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Une passion sans frontières

Li Xiaoyu  ·  2021-07-20  ·   Source: Chinafrique
Mots-clés: swahili; Chine; Afrique

L’engagement d’une professeure chinoise dans l’étude et la promotion du swahili et des cultures est-africaines en Chine.

« Ugali », « pilau », « chapati », « sambusa »… Migeto Zakaria Athumani, étudiant tanzanien à l’Université Minzu de Chine, était au comble de la joie quand il a entendu une intervenante chinoise parler de spécialités culinaires d’Afrique de l’Est lors du China-Africa Cultural Salon qui s’est tenu le 6 juin à Beijing. Ce qui l’a profondément touché, c’est qu’elle connaissait les coutumes locales sur le bout du doigt et maîtrisait sa langue maternelle, le swahili. À ses yeux, le fait d’avoir voulu consacrer plusieurs années à l’apprentissage de cette langue témoigne du respect et de la reconnaissance vis-à-vis de sa culture. C’est bien ce qui anime la conférencière Li Kunruonan, 39 ans, professeure de swahili à l’Université de communication de Chine (UCC).

Souvenirs émouvants

Visite de la tribu de Datoga en Tanzanie en août 2019. (COURTOISIE)

Grande passionnée des cultures africaines, Mme Li s’est rendue une dizaine de fois en Afrique de l’Est et australe dans le cadre de son travail et de voyages. Ces expériences uniques ont été marquées par de nombreux contacts avec la population locale. La bienveillance et l’hospitalité qu’elle lui a toujours manifestées ont enraciné au fond de son cœur un attachement pour le continent et son peuple.

Elle se souvient encore de l’accueil chaleureux réservé à sa visite par une famille tanzanienne à Dar es Salaam en 2008. « Leur maison était meublée avec modestie. Ils mangeaient de manière simple au quotidien. Mais ils ont préparé un repas aussi copieux que pour le réveillon du jour de l’An lors de mon arrivée », confie-t-elle à CHINAFRIQUE avec émotion. Une autre fois, elle s’est rendue à Zanzibar pour rencontrer le poète Haji Gora Haji, qui nous a quittés en juin, et recueillir son témoignage sur la littérature tanzanienne. Lors de leur rendez-vous suivant, celui-ci a demandé, malgré son faible état de santé, à venir la retrouver près de son domicile par souci pour sa sécurité. Elle a été émue jusqu’aux larmes par ce geste amical.

Selon elle, la langue joue un rôle indéniable dans l’approfondissement des relations d’amitié entre les peuples. « Lorsque je parle avec les Tanzaniens en swahili, je me sens plus proche d’eux. En anglais, la communication serait moins directe et donc moins naturelle. Ce serait plus difficile de faire naître un sentiment de proximité entre nous », analyse-t-elle, se réjouissant de la chance d’apprendre cette langue peu parlée en Chine. En réalité, le swahili concerne environ 150 millions de locuteurs dans le monde et c’est une langue officielle dans plusieurs pays d’Afrique tels que la Tanzanie, l’Ouganda ou encore le Kenya.

Programme d’échanges

Participation à un projet de promotion de la culture locale avec l’Office de tourisme de la Tanzanie, en août 2019. (COURTOISIE)

Son histoire avec le swahili remonte à l’année 2000. À l’époque, l’État avait exhorté les jeunes à apprendre des langues plus rares pour faciliter la communication du pays avec le reste du monde, suite à l’accélération de son ouverture. C’est ainsi que Mme Li a décidé de se lancer dans cette aventure linguistique à l’UCC, qui est aujourd’hui l’un des six établissements d’enseignement supérieur en Chine à dispenser des formations en la matière.

À force de pratique intensive sous la direction rigoureuse de son professeur, Mme Li a acquis de solides compétences linguistiques et s’est classée au premier rang des 24 étudiants de sa promotion. En 2004, après l’obtention de son diplôme de licence, elle a été missionnée à prendre le relais de l’enseignement du swahili dans son université.

N’ayant encore jamais mis les pieds sur le continent africain à ce moment-là, Mme Li rêvait de partir découvrir cette terre « mystérieuse et fascinante ». Comme l’UCC encourageait les étudiants à effectuer six mois ou un an d’études à l’étranger au cours de leur cursus universitaire, elle a voulu saisir cette occasion pour établir un programme d’échanges avec l’Université de Dar es Salaam en Tanzanie. Elle se souvient encore du nombre d’e-mails qu’elle a rédigés pour obtenir le feu vert. Elle n’a pas hésité à passer des appels internationaux à ses frais pour accélérer le processus.

Ses efforts ont fini par payer. En 2008, elle est parvenue à amener ses étudiants en Tanzanie pour six mois d’études en swahili. Une grande première pour son département. Depuis lors, elle y est retournée une dizaine de fois. Elle a profité de ces séjours pour concevoir du matériel pédagogique qui faisait cruellement défaut. Ainsi, elle a créé un manuel de lecture en swahili pour apprenants chinois et deux livres de cours chinois-swahili pour les apprenants kényans de l’Institut Confucius à l’Université de Nairobi. Cerise sur le gâteau, son projet de dictionnaire chinois-swahili-anglais a aussi vu le jour en parallèle.

Études de terrain

Au cours de son travail de documentation pour la conception de ses divers ouvrages, elle a commencé à se passionner pour la littérature populaire est-africaine, présentée sous différentes formes (épopées, contes, légendes, etc.). En général, les chercheurs locaux se penchent plutôt sur la littérature occidentale au détriment de celle-ci. L’idée lui est venue d’en faire le domaine de recherche de son doctorat à l’Université de Pékin, qu’elle poursuit depuis 2014 parallèlement à son travail d’enseignante.

Ses travaux de recherche sont d’autant plus délicats qu’il s’agit d’une approche d’étude inédite. En effet, la quasi-totalité des chercheurs chinois dans ce domaine se réfère aux documents en anglais existants uniquement. Forte de ses compétences en swahili, Mme Li a pu faire des études de terrain et recueillir des récits écrits et oraux de première main. Cet atout a fait d’elle la première personne en Chine à mener des recherches tous azimuts à ce sujet.

Il n’y a pourtant pas de roses sans épines. Les documents rassemblés, dont beaucoup rédigés en proto-swahili, sont difficiles à déchiffrer même pour les experts locaux. Sans parler de les traduire en chinois. Elle projette de faire aboutir ses recherches de manière responsable et convaincante cette année en dépit de tous ces défis.

Passerelle culturelle

Pour Mme Li, l’Afrique dispose d’autres aspects que la guerre, la pauvreté et la maladie. Elle souhaite vivement contribuer à éliminer ces stéréotypes qui font du tort à la réputation du continent.

L’année dernière, elle a commencé à dispenser un cours au sujet des cultures est-africaines ouvert à tous les étudiants de son université. Ce projet a été si bien accueilli que les 95 places ont toutes été prises d’assaut. Pendant ses cours, elle s’efforce de plonger l’assistance au cœur des us et coutumes ancestraux à l’aide des photos, produits alimentaires et costumes qu’elle a ramenés d’Afrique. Elle a pris l’initiative d’inviter des intervenants experts via des mini-conférences par liaison vidéo afin de donner un aperçu plus complet à ses étudiants.

« Cela me fait énormément plaisir de voir bon nombre de jeunes Chinois porter un intérêt croissant à l’Afrique. J’espère que mes cours pourront servir de passerelle culturelle et faire apprécier les valeurs des cultures traditionnelles africaines, comme le respect envers les aînés ou l’attachement à la réunion familiale », souhaite-t-elle.

Pour vos commentaires : lixiaoyu@chinafrica.cn

 

 
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