Le PIB de la Chine a enregistré au premier semestre une croissance de 6,7 %, un chiffre parfaitement conforme aux attentes à l’égard du macro–contrôle mis en place il y a trois ou quatre ans. L’année dernière, la contribution du secteur tertiaire au PIB a dépassé la barre des 50 %, alors que celle du premier semestre de 2016 a augmenté de 1,8 point de pourcentage en glissement annuel, un chiffre nettement supérieur à la croissance normative fixée à 0,3 % par les économistes. 

C’est au cours du premier semestre 2014 que le secteur tertiaire a connu une croissance supérieure à celle du secteur manufacturier. Cette tendance s’accentue depuis deux années. Cela signifie que le modèle de croissance économique en Chine caractérisé par les exportations et les investissements va maintenant être axé sur la demande et l’innovation.  

Le rôle de guidance que joue le secteur des services se révèle dans deux détails qui échappent souvent à notre attention. Primo, auparavant, pendant les grandes migrations de la Fête du Printemps, on apprenait souvent à la télévision ou à la radio que des dirigeants du pays rendaient visite à des travailleurs migrants qui ne rentraient pas dans leurs foyers. Mais ces trois dernières années, ce genre de nouvelles est devenu rare. En fait, le nombre des passagers est toujours le même, mais la capacité de transport s’est élevée grâce au renforcement des services liés aux trains à grande vitesse. Secundo, en septembre 2015, la Chine avait déjà réalisé son objectif en termes d’emplois et il est fort possible que le pays le fasse avant les délais impartis pour cette année.  

Une question se pose : pourquoi la baisse de la croissance économique va-t-elle de pair avec l’augmentation de l’emploi ? La raison est évidente : les services productifs émergents et les industries innovantes créent davantage de postes que le secteur manufacturier.  

Avec l’accroissement de la division du travail, la demande à l’égard du secteur des services productifs ne cesse de s’accroître, et le secteur tertiaire devient naturellement la principale force motrice de la croissance économique au milieu et à la fin de l’industrialisation. 

Bien sûr, la croissance économique va aussi se trouver confrontée à des contraintes au cours du deuxième semestre de cette année. Par exemple, la croissance des investissements gouvernementaux s’est maintenue à un niveau rationnel, alors que la croissance des investissements privés a commencé à chuter. Un mécanisme de croissance économique bien équilibré ne s’appuie pas seulement sur la consommation et l’innovation, mais aussi sur le soutien des investissements. 

En réalité, certaines autorités locales ont l’habitude de vendre le droit d’usage de terrains pour joindre les deux bouts, et d’inviter des entrepreneurs ou d’attirer des investissements en construisant des parcs industriels. Face à la capacité de production excédentaire, elles doivent faire des efforts pour s’adapter à la « nouvelle économie ». Il n’est donc pas facile d’acquérir constamment la nouvelle force motrice pour mettre en place un nouveau modèle de croissance orienté vers les services.  

(L'auteur est professeur à l’Institut d’économie de l’Université de Beijing) 

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