Des brodeuses de la société Hengyao Garments à Kuqa (PHOTO : Cui Nan)

Les femmes prennent leur destin en main

Ce sont surtout les femmes qui sont passées de la terre à l’usine, s’adaptant plus rapidement. En raison de leurs responsabilités au foyer, notamment leurs obligations envers les personnes âgées et les enfants, elles préfèrent travailler à proximité de leur domicile.

Les ouvrières agricoles vivant à proximité des parcs industriels comme celui d’Aksu peuvent mieux équilibrer leur vie familiale et le travail, mais en s’éloignant, un dilemme se pose, à savoir celui de sacrifier leur vie familiale au profit d’une amélioration substantielle de leurs conditions de vie.

Tohtam Sawux, 32 ans, n’a heureusement pas eu à faire ce choix. Après la création en 2016 du Parc de l’innovation de la ville de Wuqia à proximité de son district de Kuqa, à quelque 250 kilomètres d’Aksu, elle a trouvé un emploi de tisserande, ce qu’elle souhaitait, lui permettant de vivre avec sa famille et de s’occuper de son fils.

Auparavant, elle travaillait chez elle, son mari s’occupant de quelques arpents de terre et d’un peu de bétail, ce qui ne permettait pas de garantir un revenu stable. Elle prit donc un emploi chez Hengyao Garments pour un salaire mensuel de 3 mille yuans (452 dollars), tirant la famille de la pauvreté. « J’aime dépenser l’argent que nous gagnons. Cela accroît mon sentiment de dignité personnelle », remarque–t–elle.

Hengyao Garments, une des cinq entreprises de ce parc, a déjà procuré 2 mille emplois aux femmes locales. « Nous profitons de nombreuses mesures incitatives du gouvernement, notamment des faibles coûts pour les matières premières et les transports », explique son fondateur Ouyang Zhijun, ajoutant qu’il avait cru – à tort – qu’il serait difficile de gérer son affaire dans la région.

Les femmes locales commençant à s’apercevoir que les opportunités économiques leur sont bénéfiques, elles prennent conscience de la valeur de leur contribution personnelle au sein de la famille et de la société.

Ainsi Mme Sawux préfère son travail à l’usine qu’un mi–temps chez elle, car elle peut se concentrer davantage. Elle a aussi décidé d’attendre que son fils entre à l’université pour entreprendre elle aussi une formation.

Patigvl Mamat, qui travaille avec elle, voudrait continuer à étudier la broderie de Suzhou, une technique inscrite sur la liste du patrimoine immatériel de Chine. Elle a pu se former à Suzhou en 2015 et a déjà transmis ses connaissances à plusieurs dizaines de collègues. « La broderie de Suzhou est plus subtile que la broderie au point de croix ouïgoure », explique–t–elle. Elle combine souvent les deux styles pour des pièces qui peuvent se vendre à 8 mille yuans (1 206 dollars). « J’ai tant à apprendre. Je souhaite ardemment pouvoir continuer à étudier et à améliorer mes compétences. »