Dr Diarra Boubacar, premier post-doctorant non chinois en MTC, traite une patiente en acupuncture dans un hôpital de Chengdu, au Sichuan (sud-ouest), le 16 décembre 2016. (Photo : Xinhua)

Diarra Boubacar est le premier post-doctorant non chinois en médecine traditionnelle chinoise (MTC). Issu d’une famille de médecins, il est né en 1964 au Mali. Passionné par les concepts de la MTC, il est titulaire d’une maîtrise de l’Université de MTC de Guangzhou, au Guangdong (sud), et d’un doctorat de l’Université de MTC de Chengdu, au Sichuan (sud-ouest), où il a acquis ses connaissances auprès de grands maîtres.

Après avoir pratiqué la MTC pendant des années, Dr Boubacar se consacre désormais à la promotion de la MTC en Afrique et dans le monde entier. Au Mali, il a rejoint le programme des ateliers Luban en 2020 où il enseigne les bases de la MTC et l’acupuncture.

« La promotion de la MTC dans le monde profite aux populations africaines et maliennes d’un point de vue médical », explique Dr Boubacar à China Investment, ajoutant que le programme des ateliers Luban contribue à former des jeunes Africains au niveau professionnel et à élargir leurs horizons, jouant ainsi un rôle important dans la promotion de la coopération sino-africaine, tout domaine confondu.

Centres de formation modèles

Lancés en 2016, les ateliers Luban visent à former du personnel professionnel et technique pour les entreprises chinoises implantées hors de Chine tout en stimulant l’emploi au niveau local.

Le nom du programme rend hommage à Lu Ban (507-440 av. J.-C.), inventeur, charpentier et ingénieur chinois de renom, exemple d’artisanat d’excellence et de créativité.

Les spécialités professionnelles enseignées dans les ateliers Luban incluent la robotique industrielle, le cloud computing, l’Internet des objets, la maintenance des trains à grande vitesse, la cuisine chinoise, la MTC, etc. Les enseignements sont dispensés à part égale par des professionnels chinois et par des experts issus des pays partenaires afin de répondre aux besoins en termes d’emploi au niveau local. Des supports pédagogiques ont été conçus dans différentes langues, notamment les manuels et les didacticiels multimédias.

Les ateliers sont généralement mis en place par coopération entre établissements d’enseignement professionnel chinois et homologues des pays partenaires, entre entreprises chinoises à l’étranger et établissements d’enseignement professionnel locaux, ou entre gouvernements.

Certains ateliers sont également en synergie avec des entreprises locales et les aident à former leur personnel. Par exemple, un atelier Luban au Pakistan a conclu des accords d’engagement mutuel avec plusieurs entreprises locales : l’atelier contribue à la formation de leur personnel technique, tandis que ces entreprises offrent des bases de formation.

Les ateliers adoptent l’enseignement professionnel proposé par la Chine basé principalement sur l’ingénierie, la pratique, l’innovation et les projets. Ils allient enseignement théorique et travaux pratiques en situation professionnelle réelle. Tous les cours sont axés sur des projets et visent à cultiver la capacité des apprenants à mener des recherches scientifiques et à résoudre des problèmes.

Zhao Yifei, apprenante thaïlandaise de 20 ans, a étudié l’ingénierie électrique dans un atelier Luban dans son pays d’origine. Elle a bénéficié de l’opportunité qu’offrait un échange d’étudiants au Tianjin Bohai Vocational and Technical College à Tianjin (nord).

« J’ai pu suivre une formation complète à l’atelier Luban. Cela va me permettre de trouver un bon poste en Thaïlande, où les professionnels en ingénierie électrique sont très recherchés », dévoile-t-elle à l’agence de presse Xinhua.

Pour améliorer en permanence le professionnalisme des tuteurs chinois, les établissements d’enseignement supérieur chinois organisent des cours de formation en ligne et hors ligne à leur intention. Les principaux thèmes portent sur l’apprentissage des langues, la communication interculturelle, ainsi que sur l’histoire, la culture et les coutumes des pays où ils travaillent.

Les tuteurs des établissements professionnels partenaires peuvent également assister à des sessions de formation personnalisées en Chine, généralement sur les théories et les pratiques de l’enseignement.

Tianjin, ville d’où est issu le programme des ateliers Luban, a mis en place des subventions spéciales à cet effet. Les subventions ont été investies dans du matériel pédagogique et principalement utilisées pour le développement de programmes d’études et d’autres projets concernant les droits de propriété intellectuelle, la maintenance des équipements, etc.

Le programme s’apparente également à une plateforme d’échanges culturels. Les tuteurs chinois ont en effet la possibilité de se rendre sur place, dans des établissements d’enseignement et des entreprises, avec les tuteurs et stagiaires des pays partenaires, pour participer à des expositions et des échanges culturels, sportifs et artistiques dans leurs pays respectifs.

Des centaines d’apprenants ont pris part à des concours techniques nationaux, ce qui a permis de promouvoir davantage l’apprentissage mutuel et de favoriser la compréhension des technologies, des produits et des entreprises de la Chine.

Partage de compétences

La ville de Tianjin est considérée comme pionnière en raison de l’innovation dont elle fait preuve en matière d’enseignement professionnel. On y compte plusieurs écoles professionnelles. Avec le soutien du ministère chinois de l’Éducation, la Commission municipale de l’éducation de Tianjin a lancé une étude de faisabilité pour le programme des ateliers Luban en 2015.

Un an plus tard, le premier atelier Luban hors de Chine a été mis en place à l’École polytechnique d’Ayutthaya, en Thaïlande. L’atelier a été pris en charge par le Tianjin Bohai Vocational Technical College et parrainé par le groupe Tianjin Bohai Chemical Industry.

Selon l’établissement thaïlandais, hormis neuf étudiants qui ont poursuivi leurs études dans des universités de premier cycle, la majorité des étudiants thaïlandais diplômés de l’atelier Luban ont trouvé un emploi après y avoir terminé leur cursus.

Suite au succès du programme en Thaïlande, d’autres écoles techniques professionnelles comme le Tianjin Bohai Vocational Technical College ont créé plus d’une douzaine d’ateliers Luban dans des pays tels que le Royaume-Uni, l’Inde, l’Indonésie et le Pakistan, couvrant ainsi l’Asie, l’Europe et l’Afrique.

Avec la création de l’atelier Luban à l’École polytechnique supérieure d’Antananarivo (ESPA), à Madagascar en décembre 2020, la Chine a tenu sa promesse faite en septembre 2018 de créer 10 ateliers Luban en Afrique pour offrir une formation professionnelle aux jeunes Africains, dans le cadre du FCSA.

Abdulrasheed Na’Allah, vice-chancelier de l’Université d’Abuja, a déclaré lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier Luban au Nigeria en novembre 2020 qu’il s’agissait d’« un exemple d’engagement de peuple à peuple, capable de cimenter l’amitié entre les peuples nigérian et chinois pour toujours », ainsi qu’« un exemple de véritable partenariat recommandé aux nations sincèrement désireuses de forger une amitié authentique ».

Adamu Adamu, ministre nigérian de l’Éducation, a concédé que l’on ne saurait trop insister sur le rôle des jeunes, bénéficiaires ciblés des ateliers Luban, et que le programme contribuera dûment au progrès économique du Nigeria.

« Les personnes qualifiées sont encore rares en Afrique. L’atelier Luban a permis à de nombreux jeunes Sud-Africains d’acquérir des compétences, de trouver des emplois et de jouer un rôle important dans leurs fonctions », a dévoilé Sibusiso Moyo, vice-chancelier adjoint de l’Université de technologie de Durban en Afrique du Sud.

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