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Vaccins pour tous |
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Tom Fowdy · 2021-01-19 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: coopération; vaccin; COVID-19 |
Un représentant de la société pharmaceutique malaisienne Pharmaniaga signe un accord avec son homologue chinois de Sinovac pour la fourniture de 14 millions de doses de vaccin inactivé contre le COVID-19 à Kuala Lumpur, le 12 janvier. (Photo : Xinhua)
Dans un monde en proie au COVID-19, jamais la coopération mondiale n’a été aussi urgente, aussi bien pour fournir une assistance médicale dans la lutte contre l’épidémie que pour distribuer les vaccins. La Chine joue un rôle crucial pour aider les pays dans le besoin, que ce soit via une aide financière ou des dons, mais aussi par la production conjointe notamment. Ce virus est un défi mondial, et il est fondamentalement inapproprié que certains pays se mettent aux premiers rangs ou considèrent cette pandémie comme un moyen de réaliser des profits.
Dans les propos et les discours des dirigeants chinois, nous entendons à plusieurs reprises l’expression « communauté de destin pour l’humanité ». Qu’est-ce que cela veut dire ? En quoi est-ce important ? Ce concept fait référence au phénomène de la mondialisation et de l’intégration entre les pays. En raison de l’impact des technologies et des télécommunications, le monde devient de plus en plus petit, plus connecté et plus uni. Les événements majeurs dans les pays, qu’ils soient économiques, politiques ou naturels, n’ont pas de frontières nationales et ont de plus en plus de conséquences pour les autres. Cela implique que l’humanité, de plus en plus interdépendante, doit travailler main dans la main pour résoudre les problèmes et les défis communs auxquels elle est confrontée, pour le plus grand bien de tous. Une crise climatique en Australie, par exemple, est une crise climatique pour le monde. Une crise économique en Amérique ou en Chine a des répercussions sur les marchés mondiaux. L’humanité ne vit plus dans des communautés isolées et distinctes qui ne dépendent pas les unes des autres et n’ont aucun contact. Tout a des implications mondiales, des biens que nous achetons aux produits culturels que nous regardons et consommons.
Les dirigeants chinois se font donc l’écho de cette situation en appelant à des solutions diplomatiques communes face aux défis mondiaux, et en mettant en garde contre les phénomènes qui la perturbent, notamment le protectionnisme, les divisions géopolitiques et l’unilatéralisme. Au cours de cette pandémie, ce concept est essentiel pour la distribution des vaccins et la lutte contre l’épidémie.
Bien qu’un certain nombre de vaccins aient été mis au point et soient en cours d’utilisation, leur distribution dans le monde a été fondamentalement inégale. En un mot, les pays riches ont monopolisé leur utilisation et se sont placés en tête de la file d’attente, négligeant les pays qui n’ont pas les ressources financières et les capacités scientifiques. Traditionnellement, l’Occident aidait ces pays, supposant que ceux-ci ne seraient pas en mesure de lutter contre une épidémie. Cependant, touchés par le COVID-19, les pays occidentaux sont obligés de s’accorder la priorité. Par exemple, le Canada aurait acquis 10 vaccins pour chaque personne dans le pays auprès des sociétés pharmaceutiques comme Pfizer, tandis que d’autres pays comme les Etats-Unis empruntent la voie du « nationalisme vaccinal » et refusent de coopérer. Cela réduit les possibilités pour les pays les plus pauvres d’acquérir des vaccins. Ils sont contraints d’attendre potentiellement jusqu’en 2022 ou 2023.
La question des bénéfices est également un obstacle. Le vaccin doit-il être un bien gratuit, avec un brevet destiné à toute l’humanité ? Ou doit-il appartenir à une entreprise qui en profite seule ? Les pays occidentaux ont opté pour la dernière option, bloquant au nom de la « propriété intellectuelle » les propositions à l’Organisation mondiale de la santé de la part des pays en développement de partager des informations sur les vaccins. Pfizer est avant tout une entreprise. Le marché mondial des vaccins est faussé car les pays les plus pauvres se voient refuser le droit d’accéder et de reproduire ses idées. Ils doivent acheter le produit au lieu de le fabriquer eux-mêmes, et cela au prix fort. De plus, de nombreux pays en développement n’ont tout simplement pas les moyens logistiques pour conserver le vaccin de Pfizer à une température de moins 70 degrés Celsius. Au final, la situation générale est inégale.
Cette perspective est la raison pour laquelle la notion « communauté de destin pour l’humanité » compte en définitive. La Chine ne suit pas la même logique que celle des pays occidentaux et de leurs grandes sociétés pharmaceutiques. La capacité de la Chine à contenir le virus a rendu la situation moins urgente qu’en Occident, et le président chinois Xi Jinping s’est engagé à faire des vaccins chinois un bien public et à les distribuer, en particulier aux pays africains, en fournissant une assistance si nécessaire. La production conjointe est également au programme. Un nombre croissant de pays ont acquis les vaccins chinois, principalement en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et au Moyen-Orient. L’Indonésie en dépend fortement, car les vaccins comme celui de Pfizer sont tout simplement trop chers et irréalisables pour un archipel tropical en développement de plus de 200 millions d’habitants.
Même si les médias occidentaux ont beaucoup fait pour discréditer sans fondement les vaccins chinois, ceux-ci font finalement la différence pour de nombreuses personnes dans le monde et donnent ainsi aux pays la possibilité de sortir de la pandémie et de redémarrer l’économie, ce qui serait difficilement réalisable s’ils attendaient les pays occidentaux.
Le COVID-19 n’a pas de frontières et, en raison de sa propagation souvent asymptomatique, il peut apparaître n’importe où sans être détecté. Il est fondamentalement mal que certains pays aient tenté de stigmatiser d’autres pays et de rejeter la responsabilité sur eux pour une question sur laquelle le monde devrait travailler ensemble. Ce n’est pas en proférant des accusations que l’on pourra venir à bout de l’épidémie. Dans la pratique, la coopération bienveillante et la diplomatie sont essentielles. Il faut vacciner le monde, et plus les pays mettront en commun leurs ressources et leurs visions, plus vite cette crise pourra être surmontée.
(L'auteur est analyste britannique en matière de politique et des relations internationales)