Une meilleure éducation aide les habitants des montagnes à briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté.

Shenzi Nibumu, 17 ans, a deux ans de plus que les autres collégiens de sa classe. Sa famille, trop pauvre, n’avait malheureusement pas les moyens de l’envoyer à l’école à l’âge où elle aurait dû commencer sa scolarité.

« Ma sœur a dû quitter l’école pour partir travailler au Guangdong afin de subvenir aux besoins de ma famille. Je ne souhaite pas suivre ses traces, je préférerais aller à l’université car je pense que l’éducation peut changer mon destin », raconte-t-elle à CHINAFRIQUE.

Elle vit aujourd’hui dans le district de Yuexi, dans la préfecture autonome yi de Liangshan, au Sichuan (sud-ouest), où elle peut se consacrer à ses études en toute sérénité car les frais de scolarité et de logement sont pris en charge par un programme de subvention pour les jeunes de Liangshan.

Plus de 3 000 élèves sont scolarisés au collège Wenchang, situé dans les montagnes de Yuexi, et un tiers d’entre eux sont issus de familles défavorisées, selon Shen Deping, proviseur de l’établissement. Ces collégiens n’ont aucun frais de scolarité à payer et bénéficie d’une bourse accordée par le gouvernement.

L’inégalité en matière d’éducation contribue au cycle de la pauvreté. Le Président chinois Xi Jinping a souvent affirmé que l’éducation était un élément clé pour rompre la transmission intergénérationnelle de la pauvreté. Un accès équitable à une éducation de qualité doit être garanti aux enfants des zones défavorisées.

À Liangshan, ville de montagne autrefois coupée du monde, 1,2 million d’élèves bénéficient désormais d’un enseignement gratuit pendant 15 ans, de la maternelle au lycée ou école professionnelle, selon Wang Yonggui, secrétaire général adjoint du Bureau de Liangshan pour la réduction de la pauvreté et le développement.

Une meilleure éducation

Vivant dans un village yi de montagne, Ma Zhiqiang, 15 ans, n’avait eu quasiment aucune occasion d’apprendre et de parler le mandarin par le passé. Scolarisé au collège de Wenchang depuis 2019, son chinois s’est considérablement amélioré grâce au soutien de son professeur.

C’est loin d’être un phénomène rare. Les yi communiquent habituellement dans leur dialecte. Beaucoup d’enfants n’apprennent pas le mandarin avant d’entrer à l’école primaire. Et même après, beaucoup d’entre eux ne parlent pas bien la langue officielle et ont du mal à suivre en cours, perdant ainsi tout intérêt pour les études.

En mai 2018, Liangshan a lancé le projet pilote « Les enfants en bas âge apprennent le chinois », créant 3 895 écoles maternelles communales. Environ 300 000 enfants y ont appris le chinois.

« L’amélioration des compétences linguistiques apporte davantage de confiance en soi aux enfants et améliore leurs résultats scolaires », explique Principe Shen à CHINAFRIQUE. « Ils peuvent mieux comprendre le monde extérieur. »

Pour améliorer la qualité de l’éducation, Liangshan soutient également les enseignants locaux, en augmentant les salaires et en essayant d’attirer davantage de diplômés universitaires.

Depuis 2015, Liangshan a recruté plus de 13 000 enseignants. Une prime mensuelle de 400 yuans (59 dollars) a été attribuée à 17 303 enseignants ruraux dans 11 districts habités par des minorités ethniques afin de les encourager à rester, selon Zhang Lantao, directeur adjoint du département de l’éducation au Sichuan.

Le 4 septembre, les directives publiées par le ministère chinois de l’Éducation ont mentionné que le salaire moyen des enseignants travaillant dans les zones rurales ne devrait pas être inférieur à celui des fonctionnaires de la même région. Des primes supplémentaires sont accordées aux enseignants des petites écoles et des internats ruraux, ainsi qu’à ceux qui travaillent dans des zones à forte population ethnique et dans des zones défavorisées isolées, conformément aux directives visant à accroître le nombre et la qualité des enseignants dans les zones rurales.

Apprendre dans de bonnes conditions

Les enfants de Liangshan bénéficient également de repas plus équilibrés. Le midi, les élèves se cuisinaient habituellement des pommes de terre et des épis de maïs sur des feux de charbon de bois. Aujourd’hui, ils ont droit à un déjeuner nutritif gratuit dans une cantine propre. Au collège de Wenchang, une cuisine équipée de réfrigérateurs et de matériel de désinfection permet d’offrir à tous les élèves un environnement décent et des repas comprenant du riz, des légumes, des œufs et de la viande.

En 2011, le ministère de l’Éducation a mis en œuvre un plan visant à améliorer la nutrition des élèves des zones rurales bénéficiant de l’enseignement obligatoire, et leur a accordé une subvention de 3 yuans (0,42 dollar) par personne et par jour, puis à 4 yuans (0,59 dollar) depuis novembre 2014.

Liangshan a également modernisé les installations scolaires. « Auparavant, quand j’étudiais à l’école du village, le bâtiment était vieux et délabré, et tout ce que nous avions, c’était un tableau noir et des craies. J’enviais les collégiens des villes qui passaient à la télé et qui avaient cours dans des salles multimédias », relate Shama Wuzhimu, élève de troisième au collège Wenchang.

Actuellement, chaque salle de classe est équipée de projecteurs, d’un grand écran LED et autres technologies dans sa nouvelle école. « Je suis heureuse d’étudier dans cet environnement », dévoile Shama. « Ce nouveau bâtiment ressemble à ceux des grandes villes ».

Selon les données officielles du Bureau de Liangshan pour la réduction de la pauvreté et le développement, depuis 2015, Liangshan a consolidé divers fonds de 9,075 milliards de yuans (1,34 milliards de dollars), construit 32 nouvelles écoles, rénové et agrandi 2 053 écoles délabrées, ajouté 1,882 millions de m2 de terrains de sport et 4,5 millions de livres dans les bibliothèques scolaires.

Niveau de compétences en hausse

Les écoles professionnelles secondaires ont joué un rôle essentiel dans les projets d’éradication de la pauvreté en Chine en améliorant le niveau de compétences techniques pour une meilleure intégration des jeunes sur le marché du travail.

À Xiaoshan, village de l’agglomération de Mianshan, préfecture autonome yi de Liangshan, une école du soir a été créée par le gouvernement local en 2016, dispensant des formations en cuisine, en broderie yi et en technique agricole, afin de favoriser l’acquisition de compétences des habitants, de stimuler l’emploi et ainsi de lutter contre la pauvreté.

Les cours sont dispensés par des intervenants issus de diverses professions et concernent la soudure électrique, l’entretien ménager et les soins infirmiers, la cuisine, la culture et l’élevage. L’école adapte ses horaires en fonction de la charge de travail agricole du village. Les salles de classe sont installées dans les champs ou dans les fermes des coopératives.

Rama Wusha, technicien agricole chargé de cours, a commencé à y enseigner en 2016. Selon lui, le plus grand changement s’est opéré au niveau de l’ouverture d’esprit des villageois qui ne croyaient pas au pouvoir de la science au début.

Actuellement, plus de 1 500 personnes ont été formées et plus de 200 personnes ont obtenu des certificats de qualification spécialisée, favorisant leur développement économique.

Le 17 novembre, la province du Sichuan a annoncé que ses sept derniers districts défavorisés de Liangshan sont officiellement sortis de la pauvreté, ce qui rapproche la Chine de son objectif d’éradication de la pauvreté absolue d’ici la fin de l’année.

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