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A contre–courant |
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Jacques Fourrier · 2017-07-21 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: Kulangsu |
Des curiosités pour le plaisir des chineurs
Pas de nostalgie, camarade
M. Han adopte depuis longtemps la posture du dandy, dont Baudelaire disait qu’il voulait échapper à la veulerie de son temps. Son excentricité en fait une figure emblématique de Kulangsu. Droit dans un pic devant sa boutique, d’une grande élégance, les cheveux teints en châtain clair, deux énormes bagues tape–à–l’œil à chaque main et une paire de lunettes de soleil qui lui enveloppe le visage, il ne manque pas d’attirer les touristes qui s’arrêtent pour prendre des photos, sans même prêter attention aux objets disposés pêle–mêle.
Son épouse sert une cliente, sans même faire attention aux simagrées auxquelles il se livre en posant pour un selfie avec un touriste en faisant le V de la victoire. « Quel bel homme ! », s’exclame une cliente qui fouillait dans un récipient rempli de vieilles pièces en cuivre que l’oxydation avait rendues méconnaissables. « Vous pouvez me prendre en photo avec lui ? », demande–t–elle à son épouse.
Ainsi s’écoulent les journées, toutes semblables les unes aux autres sans que M. Han ne s’en préoccupe. La grande époque est sans doute révolue, mais la boutique vend toujours des babioles aux touristes. Des exemplaires du Petit Livre rouge sont empilés à l’extérieur, à même le sol, aux côtés de bandes–dessinées des années 1980 et de romans de Jin Yong. Dans la boutique, le baroque y côtoie le kitsch, avec une figurine en bronze d’un héros grec qui trône fièrement aux côtés d’un chandelier chancelant, tandis d’une effigie en porcelaine du président Mao semble saluer une petite statue d’un féroce guerrier chinois.
Pas d’étiquette sur les objets en vente. « En Chine, les commerçants disent d’habitude qu’ils ont ce qu’il y a de mieux. Mais il ne faut pas les croire. Personnellement, je ne veux pas marchander. Je ne peux pas vous garantir que les antiquités ou les objets que je vends sont authentiques. Si vous les aimez, alors achetez–les. C’est aussi simple que cela », dit–il avec flegme.
M. Han a toujours vécu à Kulangsu et a connu l’avènement du tourisme de masse au cours des deux dernières décennies. Cela ne semble nullement l’affecter. « Tout a complètement changé à Kulangsu, il n’y a rien que l’on puisse faire, constate–t–il froidement. J’ai connu pas mal de problèmes dans ma vie, alors je me tiens en retrait. J’ai toujours été indépendant, un peu romantique, mais je suis avant tout un réaliste, pas un doux rêveur. »
Imperturbable en regardant les hordes de touristes défilant devant le magasin, M. Han en sort parfois. C’est suffisant pour attirer une nuée de jeunes gens qui dégainent aussitôt leur smartphone. « Il fait ce qui lui plaît, résume M. Wu. Il fait partie intégrante de la culture et de l’histoire de Kulangsu. »
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