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Place aux filles sur le podium |
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par François Dubé · 2018-12-24 · Source: CHINAFRIQUE | |
Mots-clés: football; filles de Zambie |
Samantha Miyanda est encore émue quand elle parle de la victoire de son compatriote zambien et athlète Sydney Siame, qui a remporté la médaille d’or dans la finale du 100 mètres d’athlétisme aux Jeux olympiques de la jeunesse d’été 2014 à Nanjing, dans la province du Jiangsu, à l’est de la Chine. Et avec raison : elle était présente sur place quand son idole est monté sur le podium et que l’hymne national zambien a retenti dans le stade.
« Avoir la chance d’assister aux Jeux de Nanjing est une expérience que je n’oublierai jamais. Voir tout le monde se lever quand notre hymne a été joué était incroyable. Notre hymne national n’est jamais joué lors des compétitions internationales, alors vivre cette expérience pour la première fois était très significatif pour moi », dit la jeune femme de 25 ans.
Samantha était présente sur place non pas en tant qu’athlète, mais en tant que représentante zambienne du programme Young Change-Maker (YCM). Une des principales activités de la feuille de route stratégique du Comité international olympique (CIO), le programme YCM vise à former de jeunes leaders âgés de 20 à 30 ans. Dans le cadre de YCM, explique Samantha, les jeunes offrent leur temps et leur passion pour créer un monde meilleur en utilisant le sport comme levier.
Trois ans plus tard, Samantha continue d’incarner et de transmettre les valeurs et l’esprit olympiques tel quel les a vécus à Nanjing. Depuis son retour de Chine, elle a consacré ses énergies à mettre en place une initiative de mentorat dans sa communauté avec une attention particulière aux jeunes filles zambiennes.
Les premiers pas
Bien que le sport n’ait fait qu’une entrée tardive dans la vie de Samantha – elle a rejoint sa première équipe de football à l’âge de 18 ans –, cela ne l’a pas empêchée de devenir la passionnée qu’elle est maintenant.
Lorsqu’elle n’est pas occupée par ses études à l’Université de Lusaka, elle travaille sans relâche pour transmettre la joie et l’esprit sportif à ses compatriotes zambiens.
« Dans ma jeunesse, j’ai toujours aimé le football, mais j’ai grandi dans un environnement où l’éducation était la priorité et le sport n’était que récréatif. De plus, nous n’avions même pas de centres sportifs dans mon quartier. En 2010, le Centre olympique pour le développement de la jeunesse (COPD) a été ouvert en Zambie et poussée par ma grand-mère, j’ai rejoint une équipe de football », se souvient-elle.
« Pour la première fois, j’ai botté un ballon et fais partie d’une équipe. L’expérience de se faire de nouveaux amis et de jouer tous les jours était fascinante. Depuis, le football est devenu mon deuxième amour », ajoute-t-elle.
La participation de Samantha au COPD l’a amenée à postuler pour représenter la Zambie dans le programme YCM. Malgré une concurrence féroce, elle a été choisie pour ce rôle, avec une mission claire en tête.
« Depuis que je me suis mise à la pratique sportive, la seule chose que je souhaite faire est de créer plus d’opportunités pour les filles, parce que je me suis rendu compte que les filles de mon pays n’avaient pas la possibilité d’exceller dans le sport. Ma présence aux Jeux olympiques de la jeunesse m’a montré jusqu’où la détermination, la concentration et la discipline pouvaient me mener », raconte-t-elle.
Dans le cadre du programme YCM, les athlètes, les étudiants et les jeunes professionnels du sport peuvent soumettre des projets combinant l’entrepreneuriat social et le sport pour améliorer leur communauté, dans des domaines tels que la santé, l’inclusion, le développement durable et la paix. Les meilleurs projets reçoivent un financement de démarrage de 5 000 dollars. Selon le CIO, il y a maintenant plus de 100 ambassadeurs du YCM venant de tous les continents.
« YCM est centré sur des jeunes qui ont de bonnes idées pour améliorer leurs communautés à travers le sport. Sur la base des valeurs du CIO, nous voulons construire un monde meilleur grâce au sport, et c’est ce que font ces jeunes sur le terrain », explique Eric Mitchell, ancien athlète olympique et représentant canadien du YCM.
Changer le monde
Pour Samantha, il était clair dès le départ que son projet devait mettre l’accent sur l’égalité des chances en matière d’éducation et de travail pour les jeunes filles en Zambie.
Son projet, baptisé Girls Mentorship Sports Program, implique maintenant 20 jeunes filles. Il vise à les aider à atteindre leurs objectifs en établissant des relations de mentorat avec des femmes qui ont réussi dans différents domaines en Zambie.
« J’ai choisi ce programme parce que j’ai toujours voulu créer une opportunité éducative pour mieux outiller les filles à exceller dans l’industrie du sport, qui est souvent dominée par les hommes, explique-t-elle. Le développement de leaders, d’entraîneurs et d’éducateurs est un résultat clé de mon projet. »
Les sports peuvent aider les femmes zambiennes à résoudre certains des problèmes auxquels elles sont confrontées, tels que le faible niveau d’alphabétisation, la violence fondée sur le sexe, la mauvaise connaissance de leur santé reproductive et de leurs droits, etc.
« Par exemple, nous avons créé des liens avec des leaders dans le domaine du sport en Zambie qui ont tous souligné le rôle clé que l’éducation avait joué pour leur succès. Cela a été une révélation pour les participantes et la plupart d’entre elles sont retournées à l’école pour poursuivre leurs études », dit-elle.
Dans le cadre de son programme de mentorat, les jeunes filles reçoivent également une formation sur le VIH/sida, la nutrition, les valeurs olympiques, l’entrepreneuriat et le leadership.
« Certains deviendront des entraîneurs qualifiés et d’autres poursuivront d’autres carrières. Le programme utilise comme levier l’expertise de femmes influentes dans mon pays, qui partagent leurs idées et expériences pour inspirer ces filles et les aider à réaliser leur potentiel au maximum, explique-t-elle. Certaines filles impliquées dans le programme ont également reçu des offres de stages. Cela dotera les filles de compétences qui les rendront employables. »
Son projet a reçu le soutien actif d’un certain nombre de personnalités du sport en Zambie, dont le directeur des sports au ministère de la Jeunesse et des Sports, Bessie Chelemu, et Enala Phiri, l’entraîneuse-chef de l’équipe nationale féminine de football. En novembre dernier, elle a même pu se rendre en Suisse et présenter son projet au président du CIO, Thomas Bach.
« Les valeurs olympiques sont des valeurs humaines. L’amitié, la poursuite de l’excellence, l’équilibre entre le corps, la volonté et l’esprit, le fair-play et le respect sont des valeurs qui, si elles sont adoptées et mises en œuvre, peuvent aider les individus à progresser, à devenir meilleurs et à vivre en harmonie. »
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