Danse du lion devant les ruines de Saint Paul, un ensemble architectural catholique du XVIIème siècle, à l'occasion de la Journée mondiale du tourisme le 27 septembre (Photo : Xinhua)

Lorsque Kou Kam Fai était étudiant à l’Université de Macao, il devait travailler à temps partiel pour payer sa scolarité car sa famille n’en avait pas les moyens. C'était avant 1999, avant la rétrocession à la Chine, quand Macao était sous domination portugaise, une occupation qui perdurait depuis le milieu du XVIème siècle.

Grâce à des réformes d’envergure, c’est une autre histoire que vivent depuis 1999 les habitants de cette île de 32,9 kilomètres carrés dans le delta de la rivière des Perles, située face à Hong Kong. Aujourd'hui, la région administrative spéciale (RAS) de Macao finance 90 % des frais de scolarité des étudiants de l'Université de Macao, qui doivent seulement s’acquitter de 25 mille patacas (3 100 dollars) par an.

Le statut de M. Kou a également changé. Avant le retour, il était enseignant avec un salaire moyen catégoriel d'environ 800 à 900 dollars par mois, contre près de 5 mille dollars aujourd’hui. Il est directeur d'un collège et président du conseil de surveillance de l'Association des éducateurs chinois de Macao, et il a pu constater les changements dans ce secteur. « Lorsque Macao était sous domination portugaise, le gouvernement portugais ne se souciait pas de l'éducation », remarque-t-il. Mais en 2019, le budget de l'éducation s’élève à 8,6 milliards de patacas (1,07 milliard de dollars), soit huit fois plus qu'en 1999.

Le vent du changement

L'éducation ne représente qu'une petite partie des changements importants survenus au cours de ces 20 dernières années, transformant l'économie et améliorant les conditions de vie.

Ho Hau-wah, qui a été le premier chef exécutif de la RAS de Macao de 1999 à 2009, a rappelé la croissance économique atone avant la rétrocession, aggravée par la crise financière asiatique de 1997 et la faiblesse de la sécurité publique. « Ma génération a été témoin du fort contraste entre avant et après la rétrocession », affirme-t-il. « En 2000, le budget n'était que de 13 milliards de patacas (1,61 milliard de dollars) et cette année, il était de 103,3 milliards de patacas (12,8 milliards de dollars). Plus de 30 % du budget de cette année est alloué à la protection sociale. »

De 1999 à 2018, le PIB de Macao est passé de plus de 6 milliards de dollars à 55 milliards de dollars. A la fin de 2018, les réserves de change avaient atteint 20 milliards de dollars, soit six fois plus que celles de 1999.

Avec la croissance économique rapide, le bien-être social s'est amélioré. Avant la rétrocession, les étudiants bénéficiaient de la scolarité gratuite pendant 10 ans, contre 15 ans en 2007. Plus de 90 % des diplômés du secondaire vont à l'université.

Les résidents reçoivent des primes en espèces, qui correspondent à leur part dans le dividende du développement. Un résident de Macao âgé de plus de 65 ans reçoit plus de 756 dollars par mois. Le système de santé amélioré permet aux femmes enceintes, aux enfants et aux personnes âgées de plus de 65 ans de bénéficier de services médicaux gratuits dans les hôpitaux publics. Les personnes diagnostiquées avec des maladies graves comme le cancer sont entièrement couvertes par une assurance médicale.

Lei Zhen (c.) dans le laboratoire de son entreprise de technologie à Zhuhai, dans le sud de la Chine. Résident de Macao depuis 2014, installé à Zhuhai en 2015, il a créé son entreprise avec l’aide des autorités de la Région de la Grande Baie. (Photo : Xinhua)

Un pays, deux systèmes

Le principe « Un pays, deux systèmes » a été proposé par les dirigeants chinois dans les années 1980 pour administrer Hong Kong et Macao. Le principe stipule que bien qu'il n'y ait qu'une seule Chine, les RAS conserveront leurs propres systèmes économiques et administratifs. Elles continueront également d'avoir leur propre système gouvernemental, gérant le juridique, l’économique et le financier de manière indépendante.

En 1987, le gouvernement chinois a signé une déclaration commune sur Macao avec le gouvernement portugais sur la base de ce principe. La déclaration indiquait que Macao était un territoire chinois et que la Chine reprendrait sa souveraineté le 20 décembre 1999. Le gouvernement chinois a accepté de mettre en œuvre le mécanisme « Un pays, deux systèmes », permettant à la population de Macao de gouverner l'île avec un haut degré d'autonomie.

En 1993, l’Assemblé populaire nationale, la plus haute législature de Chine, a promulgué la Loi fondamentale de la RAS de Macao.

M. Ho a précisé que les habitants de Macao respectent la Constitution chinoise et la Loi fondamentale. Celles-ci sont enseignées dans les écoles pour expliquer les relations particulières de Macao avec la partie continentale. Selon lui, un autre facteur du succès du principe « Un pays, deux systèmes » est l'alignement de Macao sur les stratégies nationales, telles que la Région de la Grande Baie de Guangdong-Hong Kong-Macao, offrant la possibilité de participer au développement national de la Chine. Avec sa population de seulement 676 100 habitants et sa superficie réduite, l’économie de Macao ne peut en effet se diversifier sans l’énorme marché de la partie continentale.

Le plan de développement de la Région de la Grande Baie Guangdong-Hong Kong-Macao, dévoilé en février, garantissant de nouvelles opportunités pour le développement de Macao.

Le pont Hong Kong-Zhuhai-Macao – le plus long pont maritime au monde – a été inauguré l'année dernière et permettra de développer la connectivité de cette région. Il réduit le temps de trajet entre Hong Kong, Macao et Zhuhai dans le Guangdong à moins d'une heure.

Macao, l’une des quatre grandes métropoles de la Région de la Grande Baie avec Hong Kong, Guangzhou et Shenzhen, profite des opportunités offertes par le plan de développement.

Chui Sai On, chef exécutif de la RAS de Macao, a expliqué que les accords de coopération avec le Guangdong, qui est industriellement développé, stimulent l’économie de Macao. Un des fruits de cette coopération est le Parc de coopération industrielle Guangdong-Macao à Zhuhai, une zone économique spéciale.

« La proportion de jeunes de Macao qui travaillent ailleurs est relativement faible. Nous les encourageons à rester dans la Région de la Grande Baie. Nous souhaitons également la bienvenue à des amis de la Région de la Grande Baie qui viennent à Macao pour étudier et travailler », a déclaré M. Chui. Selon lui, Hong Kong, Macao et Guangdong ont des systèmes juridiques différents, qui doivent être synchronisés pour le développement de la Région de la Grande Baie.

« La Région de la Grande Baie est également une occasion pour Macao d'aller au-delà de ses limites. Macao a une superficie réduite, une faible population et peu de ressources, ce qui réduit considérablement sa diversification. Cependant, dans la Région de la Grande Baie, le gouvernement central peut promulguer des politiques favorables à Macao, ce qui peut l’aider à surmonter les barrières et lui permettre de participer au développement global du pays », a remarqué Ho Hau-wah.

Durant le Festival des lumières de Macao le 1er décembre (Photo : Xinhua)

Une diversification économique

Pendant longtemps, l'économie de Macao a été dominée par son industrie du jeu. En 2003, le gouvernement a commencé à promouvoir sa diversification en développant les secteurs du tourisme, de la culture, de la finance et des congrès.

Il a signé un accord avec le gouvernement central la même année, autorisant les voyages individuels aux touristes de la partie continentale. En 2005, le Centre historique de Macao, qui regroupe 20 sites constituant une fusion unique des cultures chinoise et portugaise, a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, devenant un objet de fierté nationale. Trois ans plus tard, Macao se positionnait comme un centre mondial du tourisme et des loisirs. En 2017, elle a été désignée Ville créative de la gastronomie de l'UNESCO.

Avant la rétrocession, les touristes de Hong Kong représentaient plus de la moitié des touristes à Macao, alors qu’après, les visiteurs de la partie continentale sont devenus la majorité, soit environ 70 % ces dernières années.

Le tourisme et les secteurs connexes ont apporté des bénéfices économiques et créé des emplois. Sur les 380 mille personnes ayant un emploi à Macao en 2017, plus de la moitié étaient ainsi employées dans des secteurs liés au tourisme.