En l’espace de cinquante ans, l’Éthiopie et la Chine ont renforcé leur coopération à plusieurs niveaux. 

Teshome Toga 

Depuis l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l’Éthiopie en 1970, les liens entre les deux pays n’ont cessé de se resserrer. Ces dernières années, avec la mise en place du partenariat stratégique global de coopération entre la Chine et l’Éthiopie, les deux pays ont approfondi leur confiance politique mutuelle et obtenu des résultats fructueux en matière de coopération dans divers domaines.

À Beijing, CHINAFRIQUE a rencontré Teshome Toga, ambassadeur éthiopien en Chine, pour discuter de l’état actuel et futur des relations entre les deux pays.

CHINAFRIQUE : Selon vous, quels ont été les points forts des relations entre l’Éthiopie et la Chine jusqu’à présent et comment pourraient-elles se développer à l’avenir ? 

Teshome Toga : Au cours des 50 dernières années, la Chine et l’Éthiopie ont coopéré dans de nombreux domaines au niveau bilatéral ainsi que sur des questions concernant les deux pays au niveau mondial. L’un des points forts de cette coopération est l’engagement politique, qui se caractérise par une confiance politique forte et un engagement de haut niveau entre les deux parties. En 2017, la Chine et l’Éthiopie sont devenues des partenaires stratégiques complets.

Nous avons également coopéré sur des questions régionales telles que la paix et la sécurité, les questions climatiques, la lutte contre le terrorisme et la coopération sur les programmes de réforme des Nations unies. Récemment, la Chine a commencé à contribuer au développement des ressources humaines de l’Éthiopie. Nous avons un nombre croissant d’étudiants éthiopiens dans les universités et autres établissements d’enseignement supérieur chinois. Nous souhaitons que ce nombre puisse augmenter et se développer.

En outre, nous coopérons dans le domaine de la technologie des transports. L’Éthiopie a d’ailleurs lancé son premier satellite l’année dernière avec l’aide de l’Académie chinoise des technologies spatiales.

Les deux pays ont également une forte coopération dans le domaine de l’aviation et Ethiopian Airlines est maintenant la principale compagnie aérienne africaine [opérant entre les deux pays] avec environ 40 vols hebdomadaires des villes chinoises vers l’Afrique. Cela devrait également augmenter le nombre de touristes chinois en Éthiopie.

À l’avenir, nous aimerions voir une augmentation de la coopération avec la Chine sur la base de nos réalisations.

Les projets d’investissement chinois en Éthiopie ont stimulé nos exportations, généré des devises étrangères et contribué au transfert de technologies. Nous aimerions donc continuer à travailler avec la Chine pour accroître les investissements étrangers directs. Au cours des dix prochaines années, nous établirons des coopérations avec la Chine dans le domaine de l’e-commerce et des entreprises en ligne qui nécessitent des technologies.

Nous prévoyons de développer le commerce avec la Chine afin que le volume des échanges augmente et que, dans le même temps, le fossé commercial s’améliore également. Nous souhaitons également ajouter de la valeur à nos produits afin de vendre au moins des produits semi-finis et entièrement transformés, comme le café, aux consommateurs chinois.

Comment pensez-vous que la coopération entre la Chine et l’Éthiopie bénéficie au peuple éthiopien ? 

L’avantage est évident. La Chine a 1 590 projets d’investissement en Éthiopie. Cela signifie que des emplois ont été créés et qu’environ 300 000 Éthiopiens ont bénéficié de ces projets d’investissement. C’est un bénéfice direct.

Deuxièmement, les infrastructures construites par les Chinois, comme les routes et le réseau ferroviaire, peuvent être utilisées quotidiennement et créent également des emplois permanents et temporaires. En outre, cela stimule nos exportations et avec cette augmentation, nous obtenons davantage de devises, ce qui nous soutient notre économie.

La coopération dans l’éducation est un autre domaine qui présente des avantages, car les connaissances et les compétences permettent de contribuer au développement du pays.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, la Chine et les pays africains se sont entraidés en ces temps difficiles. Que pensez-vous de la coopération entre l’Éthiopie et la Chine dans la lutte commune contre l’épidémie ? 

Lorsque de nouveaux cas de coronavirus ont été signalés [début 2020] à Wuhan, épicentre de la COVID-19 en Chine, l’Éthiopie a été l’un des premiers pays à tendre la main à la Chine et à lui exprimer sa solidarité et son soutien. Le président éthiopien Sahle-Work Zewde, le premier ministre Abiy Ahmed et le ministre des Affaires étrangères Gedu Andargachew ont tous communiqué avec leurs homologues [chinois].

Ethiopian Airlines a travaillé avec les autorités chinoises tout au long de la pandémie et a converti ses vols de passagers en vols de fret, opérant dans quatre ou cinq villes différentes en Chine. La compagnie aérienne a également été un important fournisseur d’équipements médicaux non seulement pour l’Éthiopie et l’Afrique dans son ensemble, mais aussi pour l’Europe et les pays d’Amérique latine. Cela va bien au-delà du monde des affaires et témoigne de la responsabilité sociale des entreprises. Nous devons féliciter le gouvernement éthiopien et la direction d’Ethiopian Airlines ainsi que son personnel. Nous avons également été critiqués pour avoir mis fin à ces opérations, mais nous sommes restés solidaires du peuple et du gouvernement chinois.

Nous avions environ 300 étudiants éthiopiens à Wuhan. Ils ont fait preuve de courage et de solidarité avec la population locale. Aucun étudiant éthiopien n’a été évacué de Wuhan et, heureusement, aucun d’entre eux n’a été infecté. Les amis sont toujours solidaires dans les moments de bonheur et dans les moments difficiles. C’est ce que nous avons fait.

Mais en retour, je dois également mentionner que le gouvernement chinois, le secteur privé et le secteur gouvernemental ont été les premiers à fournir à l’Éthiopie et à l’Afrique de grandes quantités d’équipements médicaux. L’Éthiopie a été l’un des premiers pays à recevoir des experts médicaux chinois expérimentés dans le cadre de la COVID-19, qui ont partagé leurs connaissances avec leurs homologues éthiopiens.

La Chine est le plus grand partenaire commercial de l’Éthiopie, sa source d’investissement et son partenaire de développement. Comment la coopération économique entre la Chine et l’Éthiopie peut-elle être renforcée pour atténuer l’impact de la pandémie ? 

La pandémie a ralenti les activités économiques en Éthiopie. Maintenant, le gouvernement doit soutenir les secteurs qui ont été hors production ou qui ont ralenti la production et c’est ce que nous avons essayé de faire. À cet égard, des institutions multilatérales et des pays comme la Chine ont apporté leur soutien.

Nous espérons que la coopération économique avec la Chine se poursuivra au cours de l’après-COVID-19. Nous avons également besoin de plus d’investissements étrangers directs et d’une augmentation des échanges commerciaux avec la Chine. Nous voulons envoyer plus de produits en Chine. Nous faisons la promotion de nos produits ainsi que la promotion d’un nouveau tourisme pour les visiteurs de Chine. Nous appelons le secteur privé chinois à en faire plus en Éthiopie. La relance post-COVID-19 nécessite des financements supplémentaires dont nous avons besoin pour renforcer ces mécanismes.