Jon R. Taylor

Ce mois de juillet marque le 95e anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois (PCC). Pendant presque un siècle, le PCC a apporté des changements profonds au pays le plus peuplé au monde. Fondé en juillet 1921, le PCC a félicité, à juste titre, les progrès notables de la Chine dans la création d'une nouvelle dynamique pour la nation chinoise. Malheureusement, à l'exception des étudiants et des spécialistes de la Chine, cet anniversaire passe inaperçu dans une grande partie de l'Occident. Il est dommage que cet événement n'ait été que si peu médiatisé, compte tenu de l'histoire remarquable du Parti, de ses succès et de sa ténacité.  

Les médias occidentaux passent à côté d'une histoire fascinante qui dure depuis bientôt un siècle. De ses débuts modestes dans un Shikumen (bâtiment traditionnel de style shanghaïen) à Shanghai, avec seulement une poignée de membres, à son statut actuel de plus grand parti politique du monde, ces 95 dernières années ont permis au Parti de jouer un rôle essentiel dans les événements majeurs de l'histoire chinoise moderne : l'abolition de l'ère impérialiste, l'unification du peuple chinois lors de la guerre contre l'impérialisme japonais, le renversement des forces réactionnaires du Kuomintang, l'établissement de la République populaire de Chine, la sortie de la pauvreté de centaines de millions de personnes, l'accession de la nation au statut d'acteur incontournable de la scène internationale, ainsi que la transformation du pays en économie la deuxième plus importante au monde. 

Beaucoup de personnes pensent que le PCC - et la Chine - échouera et sera remplacé par une démocratie libérale à l'occidentale : il s'agit là d'une mécompréhension totale de ce que représente réellement le PCC. Le Parti ne fonctionne pas comme les partis politiques occidentaux, étant donné que les éléments qu'on voit couramment chez ceux-ci, tels que les manœuvres politiques ouvertes, les campagnes électorales et les soutiens financiers, n'existent pas dans le Parti communiste chinois. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de concurrence pour l'obtention des postes, de conflits personnels et de différences d'opinions politiques entre les membres du Parti et la direction du Parti. Même au sein du Parti communiste chinois les différences d'opinions et les conflits personnels existent. Pourtant, la différence se situe dans le fonctionnement du Parti, qui n'agit pas uniquement en tant que parti politique de masse, mais également en tant que mouvement politique, qu'institution sociale, que groupe de réflexion et qu'organe gouvernemental. Il est donc problématique de considérer le PCC selon une définition comparative commune de sciences politiques d'un parti politique à l'occidentale. Le PCC devrait plutôt être considéré de manière holistique, à travers son histoire, ses membres, ses succès et, oui, ses échecs. Bien que cela puisse être difficile à accepter pour certains Occidentaux, le système chinois de consultation des partis, dirigé par le PCC, a ses avantages. Il s'agit d'un arrangement basé sur des consensus et d'une unité d'objectifs pour des finalités bénéfiques sur le long terme. Alors que la démocratie libérale occidentale est souvent considérée comme chaotique à cause des conflits d'intérêts continus et ouvertement exposés, une grande partie de la société chinoise approuve la manière non idéologique dont le Parti gère les réformes, le développement et la stabilité.  

Pendant presque un siècle, le PCC a glorieusement sauvé la Chine de la domination étrangère, achevé une révolution sociale et politique et élevé la Chine à un niveau de développement économique historique grâce à des réformes de marché. Alors que le PCC a réalisé d'incroyables accomplissements ces 95 dernières années et mené avec succès le pays sur la voie d'un développement économique rapide et d'une modernisation accélérée, il doit faire face à des défis tant internes qu'externes, qui pourraient menacer le rêve de la Chine de devenir et de rester une des nations les plus fortes et prospères au monde. La capacité du Parti à gérer et à résoudre ces problèmes déterminera les perspectives d'avenir du Parti communiste chinois.  

Sous la présidence du Parti, la Chine est passée d'une nation rurale et appauvrie à l'économie la deuxième plus importante au monde. Presque 700 millions de Chinois sont sortis de la pauvreté. La Chine est désormais leader dans les domaines de la science, de la technologie et de l'innovation. Le pays est devenu un contributeur majeur de la paix internationale et a subi presque quatre décennies de réformes et de transformations depuis 1978. Nous sommes bien loin de l'effondrement du système qu'un auteur avait prédit il y a quinze ans. En effet, le PCC a régulièrement démontré une certaine habilité à s'adapter. Depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949, en passant par les réformes agraires des années 1950, par la politique de réforme et d'ouverture de la fin des années 1970 et par les réformes économiques actuelles, le Parti semble une nouvelle fois sur la voie de l'adaptation. Les mesures prises pour développer la réforme du côté de l'offre, pour lutter efficacement contre la corruption, pour transformer les services gouvernementaux, approfondir les réformes structurelles administratives, renforcer la crédibilité du gouvernement ainsi qu'implémenter et établir un état de droit représentent une ténacité qui démontre la capacité du Parti à s'adapter aux nouveaux défis du XXIe siècle. Une ténacité que les partis communistes de l'ancienne Union soviétique et d'Europe de l'Est n'ont pas su démontrer et ont donc échoué en tant que partis dirigeants.  

Une nation de 1,4 milliard de personnes nécessite un Parti et un gouvernement capables de prendre en compte ces changements rapides et continus, tant en interne qu'à l'international. Cette notion de « prise en compte » entretient une culture d'amélioration permanente dans le but d'optimiser et de moderniser le système de gouvernance nationale du Parti. Autrement dit, le Parti sait qu'il doit continuer de mener des réformes approfondies afin de maintenir sa suprématie en tant que parti au pouvoir. Malgré un ralentissement économique, l'économie chinoise poursuit une croissance plus rapide que celle de n'importe quelle autre puissance du monde. Cette idée récente que le PCC a, d'une certaine manière, perdu la confiance du peuple chinois ne correspond pas à la réalité.  

Le PCC a parcouru un long chemin depuis sa création à Shanghai, en 1921. En moins de 100 ans, le Parti a résisté à l'épreuve des guerres et des révolutions pour libérer la nation de décennies d'humiliation et de dominance étrangère. Il s'est résolument engagé dans une seconde révolution avec sa politique de réforme et d'ouverture de 1978, encourageant tant les réformes collatérales qu'un développement sans précédent. Parti révolutionnaire dans ses débuts et désormais à la tête du pays depuis presque 70 ans, le Parti s'engage à répondre aux besoins du peuple. Le PCC a lancé de larges réformes politiques et idéologiques allant de la politique de l'enfant unique à l'extension du système de hukou, en passant par la restructuration de la dette des autorités locales, par la réorganisation des entreprises publiques ou encore par l'augmentation de la sensibilité du marché aux prix de l'énergie et par l'amélioration de la transparence des informations. Cela prouve que le Parti peut et continuera à adapter ses politiques pour assurer la direction du Parti et maintenir l'unité nationale.   

Cette gouvernance évolutive, l'élaboration des politiques et le système de prise de décision sont largement responsables des capacités du Parti à garder cette ténacité en matière de politique et d'économie. Ces éléments fournissent au PCC diverses méthodes essentielles à la viabilité des politiques du Parti, dans un environnement en changement constant. Alors que le PCC a fait preuve d'une grande ténacité ces 95 dernières années, le Parti n'entend changer ni ses objectifs premiers de servir le peuple, ni ses principes idéologiques de libération de l'esprit et de la recherche de la vérité dans les faits.  

Il continuera de poursuivre la remarquable tâche de construire un socialisme aux caractéristiques chinoises. Le Parti continuera également de faire ce qu'il a toujours fait : faire des changements pragmatiques une nécessité afin d'encourager les réformes continues, tout en gérant de manière efficace le système de gouvernance chinois. Les réussites de la Chine depuis 1949 sont indéniablement en lien avec le PCC. Le Parti a toujours démontré sa capacité à combiner pragmatisme et idéologie, tout en gardant l'objectif de construire une société prospère avec ses propres spécificités et expériences. Même si l'avenir est encore incertain, il n'y a aucune raison de croire que le Parti cessera de montrer force et ténacité dans les années à venir. Bien que le Parti et la Chine, comme tout autre pays, aient leurs problèmes, défis et erreurs, le PCC est prêt à relever les défis de l'avenir. Le PCC a énormément aidé sa population et est en voie de parvenir à la renaissance de la nation chinoise en tant que grande puissance.  

L'auteur est le président du département des sciences politiques à l'Université de Saint-Thomas, à Houston. 

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