Contribuer à établir les relations diplomatiques avec les pays occidentaux
Tout en mettant l’accent sur ses relations avec les pays en développement, la Chine nouvelle ne négligeait pas les opportunités permettant de réaliser des percées quant à ses relations avec le monde occidental. Zhou Enlai n’a jamais raté la moindre occasion de faire son travail dans ce sens.
Déjà, en 1954 à Genève, lors des repas auxquels ils se sont invités réciproquement, Zhou Enlai et Pierre Mendès France ont parlé des relations sino-françaises. Mendès France jugeait nécessaire de les améliorer, tandis que Zhou Enlai souhaitait que celles-ci se développent sur une nouvelle base amicale.
En mai 1957, Zhou Enlai a assisté au dîner offert en l’honneur de l’ancien Premier Ministre Edgar Faure en visite privée en Chine. En octobre 1963, Edgar Faure est venu à nouveau en Chine, cette fois-ci en tant que représentant du Général de Gaule pour discuter des modalités en vue de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Zhou Enlai s’est aussitôt entretenu avec lui. Cet entretien a été suivi de deux autres. Tout n’était pas simple. Il fallait régler le problème de Taiwan sans mettre en difficulté les autorités françaises ni remettre en cause le principe défendu fermement par la Chine. Finalement, avec l’approbation du Président Mao, c’est Zhou Enlai qui a proposé une solution qui a ménagé le chou et la chèvre.
L’événement historique s’est produit le 28 janvier 1964 : la Chine et la France ont publié ce jour-là simultanément un communiqué annonçant l’établissement de relations diplomatiques au niveau d’ambassadeur entre les deux pays. C’était décrit par la presse occidentale comme l’explosion d’une bombe atomique, le monde étant encore en proie à la guerre froide à cette époque. La décision visionnaire et stratégique du Président Mao et du Général de Gaule a fait changer le cours de l’histoire d’après-guerre. Il va sans dire que Zhou Enlai était aussi l’homme clé de cet événement.
En septembre 1973, le Président Pompidou est venu visiter la Chine. C’était la première fois que la Chine nouvelle recevait le chef d’Etat d’un pays occidental. Zhou Enlai l’a accueilli à l’aéroport de Beijing, lui a offert un banquet, et s’est longuement entretenu avec lui. Tout ce que Zhou Enlai a fait de façon exceptionnelle durant le séjour du Président Pompidou en Chine témoignait l’importance que la Chine attachait à ses relations avec la France. Cette visite a été couronnée de succès. Dans un communiqué conjoint, les deux pays ont exprimé leur volonté commune de promouvoir toujours davantage leur coopération. D’ailleurs, un contrat pour la construction d’un complexe pétrochimique en Chine a été signé à cette occasion.
Un autre événement qui a marqué les annales des relations internationales du siècle dernier a été le dégel des relations sino-américaines. Zhou Enlai, comme à chaque fois dans ce genre de dossiers importants et délicats, y a joué son rôle indispensable.
En juillet 1971, le Dr Kissinger est venu en Chine pour préparer une visite du Président Nixon en Chine. Zhou Enlai s’est longuement entretenu avec lui en insistant sur l’importance de bien régler le problème de Taiwan, principal obstacle pour la normalisation des relations sino-américaines. En octobre de la même année, Kissinger était à nouveau à Beijing pour discuter plus en détail des préparatifs de la visite de Nixon, surtout du contenu du communiqué conjoint qui devrait être publié le moment venu. Au bout de plusieurs longues séances de discussions, Kissinger a accepté l’idée directrice de Zhou Enlai et les deux parties sont parvenues à un accord préliminaire.
Le 21 février 1972, l’avion présidentiel américain atterrit à l’aéroport de Beijing, où Zhou Enlai attendait le président Nixon. Aussitôt, le Président Mao a reçu Nixon en présence de Zhou Enlai. Durant cette visite, Zhou a eu deux entretiens élargis et cinq entretiens restreints avec Nixon. Le 27 février, les deux parties sont parvenues à l’accord définitif sur le texte du communiqué conjoint qui a été présenté aussitôt à la presse et publié officiellement le 28 février, le jour où Nixon a terminé sa visite historique en Chine avec les succès escomptés. Un nouveau chapitre a commencé pour les relations sino-américaines mais aussi pour l’ensemble des relations extérieures de la Chine nouvelle. Une vague de reconnaissances de la Chine nouvelle par de nombreux pays a suivi le premier pas de rapprochement entre les deux géants, ce qui a changé par la logique considérablement l’échiquier international.
