Dans le capharnaüm de la boutique de Han Guangle
La vie comme elle vient
M. Han était toujours à la recherche de romans et d’histoires intéressantes. « Au début des années 1980, les propriétaires commencèrent à se souvenir qu’ils avaient laissé des villas à Kulangsu. Certains exilés revinrent. Ils rénovaient les villas, débarrassant les pièces et jetant ce qu’ils considéraient comme de la vieille ferraille, des objets sans valeur selon eux », explique M. Wu.
M. Han commença par récupérer des vieux magazines et des livres poussiéreux pour trouver de l’inspiration pour ses histoires, mais réalisa qu’il pouvait se faire encore plus d’argent en les revendant. C’est ainsi que naquit sa vocation de brocanteur et d’antiquaire. Il décida d’ouvrir une petite boutique à une centaine de mètres du port de Kulangsu. Près de 35 ans plus tard, période pendant laquelle il s’est marié et a eu un fils, c’est toujours le même emplacement désuet et le même bric–à–brac d’horloges en bronze branlantes et de couverts en argent défraîchis. « Les affaires étaient excellentes il y a 20 ans quand les propriétaires louaient leur villa et se débarrassaient de leurs vieux meubles et autres objets. Ils jetaient carrément les vieux livres et les magazines, les posters et les vêtements, et vendaient les bijoux, les horloges et les meubles pour une bouchée de pain, se rappelle M. Han. Dans les années 1980, les Chinois voulaient du neuf. C’est par la suite que les gens ont commencé à rechercher des vieux objets pour décorer leur intérieur ou les bureaux. »
« Un jour, il a eu des problèmes avec la police parce qu’il vendait une carabine, dit M. Wu en riant. C’était une vieille pétoire toute rouillée, datant probablement du XIXème siècle. M. Han l’a exposée devant sa boutique sans penser un seul instant que c’était illégal. Pour lui, c’est juste une antiquité. »
Les affaires ne sont plus aussi bonnes depuis 10 ans. « Cela devient difficile de trouver des antiquités maintenant, se plaint M. Han. Il ne reste plus rien à Kulangsu et ce que les gens m’apportent, c’est soit du faux, soit des babioles. » La fin d’une époque pour ce brocanteur improvisé.
