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Un expert tout terrain |
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Li Kaizhi · 2020-10-29 · Source: Chinafrique | |
Mots-clés: Wei Wangfei; Sao Tomé-et-Principe; Chine; élevage agricole |
Un expert chinois s’est rendu à Sao Tomé-et-Principe pour participer à un projet de développement de l’élevage.
Wei Wangfei enseigne la technique de l’ensilage aux agriculteurs locaux, le 21 juin 2019.
Dès les premiers coups de minuit annonçant le Nouvel An 2020, les messages de vœux ont commencé à fuser sur le téléphone de Wei Wangfei. Parmi ceux-ci, « Je voudrais faire de l’ensilage... » : M. Wei a su tout de suite que c’était Cirilo Silva qui avait l’intention d’utiliser de la paille de maïs pour produire de l’ensilage. « Il s’est manifestement rendu compte des avantages », commente-t-il en souriant.
Wei Wangfei, 51 ans, est expert en élevage au Bureau de l’agriculture et des affaires rurales du district de Rongxian, dans la région autonome zhuang du Guangxi, dans le sud de la Chine. Au cours des 29 dernières années, il s’est spécialisé en transformation des aliments pour animaux et en chirurgie vétérinaire. En avril 2018, la Chine a envoyé à Sao Tomé-et-Principe une équipe d’experts agricoles spécialisée en élevage, culture et biogaz, dont M. Wei faisait partie. Il s’agissait de la deuxième mission d’experts chinois dans ce pays depuis la reprise des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs fin 2016.
« Je souhaitais transmettre des techniques d’élevage simples et pratiques aux populations locales afin de les aider à augmenter les rendements en optimisant leurs ressources très limitées pour apporter une valeur ajoutée », explique M. Wei.
En raison du manque de ressources foncières, l’élevage en est encore à ses débuts à Sao Tomé-et-Principe et son développement est relativement lent.
« Si l’on prend l’exemple de l’élevage porcin, la plupart des hangars des zones rurales rencontrent encore des problèmes tels que la non-standardisation des constructions, à l’exception de quelques entreprises. Les lacunes en termes de fonds et de technique, le coût élevé et la faible capacité de production constituent des facteurs qui limitent le développement des agriculteurs dans les zones rurales », ajoute-t-il. « Le développement de la sélection écologique peut être le meilleur choix, basé sur la stabilité du climat tropical et la richesse des ressources fourragères. »
Transformation de l’alimentation animale
Wei Wangfei explique le traitement traditionnel de la chirurgie mini-invasive pour les hernies ombilicales chez les porcelets, le 10 août.
C’est en juin 2018 que M. Wei s’est rendu pour la première fois dans la ferme de M. Silva. La saison sèche battait son plein ; l’herbe commençait à peine à se faner ; les 75 brebis et sept bovins du cheptel étaient inertes. Désolé par cette situation, M. Wei a eu l’idée d’y remédier en utilisant les méthodes d’ensilage et d’ammonification pour transformer les tiges de maïs en nourriture.
Épaulé par deux autres experts chinois, il a proposé de construire un silo de 15 m3 dédié à l’ensilage, l’ammonification et la fermentation biologique sur l’exploitation de M. Silva afin de l’initier à la technique d’exploitation de la paille ammoniaquée.
Un mois plus tard, ce dernier a pu collecter ses premiers produits ammoniaqués. Il les a mélangés aux aliments d’origine et les a ensuite distribués à son cheptel. Grâce à cette alimentation, l’ensemble de ses animaux a enfin commencé à s’engraisser. « La technique chinoise est si simple et tellement pratique ! », s’est réjoui M. Silva. Motivé par ces résultats, il s’est lancé dans la construction d’un autre silo de fermentation pour augmenter la quantité d’ensilage et d’aliments ammoniaqués. En 2019, le nombre de ses animaux est passé à 125 brebis et 10 bovins. Les brebis ont également pu être vendues à un bien meilleur prix.
Un tel succès a également encouragé Diogo Vaz, entreprise basée dans le comté de Lemba, à se diversifier. En plus de son activité principale, la production de chocolat, l’entreprise élève 45 bovins. En mars 2019, M. Wei a été invité par la société à participer à la construction de trois silos de fermentation d’un volume total de 50 m3. « En procédant à l’ensilage et à la production d’aliments ammoniaqués tous les deux mois, l’entreprise est à même de nourrir 45 bovins par an, accélérant ainsi la croissance du bétail tout en réduisant les coûts de main-d’œuvre », explique M. Wei à CHINAFRIQUE.
M. Wei a effectué de nombreuses démonstrations sur les techniques de transformation d’aliments pour animaux dans la région afin de transmettre ses connaissances et partager son expérience avec les agriculteurs. Au cours des deux dernières années, il a aidé Sao Tomé-et-Principe à préparer 25 tonnes d’aliments pour animaux, dont ont bénéficié plus de 800 agriculteurs.
Transmission des connaissances vétérinaires
Le 10 août, M. Wei a organisé une formation en chirurgie vétérinaire au Centre de développement de l’élevage porcin, dans le comté de Cantagalo. Tout en expliquant la théorie, il a effectué la stérilisation de deux jeunes truies par chirurgie mini-invasive ainsi qu’une opération de hernie ombilicale et scrotale. Il a également montré aux stagiaires comment traiter deux cas de hernie ombilicale naturellement, en utilisant un bouchon de bouteille et du ruban adhésif médical. Le vétérinaire Xavier Mendes, membre du Congrès et directeur du Centre des sciences et technologies agricoles de Sao Tomé-et-Principe, avoue son admiration. « Cette approche est très simple. Elle peut être complétée par un traitement traditionnel de compression par pansement, avec un bouchon de bouteille ou même une pièce de monnaie ! »
Egelsinley Sacramento, technicien du projet de développement porcin au niveau national, a suivi le cours de formation. À la fin de l’opération de chirurgie mini-invasive de hernie scrotale sur les porcelets de l’exploitation, il a fait preuve d’un grand enthousiasme : « Cette méthode est simple, pratique et efficace ! »
Selon M. Wei, le pays comprend peu de vétérinaires, il est donc nécessaire de leur enseigner des techniques chirurgicales utiles et faciles afin d’améliorer la capacité d’élevage et de promouvoir le développement du secteur.
La mission continue
« Lorsque j’ai entendu parler de la deuxième tranche du projet de coopération entre la Chine et Sao Tomé-et-Principe, j’ai immédiatement décidé de m’inscrire. Cela représentait l’opportunité de me rendre à l’étranger pour transmettre mes connaissances à des homologues africains. Je me suis senti très honoré », confie M. Wei à CHINAFRIQUE.
En ce qui concerne sa famille, il raconte qu’elle l’a beaucoup encouragé dans son travail à l’étranger, et que grâce à ce soutien, il a trouvé la motivation nécessaire pour aller de l’avant. « Je communique souvent avec ma famille, partageant des anecdotes intéressantes sur la vie et le travail ici », ajoute-t-il.
Ces deux années en Afrique ont permis à M. Wei d’épauler les agriculteurs locaux dans l’amélioration de leurs capacités de reproduction, dans l’apprentissage des techniques de transformation des aliments pour animaux et la chirurgie porcine de base ainsi que l’élevage agricole.
Il y a trois mois, il a décidé de poursuivre l’aventure. Accompagné d’un autre expert agricole, un traducteur, il est officiellement devenu membre du groupe restant de la deuxième mission agricole à Sao Tomé-et-Principe.
« La pandémie n’est pas encore éradiquée, il est donc temporairement impossible de faire venir le prochain groupe d’experts agricoles chinois, mais le projet doit continuer », affirme M. Wei. « Lorsque nous reprendrons le travail et la production à Sao Tomé-et-Principe, je compte bien retourner à mon poste auprès des agriculteurs locaux. »
Pour vos commentaires : likzh@chinafrica.cn