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Un parcours tumultueux : le PCC mène la nation vers la prospérité |
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Kerry Brown · 2016-07-04 · Source: BI | |
Mots-clés: PCC; 95e anniversaire; Chine |
Le Parti communiste chinois (PCC) a été créé à Shanghai en 1921. Le premier congrès s'est tenu en juillet cette même année, et a duré neuf jours. Treize personnes y ont participé, dont un conseiller russe et un activiste néerlandais du mouvement communiste international. Après sept jours, la réunion a été interrompue par la police de la concession française avant d'être reconduite sur une péniche dans la province voisine du Zhejiang.
A cette époque, le Parti ne comptait qu'une cinquantaine de membres. Il en compte presque 90 millions 95 ans plus tard. Le Parti dirige un pays dont l'économie est la deuxième plus importante au monde. Parmi les mouvements politiques majeurs de l'ère moderne, cette histoire est l'une des plus remarquables. Et pourtant, bien que dans la deuxième décennie du XXIe siècle, la nature, le rôle et les fonctions précises du PCC ne sont pas toujours clairs pour les observateurs étrangers.
Cette confusion vient, entre autres, du mot « parti ». Dans les démocraties occidentales multipartites, les partis politiques représentent des fractions différentes du spectre allant de gauche (en faveur d'actions gouvernementales dans les affaires économiques et sociales) à droite (pour moins d'implication du gouvernement). Le PCC à lui seul représente le spectre entier, intégrant une grande diversité d'opinions, ce qui peut être difficile à conceptualiser pour des politiciens, analystes, commentateurs ou politicologues occidentaux. Cela ressemble parfois plus à un mouvement social, à une communauté de connaissances ou à un mouvement culturel. D'une certaine manière, c'est un peu tout cela à la fois. Le fonctionnement du Parti, les principes sur lesquels il opère et les relations qu'il entretient avec la société chinoise ont des particularités difficiles à expliquer de manière simple et claire à un étranger. En effet, nous manquons d'un langage approprié pour décrire avec précision ce que représente le Parti communiste chinois.
Il est plus facile de comprendre comment le PCC a dirigé l'une des plus importantes phases de création de richesses au monde, puisque cette réussite lui vaut une reconnaissance internationale. En 1949, la Chine venait de subir une guerre dévastatrice, d'abord internationale puis civile. Entre 1937 et 1945, pas moins de 20 millions de Chinois ont perdu la vie et 50 millions se sont retrouvés privés de domicile. De 1946 à 1949, la guerre civile contre les nationalistes a causé encore plus de destruction et d'instabilité. Mais en 1949, le PCC en sort vainqueur. Il fait alors face à un pays dont l'espérance de vie d'un homme est en moyenne de 32 ans, et où la majorité des infrastructures ferroviaires et des routes qui existaient avant la Seconde Guerre mondiale a été détruite ou endommagée. Dans la Chine d'avant 1949, 90 % des habitants vivaient dans les campagnes, certains dans un état de pauvreté avancé. L'eau courante et l'électricité se faisaient rares. A partir de 1949, le PCC s'est lancé l'incroyable défi de reconstruire le pays et de permettre aux habitants d'avoir de meilleures conditions de vie.
Presque 70 ans plus tard, en 2016, hommes et femmes ont une espérance de vie allant jusqu'à 70-75 ans. Le taux d'alphabétisation des adultes est de 97 %. Ces deux dernières décennies, les lois promulguées obligent tous les enfants à aller à l'école jusqu'à leurs 15 ans, et des dizaines de millions d'étudiants sont désormais diplômés d'universités chinoises. Plus d'un million de Chinois ont étudié à l'étranger depuis 1979. La Chine a le réseau de voies ferrées le plus vaste au monde, et travaille sur la construction d'un système national d'autoroutes alimentant jusque les provinces de l'ouest les plus reculées. Plus de 50 % de la population vit désormais dans des zones urbaines.
Grâce à sa politique de réformes et d'ouverture lancée en 1978, le PCC a réussi à mettre en place une politique d'infrastructures permettant un développement très rapide. La Banque Mondiale a, par exemple, reconnu que ces trente dernières années, pas moins de 400 millions de personnes ont quitté le seuil de pauvreté. Comparé à l'Inde, dont la taille, la population et le développement étaient similaires dans les années 40, la Chine se classe en bien meilleure position en termes d'éducation, de taux d'alphabétisation, de santé des femmes et de réduction de la pauvreté en général. Cette politique a également permis à la Chine de nourrir sa population. Au début des années 90, des chercheurs comme Lester Brown ont répandu la peur d'une pénurie de nourriture en Chine due à un manque de céréales, qui s'est finalement avérée infondée. Le régime alimentaire d'un Chinois moyen est désormais aussi varié que celui d'un Européen ou d'un Américain.
Entrant bientôt dans son deuxième centenaire d'existence et malgré toutes ces réussites, le PCC fait aujourd'hui face à de nouveaux défis pour ces dix prochaines années. Nombre de ces réussites sont une conséquence de l'industrialisation et du développement rapide. Le premier effet de ce développement rapide est environnemental, ces gros bouleversements créant des problèmes de qualité de l'air et de l'eau. La solution à ces problèmes s'est avérée élusive. Les nouvelles technologies, l'utilisation de sources d'énergies renouvelables et l'augmentation de l'efficacité énergétique ont été encouragées sous les XIIe et XIIIe plans quinquennaux. Le gouvernement chinois a également encouragé les accords internationaux, allant de la Convention de Paris fin 2015 à l'accord signé avec les Etats-Unis un an plus tôt.
Le deuxième effet a été l'impact sur la société chinoise. Les inégalités représentent actuellement un problème bien plus important que cela ne l'était avant 1978. Selon le coefficient de Gini, un outil de mesure des inégalités reconnu internationalement, en 1984, il n'y avait que très peu d'inégalités en Chine. Depuis, les études ont prouvé une hausse des disparités entre les riches et les pauvres. Les différences de niveau de richesse se sont accentuées notamment entre régions côtières et régions internes, ainsi qu'entre zones urbaines et rurales. L'accent a été mis sur des politiques gouvernementales tendant à améliorer la situation, avec notamment la réduction des taxes pour les agriculteurs chinois dans les années 2000, et la création d'un système de sécurité sociale national ces dernières années. Malgré tout cela, réduire les inégalités entre les différents groupes sociaux reste une priorité.
Le troisième impact concerne l'opinion internationale. En 70 ans, la Chine est passée d'une économie en développement à un pays d'influence mondiale, entraînant donc une importance diplomatique. Les pays étrangers en sont conscients et observent la situation d'un œil nouveau. Les leaders chinois sont des leaders mondiaux, et leurs décisions et actions, même sur des sujets internes au pays, ont un impact international dû à l'importance qu'a dorénavant la Chine. Communiquer son message au monde extérieur est primordial afin d'éviter les mauvaises interprétations. Les opinions de la Chine sur le Moyen-Orient, sur la crise en Europe, sur les problèmes en Amérique latine ou ailleurs, sont importantes. Les dangers d'incompréhension des ambitions et attitudes de la Chine par les autres pays sont réels. Les interprétations du rôle que le pays jouera dans le monde à travers des projets comme l'initiative « Une ceinture et une route », seront plus importantes.
Enfin, il y a la recherche d'un nouveau modèle économique. Depuis 1978, sous le PCC et à travers les idées du pouvoir de Deng Xiaoping, un modèle hybride a été développé, reprenant des méthodes et processus de pays développés et industrialisés, comme le Japon ou les Etats-Unis, afin de les adapter au modèle chinois. Ce modèle, basé sur les exportations et la production manufacturière, a fait passer le PIB à un taux à deux chiffres pour la plus grande partie de la période allant jusqu'à 2010. La Chine entre désormais dans une phase de transition économique. Le PIB a inévitablement baissé (il serait d'ailleurs impossible pour n'importe quelle économie de poursuivre une croissance si rapide). Les décideurs sont conscients des difficultés des revenus modérés : l'augmentation des salaires pour les employés des industries manufacturières rend le secteur non-compétitif, et les services et autres secteurs doivent compenser. La Chine donne désormais plus d'importance au secteur des services dans une économie mixte où de nouvelles sources de croissance domestique peuvent apparaître. Cela représente l'étape la plus importante de l'objectif fixé d'ici 2020 pour accueillir le premier centenaire du Parti, qui espère diriger d'ici là un pays dont les revenus sont intermédiaires.
Comme ailleurs, l'échelle et la vitesse différencient le modèle chinois des autres modèles. Beaucoup d'économies développées sont passées par une transition de revenus modérés comme celle-ci, mais pas sur une telle échelle et à une telle vitesse. C'est pourquoi la clef d'une transition réussie est la stabilité et la durabilité. Le PCC donne les lignes directrices stratégiques du processus et délivre le discours politique principal. Il s'agit là d'une des choses les plus importantes que le monde extérieur doit comprendre concernant le rôle du Parti communiste chinois dans la Chine du XXIe siècle, ainsi que ses fonctions et objectifs précis.
(L'auteur est un commentateur de Beijing Information et directeur de Lau China Institute, du King's College, à Londres.)
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