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Le ballon rond, vecteur du dialogue interculturel |
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Li Xiaoyu · 2020-10-26 · Source: Chinafrique | |
Mots-clés: Walter Musanhu; football; Chine |
Un ancien footballeur professionnel issu de la jeunesse zimbabwéenne forme de jeunes talents en Chine.
Walter Musanhu (premier à gauche) pose avec les équipes U6, U8 et U10 de Jadel Football Academy lors de la présentation des nouvelles tenues et du nouveau nom du club au parc Side à Beijing, le 25 septembre. (COURTOISIE)
À la tombée du jour, sur un terrain de football du parc Side dans l’arrondissement de Chaoyang, à Beijing, se profilent un groupe d’enfants de huit ans participant à leur entraînement hebdomadaire. « Yes sir (Oui Monsieur) ! » Contre toute attente, ces jeunes Chinois répondent à l’unisson en anglais à un trentenaire grand et sportif. Il s’agit de Walter Musanhu, leur entraîneur zimbabwéen. La question de la communication entre eux ne se pose pas : le football est un sport multilingue et universel qui dépasse les frontières et réunit les peuples. De fait, c’est sa passion pour le ballon rond et l’envie de faire évoluer le football chinois qui l’ont conduit en Chine il y a quatre ans.
Sa passion, sa vie
Né en 1987 au Zimbabwe, Walter commence à jouer au football à l’âge de trois ans et grandit dans une famille de footballeurs : son frère, Chamunoda Musanhu, est un ancien défenseur de l’équipe nationale zimbabwéenne. Suivant son exemple, Walter devient footballeur professionnel à l’âge de seize ans. Quatre ans plus tard, il est recruté par un club de football autrichien et évolue en Europe.
Malheureusement, au bout de quelques mois, il doit prendre la douloureuse décision de rentrer au Zimbabwe à cause d’une blessure à la jambe. Quatre mois plus tard, Walter s’est rétabli physiquement et mentalement. De retour sur le terrain, il remporte plusieurs médailles d’or avec son équipe. À nouveau tourmenté par des problèmes de blessures, il est contraint de se retirer définitivement du football professionnel en 2008.
Mais sa passion pour ce sport ne l’a pas tenu longtemps éloigné du terrain. Il s’engage auprès des jeunes les plus vulnérables au Zimbabwe et dirige une fondation de football ayant pour objectif de les aider à se construire sans sombrer dans la délinquance.
C’est par un heureux hasard que Walter découvre l’amour des enfants chinois pour le football, ce qui le touche profondément. En 2016, il se rend en Chine où il commence à travailler comme entraîneur dans un célèbre club de football pour jeunes à Beijing.
Il constate rapidement que les enfants chinois sont talentueux et passionnés par le football. « Mais ils sont submergés par d’autres obligations et ils ont moins de temps pour s’entraîner. C’est ce qui ralentit leur évolution », révèle Walter à CHINAFRIQUE. « La Chine dispose toutefois de plus d’installations et de ressources que mon pays et ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne rattrape son retard. »
Cela a renforcé sa détermination à contribuer au développement du football chinois.
Sa touche personnelle en plus
Walter Musanhu dévoile les nouveaux maillots sponsorisés par Cickers. (COURTOISIE)
À cet effet, il a lancé son propre club dans la capitale en août 2019. « [Diriger un club de football] a toujours été mon rêve. Je voulais créer un système que je pourrais façonner et adopter directement des techniques modernes de formation pour le développement des talents en Chine. »
Le nom du club, Jadel, signifie courageux, honnête, déterminé, original et toujours prospère dans les domaines intellectuels et professionnels. Sa mission : exploiter le potentiel de talents exceptionnels en leur apportant un physique solide et un moral d’acier.
Il n’a pas tardé à passer à l’acte. Comme le dit le proverbe, il n’y a que le premier pas qui coûte. Au début, son club ne comptait que trois membres. Mais très vite, l’activité a commencé à se développer grâce au bouche à oreille.
Zhang Haiyan, parent d’un des jeunes joueurs du club, raconte que son fils, Zhou Naikang, 8 ans, s’est initié au football avec un entraîneur anglais dans la province chinoise de Taiwan alors qu’il n’avait que trois ans. Après leur déménagement à Beijing, elle voulait trouver un entraîneur étranger pour son fils et c’est ainsi qu’ils se sont tournés vers le club de Walter.
« Il est diligent, patient et très gentil avec les enfants. Il prépare lui-même les installations avant chaque séance d’entraînement », indique Mme Zhang. Elle constate avec joie les progrès rapides de son fils. Il pratique au moins deux fois par semaine, peu importe la météo.
« Walter nous considère comme des amis. Il nous apprend beaucoup, tant au niveau du savoir-faire qu’au savoir-vivre, comme la dynamique d’équipe, la motivation et même les valeurs morales. Je suis très content de venir m’entraîner avec lui », relate Naikang.
Pour les parents, l’affection de Walter envers les enfants et son professionnalisme font de lui un entraîneur fiable. Aujourd’hui, son club compte près de 50 jeunes répartis en trois groupes selon leur âge : U6, U8 et U10. Ils sont originaires de Chine, d’Allemagne, d’Australie et même d’Afrique. Et de plus en plus de filles s’inscrivent au club.
Pour mieux communiquer avec les enfants, Walter a engagé deux entraîneurs adjoints. Mais il tient toujours à parler en anglais avec eux. « Ils peuvent pratiquer l’anglais en faisant ce qui leur plaît le plus. N’est-ce pas un processus éducatif efficace ? »
Du club à l’académie
La pandémie de COVID-19 a mis à l’arrêt toutes les activités de football et a également affecté le développement de Jadel. Cette période sombre n’a pas pourtant ralenti la poursuite de son rêve.
Le 25 septembre, un an après sa création, Jadel Football Club a été rebaptisé Jadel Football Academy. Pour Walter, une académie de football est un programme de base destiné à préparer les joueurs, et l’objectif est d’enseigner ces compétences à un âge précoce sans miser sur la victoire ni la compétitivité. « Une académie travaille plus sur les compétences de base tandis qu’un club se préoccupe davantage de la victoire et de la tactique. Notre but est de repérer les talents », explique-t-il.
Pour les initier, Walter a adopté des idées d’entraînement modernes qui sont influencées par la science du sport. Il utilise, par exemple, des tests, des mesures et des évaluations pour vérifier les progrès des joueurs et utilise également ces résultats pour mettre en place des programmes de formation afin de combler les lacunes.
Walter et ses assistants adaptent leur stratégie de formation aux conditions des enfants qui se divisent en trois niveaux d’acquisition de compétences : le stade cognitif pour les débutants, le stade associatif pour ceux qui progressent bien et le stade autonome pour les talents éminents. Chaque étape correspond à un niveau de difficulté différent.
Ces méthodes de formation systémique ont déjà porté leurs fruits. Lors d’un tournoi de football junior tenu début octobre à Beijing, l’équipe de Jadel a remporté plusieurs prix individuels.
En même temps, Walter dirige une académie de football au Zimbabwe. Il envisage de rebaptiser aussi sa filiale zimbabwéenne.
« Dès que tout reviendra à la normale, notre académie au Zimbabwe participera aux tournois en Chine dans le cadre de nos programmes d’échange », affirme Walter avec espoir.
Pour vos commentaires : lixiaoyu@chinafrica.cn