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Préserver les chaînes d'approvisionnement mondiales |
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Zhang Shasha · 2020-04-22 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: chaînes d’approvisionnement; économie; monde |
Chaîne d’assemblage de vélos pour enfant à Shaoxing (province orientale du Zhejiang) le 31 mars. L’entreprise se détourne de l’Europe et des Etats-Unis au profit du Moyen-Orient et de l’Amérique du Sud, avec des commandes en hausse. (Photo : Xinhua)
Les chaînes d’approvisionnement mondiales subissent le contrecoup de la pandémie de COVID-19 et les répercussions sont considérables. L’arrêt des usines de pièces détachées automobiles en Chine a par exemple affecté le secteur automobile au Japon et en Corée du Sud.
C’est ce que Wang Xiaosong, chercheur à l’Académie nationale de développement et de stratégie de l’Université Renmin de Chine, appelle un « effet domino ». La mondialisation des chaînes d’approvisionnement crée plus d’emplois et augmente les revenus, mais les pays sont unis pour le meilleur et pour le pire. « L’économie mondiale devient comme un jeu de dominos, où un léger mouvement de l’un affecte l’ensemble », explique-t-il à Beijing Information. La pandémie a été cet élément perturbateur, et bien que la situation soit désormais sous contrôle en Chine et que l’activité reprenne, les entreprises peuvent difficilement tourner à plein régime, en particulier à court terme, car la prudence est toujours de mise pour éviter une deuxième flambée.
La Chine, un chaînon essentiel
Ces dernières années, certaines multinationales tentent de répartir les risques liés aux chaînes d’approvisionnement. L’épidémie pourrait accélérer la tendance et participer à la création de nouvelles chaînes, selon Zhang Guohua, économiste en chef de la Commission municipale du commerce de Shanghai, dans un article du 31 mars.
La Corée du Sud a par exemple annoncé qu’elle allait localiser la production de composants industriels clés en réponse aux mesures prises par le Japon d’en limiter les exportations. Les Etats-Unis veulent faire de même pour une vingtaine de médicaments dont les principaux constituants sont fabriqués en Chine, et encouragent les investissements auprès des fournisseurs américains pour ajuster la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique. L’Inde tente également de réduire sa dépendance à l’égard des matières premières de l’étranger en augmentant sa capacité intérieure.
« Les entreprises chinoises pourraient être confrontées à des défis car les clients étrangers et les entreprises à capitaux étrangers cherchent des alternatives. L’économie chinoise jouit cependant d’une forte résilience car elle possède la chaîne industrielle la plus complète au monde ainsi que la capacité de réponse d’urgence la plus rapide pour surmonter les risques », affirme M. Wang. La pandémie, ajoute-t-il, a de plus permis à la Chine d’accélérer la remise à niveau de ses chaînes d’approvisionnement.
Mais se dissocier de la Chine est compliqué et coûteux, et d’autres éléments doivent être pris en compte. « L’avantage de la Chine n’est plus seulement une question de coût. C’est une question de talent, de créativité et d’innovation », remarque Jean-Paul Agon, PDG du Groupe L’Oréal.
Les sociétés étrangères restent donc optimistes. Le 13 mars, Starbucks a ainsi annoncé son intention de construire un parc d’innovation dans l’est de la Chine, son plus grand investissement manufacturier en dehors des Etats-Unis. Le Japonais Toyota prévoit également de construire une nouvelle usine de véhicules électriques à Tianjin avec son partenaire chinois.
Les nouveaux camions FAW Jiefang à Qingdao (province orientale du Shandong) sur le point d’être expédiées en Chine et à l’étranger le 7 avril. (Photo : Xinhua)
Des solutions profitables à tous
Lors de sa récente tournée dans la province orientale du Zhejiang, le président Xi Jinping a appelé à lisser les chaînes d’approvisionnement mondiales afin d’assurer une reprise de l’activité. A cet effet, les autorités chinoises tentent de remédier à la pénurie de main-d’œuvre, aux perturbations dans les transports, à la raréfaction des flux de trésorerie et au manque de matières premières ainsi que de matériel pour lutter contre l’épidémie.
Li Xingqian, chef du Département du commerce extérieur du ministère du Commerce, a déclaré le 13 mars que les entreprises de commerce extérieur du Zhejiang et de Shanghai avaient repris leur activité. Selon la Commission nationale de développement et de la réforme, plus de 90 % des trains de marchandises Chine-Europe circulaient au 8 mars.
M. Wang a remarqué que la Chine devrait ensuite promouvoir la reprise de l’activité des entreprises de commerce extérieur afin de réduire le risque dans la chaîne industrielle et de conserver leurs carnets de commandes. En outre, pour compenser l’impact des perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales, les entreprises chinoises devraient rechercher des alternatives pour les produits intermédiaires, en particulier dans le secteur mécanique, électronique et de l’aérospatiale. Ainsi, même si le COVID-19 a eu un impact négatif sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, elles deviennent plus numérisées, intelligentes et orientées vers les services.
Wei Jigang, du Centre de recherche sur le développement du Conseil des affaires d’Etat, a souligné l’importance de la numérisation dans la mise à niveau des chaînes d’approvisionnement mondiales dans un article du 17 mars, remarquant que les pays de « la Ceinture et la Route » devraient établir des chaînes d’approvisionnement numériques, optimiser l’allocation des ressources et réduire le coût des transactions.
Li Bo, directeur exécutif de l’Institut de développement et d’études stratégiques Chunqiu, un groupe de réflexion, a déclaré à Beijing Information que la numérisation de « la Ceinture et la Route » bénéficiera aux chaînes d’approvisionnement mondiales sous trois aspects. Primo, les paiements numériques transfrontaliers permettront aux acheteurs et aux fournisseurs de pallier à la pénurie de réserves en dollars. Les banques centrales des pays participants doivent être impliquées dans la numérisation pour faire face aux problèmes réglementaires concernant l’utilisation de monnaies numériques et de la blockchain. Secundo, il faut renforcer les chaînes logistiques pour donner confiance aux acheteurs et stabiliser les chaînes d’approvisionnement. Tertio, avec le développement de la 5G, les entreprises mondiales doivent innover dans leur communication. Par exemple, les échantillons peuvent être livrés par le biais de dessins numériques afin d’accroître l’efficacité.
M. Wei a également mis l’accent sur la coopération internationale, suggérant la mise en place d’un mécanisme synergique d’urgence pour les chaînes d’approvisionnement mondiales par les Nations unies et l’Organisation mondiale du commerce. Selon lui, il est également important de sauvegarder les règles du libre-échange vu la situation actuelle.