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Brexit et Royaume-Uni : du nouveau ?

Kerry Brown  ·  2017-02-10  ·   Source: Beijing Information
Mots-clés: Brexit; Royaume-Uni

 

Après des mois de silence, la première ministre britannique, Theresa May, s’est prononcée sur la manière dont son gouvernement allait opérer la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), suite au référendum du 23 juin l’année dernière.

Alors qu’elle prenait le pouvoir du parti conservateur entre août et mi-janvier, Mme May a répondu aux questions concernant ce sujet difficile par un simple : « Brexit veut dire Brexit ». Puis, le 17 janvier, elle a finalement précisé ce que cela signifiait réellement, suivi le 2 février par un livre blanc en détaillant la stratégie.

Le choc du résultat du vote du mois de juin a mis en lumière deux raisons pour lesquelles une majorité a décidé de tourner le dos à l’UE : la première réside dans le fait que le Royaume-Uni perd clairement le contrôle des entrées dans le pays, que ce soit pour y vivre ou pour y travailler. L’immigration est accusée d’exercer une pression sur les services et les emplois de la population locale. La seconde raison est la perte du pouvoir souverain du Parlement britannique et des tribunaux par rapport aux, soi-disant de moindre importance, Commission européenne et Cour européenne de justice. La motivation des principaux groupes en faveur du Brexit était la « reprise du contrôle ». Pour beaucoup, ces considérations ont dépassé les risques évidents que la sortie de l’UE pourrait produire pour l’économie et pour la position internationale du Royaume-Uni.

Une tâche ardue

Le gouvernement de Theresa May doit faire face à de nombreuses exigences et à beaucoup de pression. En deux ans, il devra négocier, avec les 27 membres restants de l’UE, l’un des accords politiques les plus complexes jamais réalisés, jusqu’à ce que les deux parties soient satisfaites. Le Royaume-Uni a probablement une riche expérience diplomatique, mais ses fonctionnaires et politiciens font actuellement face à une tâche jamais entreprise auparavant. Ses partenaires ont tout intérêt à voir le reste de l’UE rester unie et veulent donc éviter de donner l’impression que les États membres peuvent mieux s’en sortir en quittant l’Union qu’en y restant.

Le discours de Mme May a éclairci deux points. Tout d’abord, le Royaume-Uni quittera le marché unique européen, parce que ne pas le faire signifierait continuer d’accepter les quatre libertés internes du bloc européen (libre commerce, libre circulation des capitaux, des biens et des personnes). Bien que le Royaume-Uni n’ait aucun problème avec les trois premiers, ce n’est pas le cas avec le quatrième. Depuis 2005, le Royaume-Uni a vu 3,5 millions de personnes d’autres pays de l’Union s’y installer. Le gouvernement conservateur souhaite clairement limiter l’immigration à l’avenir et, selon leurs propres mots, renforcer les frontières du pays.

Un vif débat est toujours d’actualité pour savoir dans quelles mesures cela sera possible et, si ça l’est, si ces décisions seront vraiment bénéfiques. Cependant, bien qu’il soit désagréable pour les politiciens britanniques de l’avouer, compte tenu de la baisse de la natalité et de la demande de plus en plus forte en personnel qualifié spécialisé, la nécessité d’un afflux d’une certaine catégorie de personnes est susceptible d’augmenter plutôt que de diminuer dans les années à venir.

Au Royaume-Uni, l’opinion publique sur l’immigration est négative dû en partie à une presse fortement xénophobe. Mais une solution simple est proposée à ce problème très complexe. Les universités britanniques et les entreprises ayant besoin de recruter des talents internationaux, le permis de travail auquel a fait allusion Mme May devrait être plus complexe et plus efficace que tous ceux établis par le passé. C’est, pour le moins dire, ambitieux, et sa réelle efficacité semble très incertaine.

La deuxième préoccupation concerne la restauration de leur souveraineté aux tribunaux et au Parlement britannique. Le départ du Royaume-Uni de la Cour européenne de Justice en sera un élément de réponse essentiel. La Cour européenne de Justice, bien qu’elle ne soit pas une entité de l’Union européenne à proprement parler, est souvent accusée par certains médias britanniques d’imposer les dictats des bureaucrates de Bruxelles au Royaume-Uni et donc de prendre le pouvoir décisionnel des mains de ses officiels. Mais, encore une fois, les perceptions sont une chose, et la réalité en est une autre.

L’Union européenne et ses 20 000 fonctionnaires voire plus, a été blâmée pour une série de décisions politiques, juridiques entre autres, qui seraient préjudiciables aux intérêts du Royaume-Uni. Mais savoir si ces décisions sont réellement la source de leurs problèmes est une autre question. Une grande partie de la presse britannique prend plaisir à représenter l’UE de manière à susciter dégoût et mécontentement. Les lacunes reprochées à l’Union sont cependant largement compensées par les avantages qu’elle apporte en termes de règles et de normes facilitant l’implication du Royaume-Uni dans ses relations avec ses voisins les plus proches et ses partenaires de sécurité, ainsi que dans l’immense marché que l’UE représente.

La souveraineté est un principe essentiel. Mais affirmer son attachement à ce principe à une époque où les problèmes sont si nombreux, du changement climatique à la croissance mondiale, doit être de plus en plus considéré parmi les autres problèmes afin de juger s’il s’agit d’une contradiction majeure ou non. Au sein de l’UE, le Royaume-Uni a toujours gardé sa souveraineté (preuve en est que le Royaume-Uni a été capable d’organiser un référendum sur son adhésion à l’Union). Si quitter l’UE conduit à la perte de l’accès au marché, à une marginalisation accentuée du Royaume-Uni et à un déclin de son économie, défendre le principe de souveraineté devient moins facile à comprendre.

Le 23 juin 2016, les citoyens britanniques n’ont pas pensé que quitter l’Union européenne empirerait la situation. La plupart de ceux en faveur du « leave » pensaient même exactement le contraire. Bien qu’il reste encore à déterminer qui a raison sur la question, une grande majorité des économistes conviennent que la décision du Royaume-Uni de quitter l’UE expose la nation à un risque extraordinaire, avec de grandes chances pour que le pays finisse riche en souveraineté mais pauvre dans à peu près tout le reste.

Dans sa déclaration, Mme May a clairement établi que le Royaume-Uni rechercherait un arrangement sur mesure, contrairement aux États comme la Norvège ou la Suisse qui sont liés, mais n’appartiennent pas à l’Union européenne. Cela exigera une pensée novatrice et de la créativité de la part de ses alliés politiques et des officiels britanniques. Plus inquiétant encore, une certaine souplesse de la part des partenaires européens du Royaume-Uni sera nécessaire. Pour le moment, cependant, ils apparaissent fortement unis et soutiennent que quel que soit l’accord signé, le Royaume-Uni ne devrait pas sortir gagnant pour avoir tourné le dos explicitement à ses alliés et partenaires les plus proches.

La perspective de la Chine

Pour la Chine, l’interprétation de la stratégie du Royaume-Uni est plutôt simple. Le pays semble être un environnement d’investissement beaucoup plus ouvert pour les entreprises chinoises, bien qu’écarté des marchés européens et donc beaucoup moins attrayant en tant que possible pont vers le continent. D’autre part, le rayonnement international du secteur des services financiers de Londres tend à être considérablement limité, dû à la perte de ses « droits de passeport ». Cela pourrait entraver l’ambition de la ville de jouer un rôle prépondérant dans l’internationalisation de la monnaie chinoise.

Pour les citoyens chinois cherchant à étudier ou à travailler au Royaume-Uni, la situation va changer. Un Royaume-Uni hors de l’Europe pourrait offrir plus d’opportunités, tout comme être moins attrayant, étant moins international et plus étroit. Une chose est claire cependant : le pays étant devenu plus isolé diplomatiquement, il sera considéré par la politique chinoise comme un acteur beaucoup plus petit et moins important.

Malheureusement, tous ces éléments n'ont pas été pris compte par de nombreux électeurs britanniques le 23 juin 2016. Qu’ils soient satisfaits de vivre avec les conséquences de leurs actes ou non, il faudra de toute façon simplement attendre et voir, et ce quelle que soit la tentative du gouvernement britannique de préciser la marche à suivre. Cette ligne directrice n’a d’ailleurs pas été clarifiée par le contenu très générique du livre blanc publié le 2 février, qui répète seulement plus longuement les grandes lignes de ce que Mme May avaient déjà dit auparavant.

(L'auteur est un commentateur de Beijing Information et directeur de Lau China Institute, du King's College, à Londres.)

 

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