En novembre 2015, Zhang Xiyuan, étudiante en première année à la City University de Macao, avait été invitée par le Club de go de Macao pour jouer contre Shen Yanheng, le champion de l'Open de Macao, l'un des meilleurs joueurs locaux. Zhang Qingzhang, alors président de ce club, était ravi, estimant qu’elle était la meilleure joueuse de Macao. Il lui a exceptionnellement permis de représenter le club lors des compétitions et d’y enseigner. Le travail de cette jeune femme a été pleinement reconnu par ses prédécesseurs comme par ses homologues de la partie continentale. Avant que le président ne parte en retraite, elle a été nommée secrétaire générale du club et en a pris les rênes depuis.

Le 23 août 2019, Zhang Xiyuan, secrétaire générale du Club de go de Macao, assiste à la Conférence du jeu de go de Chine. (Photo : Club de go de Macao)

Malgré la pression, elle s’estime heureuse de vivre l’âge d’or du club. Après plus de 20 ans de développement, la situation est en effet florissante.

Retour de la culture traditionnelle chinoise à Macao

Le jeu de go cristallise la sagesse que véhicule la culture traditionnelle chinoise. En raison de l’influence européenne à Macao pendant plus de 400 ans, le go était cependant resté peu développé voire même inconnu.

Zhang Qingzhang, né en 1948, est arrivé très jeune à Macao. C’en est l’une des grandes figures. En 1990, il a créé le club dans le but d’enseigner le jeu, notamment aux jeunes. En 1995, il a d’ailleurs ouvert une classe au collège Haojiang et formé le premier groupe de jeunes joueurs.

Zhang Qingzhang, membre du club de go « la nébuleuse de Macao », lors de la Coupe de ligue des villes chinoises 2019.

Le 20 décembre 1999, la rétrocession a marqué le début du développement de ce jeu. Avec l’appui des autorités, le go et la culture traditionnelle chinoise comme la calligraphie et le boulier ont été inclus dans le curriculum de l'enseignement obligatoire. Le Club de go de Macao propose maintenant des cours dans plus de 30 écoles primaires et secondaires. En 2018, dans une ville qui compte moins de 700 mille habitants, plus de 10 mille jeunes ont suivi des cours en relation avec le jeu de go.

Zhang Xiyuan donne des cours de go à des élèves primaires à Macao. (Photo : Club de go de Macao)

Zhang Xiyuan explique que la popularisation des cours de go avait enrichi la vie extrascolaire des jeunes de Macao et permis à la culture traditionnelle chinoise de prendre racine.

Vers plus de coopération pour promouvoir le jeu de go à Macao

Les joueurs l’admettent : sans le soutien de la communauté de la partie continentale, jamais le club n’aurait pu parvenir à un tel niveau.

Au début de la rétrocession, les enseignants étaient extrêmement rares, ce qui a ralenti le développement du jeu. A cette époque, les clubs de Shantou et Zhongshan à proximité de Macao ont prêté main forte et formé un grand nombre de jeunes Macanais. Beaucoup de ces adolescents sont désormais devenus l'épine dorsale après leur retour.

Shen Yanheng, né en 1995, a participé à un séminaire de formation organisé par le Club de go de Macao lorsqu'il était en primaire et suivi un mois de formation à Shantou. Il dit avoir beaucoup appris. « Je voulais pratiquer pour l’aspect ludique. Cependant, en peu de temps, mon attitude a changé. Dans la classe à Shantou, J'ai vu la force incroyable de mes pairs de la partie continentale, et les conseils attentifs des enseignants ont éveillé en moi la recherche de l’excellence. J’ai alors pris la décision de devenir un maître de go. »

En juillet 2017, Shen Yanheng a représenté l'équipe de l'Université de Macao au championnat universitaire asiatique de go. (Photo : Club de go de Macao)

Les échanges entre Macao et la communauté de la partie continentale sont devenus plus intenses et plus fréquents. En plus de la formation des jeunes, le club envoie régulièrement chaque année des membres y participer à des entraînements.

Le développement du club de Macao favorise la propagation du jeu dans le monde, en particulier dans les pays lusophones. Le Portugal est le choix de prédilection pour de nombreux étudiants macanais. Ces étudiants internationaux qui aiment le go participent à des compétitions en Europe, et peuvent ainsi jouer un rôle positif dans l'internationalisation de cette discipline.

Le 12 novembre 2019, Zhang Xiyuan joue contre le président Martin de l'Association européenne de Go. (Photo : Club de go de Macao)

Les joueurs de Macao sont également conscients qu’ils ne pèsent pas lourds devant le niveau mondial. Zhang Xiyuan admet qu'il y a des problèmes avec l'enseignement à Macao. Premièrement, il ne concerne que le lycée et pas l’université. Deuxièmement, il y a une pénurie d'enseignants –seulement moins d’une vingtaine. Troisièmement, la difficulté rebute la nouvelle génération. Enfin, le ratio garçon/fille est d'environ 7 pour 3, une situation qui perdure.

Zhang Xiyuan reste néanmoins optimiste. « Macao n'a actuellement pas un seul joueur professionnel, mais dans dix ans, je pense qu’on arrivera à en former un. »