Les questions des réformes, de la croissance et de l'innovation ont occupé une place considérable lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs de banques centrales du G20 qui s'est tenue à Chengdu, dans le Sichuan (sud–ouest de la Chine) les 23 et 24 juillet. C'est l'ultime réunion de ce type avant le Sommet du G20 à Hangzhou en septembre. Un cadre pour les réformes structurelles a été établi et un consensus a été atteint pour mettre en œuvre davantage de mesures budgétaires en faveur de la croissance dans une période où l'efficacité des mesures de politique monétaire diminue.  

Dans leurs discours prononcés au cours de la réunion, Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque populaire de Chine (BPC), la banque centrale du pays, et Lou Jiwei, le ministre des Finances de Chine, ont fait connaître la position de la Chine en termes de politiques monétaire et budgétaire.  

M. Zhou a déclaré que le yuan, la monnaie chinoise, allait rester stable contre un panier de devises. Il a indiqué que la BPC réfléchissait à la possibilité d'émettre des obligations en droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI). L'institution internationale devrait en effet officiellement inclure le yuan dans son panier de devises avant la fin de l'année.  

M. Lou a de son côté déclaré que la priorité serait donnée aux mesures budgétaires pour renforcer la réforme structurelle du côté de l'offre. Il a fait savoir que la Chine allait mettre en place davantage de mesures fiscales pour tenter d'équilibrer l'innovation et l'équité sociale, et que la prochaine tâche du pays serait de réformer la fiscalité des revenus et des propriétés.  

Un cadre pour les réformes structurelles  

Une des réussites les plus importantes aura été la volonté affichée au plus haut niveau de mettre en œuvre les réformes structurelles. « Des jalons importants ont été posés pour encourager les réformes structurelles durant la réunion », a déclaré M. Lou lors de la conférence de presse qui l'a suivie. D'après lui, il s'agit d'une première pour ce genre de réunion. La priorité a été donnée à neuf domaines et 48 directives ainsi qu'un répertoire pour évaluer la mise en œuvre de la réforme ont été avancés. Il a déclaré que les membres du G20 accordent une importance croissante aux réformes structurelles et ont fait des engagements, mais qu'elles ne répondent pas aux attentes des gens. Selon lui, il est crucial de faire avancer les réformes, de renforcer la capacité d'innovation et de promouvoir l'équité sociale pour une croissance solide et durable.   

Les participants ont aussi souligné que des stratégies budgétaires appropriées sont tout aussi importantes pour parvenir à une croissance commune. Alors que l'efficacité des politiques monétaires s'est réduite, ils ont conclu que des mesures en faveur de la croissance devaient être prises.  

En Chine, par exemple, les milieux informés savent que les mesures de politique monétaire ont des effets marginaux réduits. Fin juin, M2, la masse monétaire au sens large, qui comprend les espèces en circulation et l'ensemble des dépôts, a augmenté de 11,8  % en glissement annuel. Par ailleurs, la progression de M1, la masse monétaire au sens restreint, qui inclut les espèces en circulation et les dépôts à vue, a été de 24,6 % pour la même période. On constate un écart grandissant dans la croissance de ces deux agrégats. « A en juger par ces écarts croissants, on voit qu'une trappe à liquidité se forme en Chine », estime Sheng Songcheng, directeur du département des études et des statistiques de la Banque populaire de Chine, ajoutant que le ralentissement économique actuel est causé à la fois par une demande réelle insuffisante et une structure de l'offre déséquilibrée. Selon lui, les politiques monétaires ont un effet limité sur l'économie, et donc il faut faire davantage pour coordonner les politiques budgétaires et fiscales.  

D'après M. Lou, des efforts doivent être déployés à la fois du côté de la demande et de l'offre, notamment en mettant en place des politiques budgétaires proactives des politiques monétaires prudentes, pour faire avancer la réforme structurelle en Chine. L'économie de l'offre reste essentielle en Chine, et il est crucial, toujours selon M. Lou, de l'améliorer en renforçant la réforme structurelle.  

Impacts potentiels des obligations en DTS 

Les taux de change sont plus volatiles que jamais depuis le début de l'année, notamment depuis le référendum au Royaume-Uni. Le communiqué publié après la réunion de Chengdu est clair. « Nous répétons que la volatilité excessive et les mouvements désordonnés des taux de change peuvent avoir des conséquences négatives sur la stabilité économique et financière. Nous allons nous consulter étroitement sur les marchés des changes. Nous réaffirmons nos engagements précédents pour les taux de change, notamment le fait que nous nous abstiendrons de procéder à des dévaluations compétitives et que nous ne ciblerons pas nos taux de change pour des raisons de compétitivité. Nous résisterons aussi à toute forme de protectionnisme. »  

Le dollar fort a fortement pesé sur le taux de change du yuan. « Après une période d'adaptation, les participants aux marchés ont une compréhension plus profonde des mécanismes de change du yuan. Actuellement, le taux de change du yuan reste généralement stable contre un panier de devises et la confiance du marché devient plus grande à son égard. A l'avenir, la Chine va améliorer davantage le mécanisme de taux de change, qui repose sur l'offre et la demande sur le marché, et qui est ajusté en prenant pour référence un panier de devises », a déclaré M. Zhou.   

Li Zhenhao, un haut responsable de la Banque de développement de Singapour, a fait savoir au Economic Information Daily que le yuan sera soutenu pour la simple et bonne raison que les investisseurs internationaux détiendront de la monnaie chinoise après son entrée officielle dans le panier de devises des DTS au troisième trimestre de cette année. « Il n'y aura pas de baisse accentuée du yuan », estime–t–il. M. Zhou a par ailleurs déclaré que l'utilisation des DTS serait étendue et que la banque centrale étudie la possibilité d'émettre des obligations libellé en DTS.  

Zhu Jun, un haut responsable de la BPC, a indiqué durant la réunion qu'une institution internationale effectue des préparatifs pour finaliser la première émission obligataire en DTS. « L'émission d'obligations libellée en DTS est une innovation financière. Les institutions internationales peuvent lever des fonds en émettant de telles obligations pour des projets transnationaux. Pour les investisseurs, de telles obligations sont attrayantes car elles sont plus stables que celles qui sont libellées en une seule monnaie », a fait savoir Li Jianjun, assistant au directeur général du département des investissements et du développement auprès de la Banque Kunlun au Economic Information Daily. Il estime cependant que d'autres paramètres sont à prendre en compte dans un tel cas, notamment la nature de l'établissement émetteur et les devises utilisées pour souscrire ces obligations.  

Faciliter les réformes fiscales 

L'efficacité des mesures budgétaires pour promouvoir la croissance stimulée par l'innovation et inclusive et les réformes structurelles du côté de l'offre a fait l'objet de débats animés. Comme l'a souligné M. Lou, les mesures fiscales doivent être utilisées correctement pour donner au marché un rôle décisif dans l'allocation des ressources. La priorité des mesures budgétaires est de créer un environnement équitable et des opportunités de développement pour tous et de promouvoir la croissance économique inclusive.          

La fiscalité chinoise fait l'objet d'une refonte : de nouvelles mesures fiscales qui aident les entreprises innovantes à se développer sont mises en place tout en garantissant qu'elles n'accroissent pas les inégalités sociales. M. Lou a déclaré que la Chine mettait en place un régime fiscal davantage en faveur de l'innovation en généralisant les initiatives pilotes de remplacement de la taxe sur le chiffre d'affaires par la TVA à davantage de secteurs, et en introduisant des crédits d'impôt sur les dépenses de recherche et développement des sociétés.  

Davantage d'efforts sont aussi déployés pour créer une fiscalité plus équitable socialement. La mesure la plus efficace pour garantir une distribution des revenus plus justes se fait par la réforme de l'impôt sur les revenus et sur les propriétés, selon M. Lou. « Même si nous faisons face à de nombreux défis, ce sera la prochaine tâche pour les réformes de la fiscalité en Chine. » 

Gao Peiyong, directeur de l'Académie nationale de stratégie économique de l'Académie des sciences sociales de Chine, a déclaré que l'objet de la réforme fiscale est de réduire les impôts indirects et d'accroître les impôts directs, afin d'améliorer la structure de la fiscalité chinoise. « La réforme des impôts directs, comme l'impôt sur les propriétés et l'impôt sur le revenu, sera la plus grande priorité et la plus grande difficulté dans la réforme de la fiscalité en Chine dans les cinq ans à venir. » 

Beijing Information