Le 15 juin, des touristes admirent d’anciennes demeures de Zhaji. (Photo : Wang Hairong)

La protection prend la suite du développement

Bien que les collines qui embrassent le village l'aient abrité des bouleversements sociaux au cours de l’histoire, de nombreux bâtiments historiques ont à peine survécu à la Révolution culturelle (1966-76), une période où de nombreux édifices anciens ont été démantelés.

Au sortir de cette période, les bâtiments historiques pouvaient encore être les victimes de destruction et de vol. Après la démolition d’un immense sanctuaire ancestral et la vente de ses biens, Wang Zhaolan, chef du village de l'époque, s’est rendu compte que les habitants devaient s’employer à la protection des demeures anciennes.

Dans les années 1990, une association de protection du patrimoine culturel a été fondée dans le village. M. Wang a rappelé que 27 personnes, y compris des cadres du village en retraite, ont assisté à la réunion inaugurale, au cours de laquelle il a été élu président. Les membres ont versé des fonds pour la protection du patrimoine et ont signalé les vols à la police afin que certains objets volés puissent être récupérés.

Les bâtiments historiques ont ensuite été placés sous la protection du district et des autorités au niveau de la province, et en 2001, à l’échelon national, a précisé Zha Congjian. Le gouvernement a alors entamé les travaux de réparation et de restauration. En 2005, les autorités du district de Jingxian ont mis en place un bureau pour protéger et développer des demeures anciennes à Zhaji, plus tard connu sous le nom de Comité de gestion des sites pittoresques de Zhaji, selon Zha Congjian.

Le district a aussi décidé de développer le tourisme à Zhaji et les entrées sont devenues payantes. A l'heure actuelle, le bureau du tourisme est géré conjointement par le district et une agence de voyages.

Au cours de ces dernières années, le tourisme est devenu le pilier de l'économie locale. Selon Zha Congjian, chaque année, le village reçoit 400 mille personnes/fois, et engrange un chiffre d’affaires total de 5 millions de yuans (7,32 millions de dollars). À l'heure actuelle, il en coûte 80 yuans (11,7 dollars) pour un billet.

D’après Zha Congjian, le village compte environ trois mille habitants, dont un tiers travaillent dans le secteur du tourisme. Ils ouvrent des gîtes ruraux, des auberges et des magasins et fournissent d'autres services. Il y a plus de 100 magasins et logements dans le village, avec au total plus de 2 mille lits.

Zha Hongwei, la quarantaine, est le patron de l'auberge Xiangpu. Originaire du village, il a d'abord vécu de la terre avant de partir travailler dans la province du Jiangsu, économiquement plus développée. Il est revenu au village en 2009 et a ouvert son gîte rural en 2012. « Au fur et à mesure que le tourisme se développait à Zhaji, j'ai vu des opportunités commerciales dans mon village. Je suis donc rentré chez moi. D'ailleurs, je voulais retrouver ma famille », a-t-il dit à Beijing Information. Il a rénové sa propre maison avec ses économies et de l’argent emprunté à ses proches, ouvrant une auberge d’une douzaine de chambres. « Maintenant, l'auberge me procure un chiffre d’affaires annuel d'environ 200 mille yuans (29 263 dollars), beaucoup mieux que le travail de la terre ». Il souhaite qu’il y ait de plus en plus de visiteurs à l'avenir car le siège du district de Jingxian est maintenant desservi par une route reliant Beijing au Mont Huangshan, un site touristique célèbre non loin de Zhaji.

D'autres résidents ont également bénéficié du développement touristique. Zha Congjian a remarqué que les recettes de billetterie contribuaient au paiement de l'assurance-maladie des villageois et à l'amélioration des infrastructures locales, comme l'entretien des routes et la collecte des ordures. « Par le passé, les villageois avaient de faibles revenus alors que maintenant, ils sont admirés par des habitants des villages voisins », a noté Zha Congjian.

Si les revenus des résidents s’accroissent, ils veulent en même temps de meilleures conditions de vie. Des problèmes apparaissent alors. Par exemple, certains villageois ont construit des bâtiments non autorisés qui ne sont pas compatibles avec le style de l'ancien village.

Pour concilier les besoins des villageois en équipements modernes avec la protection du patrimoine, M. Zha a proposé de délimiter une nouvelle zone à l'extérieur du vieux village, où de nouvelles maisons compatibles avec le style local peuvent être édifiées. Quant aux résidents qui vivent encore dans les anciennes demeures, ils peuvent toujours aménager leur intérieur à leur convenance sans en altérer l'extérieur.