L’ambassadrice du Cap-Vert en Chine évoque l’importance d’une coopération étendue avec la Chine.

Tania Romualdo, ambassadrice du Cap-Vert en Chine

Le 45e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Cap-Vert a été célébré le 25 avril. Ces dernières années, la coopération entre les deux pays s’est progressivement renforcée, notamment dans le cadre du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA). À cette occasion, CHINAFRIQUE s’est entretenu avec Tania Romualdo, ambassadrice du Cap-Vert en Chine, pour parler des liens entre les deux pays. CHINAFRIQUE vous propose des extraits de cette interview.

CHINAFRIQUE : Quels ont été les points forts des relations entre le Cap-Vert et la Chine au cours de ces 45 dernières années ?

Tania Romualdo : Le Cap-Vert et la Chine entretiennent des relations très franches, transparentes, continues et mutuellement bénéfiques. Les deux pays sont de vieux amis et savent qu’ils peuvent compter l’un sur l’autre.

Depuis le 25 avril 1976, la Chine joue un rôle important dans le développement du Cap-Vert. La capitale abrite des bâtiments publics construits par la Chine, comme les bâtiments de la présidence, du Parlement et du gouvernement. Le stade national dans lequel sont basés les Blue Sharks (l’équipe nationale de football) a également été construit par la Chine, et le barrage de Poilão est d’une grande utilité pour les agriculteurs locaux.

Le dialogue politique et diplomatique s’est élargi au fil des années. Notre amitié et notre coopération se sont développées de manière saine et stable. Les échanges bilatéraux de haut niveau se sont multipliés, avec des rencontres fréquentes au niveau des gouvernements, des assemblées et des partis politiques. Nous sommes reconnaissants à la Chine d’accorder son soutien au développement du Cap-Vert et de rechercher des solutions adaptées à notre petit pays insulaire africain en développement.

Lors de la visite du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi au Cap-Vert en 2017, les deux pays ont exprimé leur forte volonté d’approfondir la coopération économique, avec la planification de la Zone économique spéciale sur l’île de São Vicente. Le Cap-Vert est l’un des partenaires importants de la Chine en Afrique, et les relations sino-capverdiennes sont un exemple de partenariat réussi entre un petit et un grand pays.

Sur quoi devrait porter la coopération sino-capverdienne en 2021 ?

En 2021, nous allons travailler dans la même direction. Le Cap-Vert et la Chine sont prêts à approfondir la coopération mutuellement bénéfique dans les domaines des infrastructures, du développement des zones économiques spéciales, de l’économie maritime, de la pêche, de l’agriculture et du développement des ressources humaines. Nous nous attendons également au renforcement de la coopération dans le secteur de la santé, notamment dans le contexte de la pandémie mondiale.

La stabilité politique devrait prévaloir au Cap-Vert. Une bonne gouvernance, une gestion macroéconomique prudente, l’ouverture commerciale avec une intégration croissante dans l’économie mondiale et l’adoption de politiques de développement social efficaces ont produit des résultats positifs depuis notre indépendance. L’environnement des affaires et des investissements continue de s’améliorer grâce aux réformes économiques. Les investissements chinois sont les bienvenus et contribueront à la croissance économique.

Que pensez-vous du rôle des échanges humains et culturels pour faire progresser les liens bilatéraux ? Comment renforcer davantage ces échanges ?

Nous constatons avec une grande satisfaction que les échanges socio-culturels entre le Cap-Vert et la Chine sont de plus en plus fréquents. Malheureusement, ils ont été suspendus depuis le début de la pandémie l’année dernière. Alors que la lutte contre la COVID-19 se poursuit et que les déplacements retrouvent progressivement leur cours normal dans le monde entier, nous espérons que les échanges humains et culturels reprendront et continueront de jouer leur rôle important pour mieux se connaître et se comprendre. Dans l’éducation et les sports, des domaines qui concernent généralement les jeunes, les échanges sont cruciaux et permettent de partager directement des expériences. Environ 300 étudiants capverdiens font leurs études supérieures en Chine. L’Institut Confucius, ouvert en 2015, rencontre un grand succès au Cap-Vert.

La pandémie de COVID-19 a-t-elle affecté la coopération économique entre les deux pays ? Comment la renforcer en cette période post-pandémique ?

Elle a eu un impact certain sur la coopération économique et le commerce mondial. Les déplacements et le transport des marchandises, notamment les transports longue distance, restent cependant difficiles et affectent nos contacts directs.

Certains pourraient penser que le Cap-Vert n’a pas grand-chose à offrir dans le domaine des ressources naturelles, alors que le pays occupe une position géostratégique importante. Il permet à la Chine d’exercer une influence essentielle au cœur de l’océan Atlantique grâce à notre partenariat stratégique et à l’initiative « la Ceinture et la Route » que nous avons rejointe en 2018.

Pour la deuxième question, nous utilisons plus de nouvelles technologies numériques depuis le début de la pandémie, mais cela reste encore un défi majeur. Le Cap-Vert accueille avec joie la coopération technologique et le partage des connaissances et de l’expertise en la matière avec la Chine. Nous saluons le développement de l’e-commerce dans notre pays et la participation massive des PME, dont un grand nombre sont dirigées par des jeunes et/ou des femmes.

Qu’attendez-vous du FCSA qui se tiendra au Sénégal cette année ?

Nous espérons que d’ici la fin de l’année, le Sommet du FCSA à Dakar pourra se dérouler hors ligne. Comme on le sait, la situation en Chine est actuellement sous contrôle, mais à l’échelle mondiale, il y a encore beaucoup à faire et voyager à l’étranger reste un problème de taille.

Les pays africains et la Chine travaillent à la préparation du FCSA de cette année, qui réunira les chefs d’État et de gouvernement de 53 pays africains et de la Chine. Ce sommet important élaborera et adoptera le prochain plan d’action qui guidera le développement des relations sino-africaines.

Nous nourrissons de grandes attentes à l’égard de ce sommet au plus haut niveau qui constitue une occasion extraordinaire de discuter de la meilleure voie à suivre pour renforcer davantage les relations entre la Chine et les pays africains.

Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn