deux autres étant des entreprises chinoises. Ils sont le plus grand innovateur numérique et la Chine possède le plus grand nombre d’applications. La coopération entre ces deux pays aura un effet boule de neige et favorisera le développement de l’économie numérique mondiale.
Quinto, la gouvernance mondiale. Les Etats-Unis ont apporté une contribution substantielle à l’édification et au maintien de l’ordre mondial et des règles internationales après la Seconde Guerre mondiale. M. Trump a cependant fait tout son possible pour détruire ce que son pays avait construit. L’administration de M. Biden devrait revenir à ces règles et institutions pour dissiper le chaos et l’imprévisibilité.
Le stand de l’entreprise américaine Air Products and Chemicals pour sa première participation à la 3e Exposition internationale des importations de Chine (CIIE), le 7 novembre 2020, à Shanghai. (Photo : Xinhua)
Les relations bilatérales peuvent ainsi suivre trois voies possibles. Le meilleur scénario, c’est que les dirigeants des deux pays remettent les relations sur les rails. La Chine n’a jamais eu pour objectif de remplacer les Etats-Unis, mais de se concentrer sur son propre développement. La deuxième possibilité est un mélange de coopération et d’endiguement. La coopération sera maintenue dans certains domaines, Washington se rendant compte que l’endiguement général de la Chine sera contrebalancé par des contre-mesures. Dans le pire des cas, les Etats-Unis continueront de faire pression sur la Chine et d’intensifier leur ingérence dans ses affaires intérieures. Cela signifiera une confrontation totale et les deux pays en pâtiront.
L’auteure est économiste en cheffe du Centre pour les échanges économiques internationaux de Chine.