Les observateurs n'ont pas manqué de faire le lien entres les visites successives de dirigeants européens en Chine cette semaine et la récente visite d'Etat du président Xi Jinping au Royaume-Uni qui a rapproché le pays de son lointain voisin.

La chancelière allemande Angela Merkel est arrivée jeudi en Chine pour une visite de deux jours, et François Hollande y atterrira le 2 novembre. Le roi Willem-Alexander des Pays-Bas a achevé quant à lui une visite officielle de cinq jours hier.

Xi, dont la visite à Londres était la première d'un chef d'Etat chinois en 10 ans, est revenu la semaine dernière de son voyage lors duquel une série d'accords commerciaux ont été signés entre les deux pays pour un total de 61 milliards de dollars (55,6 milliards d'euros). L'événement a marqué le début d'un « âge d'or » des relations sino-britanniques.

Parmi les bénéficiaires potentiels de ces accords se trouvent de grandes multinationales britanniques comme Aston Martin, Jaguar Land Rover, Rolls-Royce et BP, mais le plus remarqué est sans doute les 9,18 milliards de dollars investis par la Chine dans le projet nucléaire d'Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre. Un accord par ailleurs perçu comme l'incursion monétaire de la Chine dans le secteur des infrastructures européennes.

Pour la plupart des Chinois, qui se sentent davantage concernés par les politiques de visas que par les affaires d'Etat, la Grande-Bretagne prévoit également de lancer en 2016 un visa à entrées multiples. Il devrait lui permettre de regagner les faveurs des touristes chinois, réputés pour leur forte propension à consommer, qui se tournent souvent vers les pays de l'espace Schengen aux politiques de visa moins restrictives, comme la France (le Royaume-Uni n'a pas adhéré aux accords de Schengen).

Ces mesures semblent avoir ébranlé les membres continentaux de l'Union européenne, qui ont dû juger leurs relations avec leur voisin du nord dysfonctionnelles, alors que l'avenir du Royaume-Uni dans le bloc des 28 demeurera incertain jusqu'au référendum de 2017 sur l'appartenance du pays à l'UE. Il semble cependant que la Grande-Bretagne ait pris de l'avance en commençant à se rapprocher de l'Asie.

Pour ne pas manquer le train chinois, l'Allemagne et la France ont envoyé leurs dirigeants vers l'Asie. C'est du moins ainsi que certains médias ont interprété leurs voyages successifs.

Avant l'arrivée de Merkel et Hollande, le Quotidien du peuple a publié un article sur les ambassadeurs des deux pays, Michael Clauss et Maurice Gourdault-Montagne. L'Allemagne et la France sont les « partenaires centraux de la Chine en Europe », déclarait l'article.

Le quotidien hongkongais South China Morning Post a également déclaré : « après la visite de Xi Jinping en Angleterre, la chancelière allemande Angela Merkel souhaite montrer qu'elle « connaît mieux la Chine ».

Si l'on considère la fréquence de ses visites, Merkel a une certaine crédibilité lorsqu'elle prétend connaître bien, voire mieux que quiconque, la Chine. La chancelière en est à sa huitième visite en Chine depuis la prise de ses fonctions en 2005. Lors des sept visites précédentes, son programme comportait toujours la visite d'une entreprise.

Comme toujours, la dirigeante est en Chine pour s'occuper des affaires de l'Allemagne. Selon Reuters, elle est venue accompagnée d'une délégations de 20 dirigeants d'entreprises représentants des secteurs des machines, de l'automobile, de l'électricité et des télécommunications.

Dans la délégation se trouve notamment le nouveau PDG de Volkswagen, Mathias Mueller, qui cherche à redorer l'image du groupe après le scandale des émissions polluantes de ses voitures en Chine, plus grand marché automobile au monde.

Sous la pression de la série d'accords signés par la Chine et le Royaume-Uni la semaine dernière, Merkel espère aussi conclure des accords avec le géant asiatique, dans une volonté de confirmer sa position de premier partenaire commercial de la Chine en Europe.

La compagnie aérienne allemande Lufthansa et Deutsche Boerse s'inscrivent dans une longue liste d'entreprises allemandes prêtes à signer, d'après Reuters, qui précisait toutefois que le volume des accords ne devrait pas rivaliser avec les 61 milliards du Royaume-Uni.

Contrairement à Merkel, le programme du président Hollande sera axé, lors de sa visite en novembre, sur la réduction des émissions de CO2. Aux côtés d'experts du changement climatique, le chef d'Etat français espère, par des négociations avec la Chine, préparer le terrain en vue de la conférence des Nations-Unies sur le climat.

Le sommet, qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre à Paris, est perçu comme un grand spectacle diplomatique par le président, qui a lancé une campagne mondiale pour assurer son succès.

La Chine semble à présent enchevêtrée dans la complexité des besoins diplomatiques et économiques des membres de l'UE.

Source: French.china.org.cn