La Fondation d'entreprise Hermès porte les valeurs qui ont fait de ce fleuron français du luxe un symbole de la création artisanale. Sa directrice Catherine Tsekenis était à Beijing pour remettre le Prix Yishu 8 – Chine à deux jeunes artistes prometteurs. Elle explique l'engagement d'Hermès pour favoriser l'éclosion des talents chinois de demain et rappelle les valeurs au centre de ces initiatives.

Yang Jiaqing

Le 26 février 2014, Catherine Tsekenis, directrice de la Fondation d'entreprise Hermès, est arrivée à Beijing pour participer à un événement qui lui tenait à cœur : la cérémonie de remise du Prix Yishu 8- Chine dans les locaux somptueux de cette maison des arts créée par Christine Cayol. Cette initiative est placée sous l'égide d'une institution déjà riche d'une longue histoire de mécénat dont la présence en Chine vise à soutenir la création artistique émergente.

Catherine Tsekenis,  de la Fondation d'entreprise Hermès, porte un toast avec  les deux lauréats du Prix Yishu 8-Chine.

Pour mieux accompagner les jeunes artistes chinois, la galerie Yishu 8 organise chaque année un concours destiné aux étudiants en master de la CAFA (Académie centrale des beaux-arts de Chine). Cette année, 12 candidats se sont qualifiés pour participer à la finale. Pour les départager, leurs œuvres ont été exposées à la galerie Yishu 8 et deux lauréats, Li Ying et Peng Yong, se sont vus remettre le prix prestigieux.

Avant le vernissage, un colloque intitulé « Transmission&Créativité » a été organisé sous la présidence de Yu Miao, spécialiste de l'histoire de l'art. Plusieurs personnalités du milieu des beaux-arts l'ont honoré de leur présence, notamment Christine Cayol, fondatrice de Yishu 8, aux côtés de Tan Ping, vice-président de l'Académie centrale des beaux-arts de Chine et Tony Brown, professeur à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. La présence souriante de Catherine Tsekenis empreinte d'une distinction et d'une élégance toute française concentrait les valeurs humanistes et de partage d'Hermès.

Artisanat et création, deux valeurs d'Hermès au service de l'art contemporain

La maison Hermès s'est lancée dans le mécénat en Chine il y a trois ans. Tout a commencé par un projet de production de vidéos artistiques présenté dans une petite salle de visionnage au Today Art Museum à Beijing. Avec l'émergence des artistes internationaux, commente Catherine Tsekenis, le multiculturalisme est l'une des particularités de l'art contemporain d'aujourd'hui. « La fondation d'entreprises Hermès donne essentiellement aux artistes des possibilités de produire. « C'est ce moment de la production qui nous intéresse », souligne Catherine Tsekenis.

Elle continue en expliquant la démarche de la Fondation. « Pourquoi soutenir l'art contemporain ? Parce que toute action de mécénat va vraiment dresser vraiment un pont. La fondation d'entreprise Hermès est une émanation de la maison Hermès et de ses deux valeurs fondamentales, l'artisanat et la création. Le savoir-faire n'évolue pas s'il n'y a pas de création ». C'est ainsi que Catherine Tsekenis décrit le lien fort qui unit Hermès au mécénat d'art. Cet engagement est d'autant plus important qu'il place l'art au cœur de la civilisation. « Dans une société, l'art est fondamental, c'est l'espace du débat, de la sensibilité, de l'intelligence. Cela nous a paru totalement naturel de soutenir l'art contemporain ».

Yishu 8 et la Fondation d'entreprise Hermès, une vision commune

Christine Cayol (au centre), fondatrice de Yishu 8, lors du colloque "Transmission&Créativité".

C'est ce qui motive l'implication de la Fondation dans les projets de Yishu 8. « Je pense que ce qui était très important pour nous dans la décision de soutenir Yishu 8, c'est d'abord ce lien, ce pont entre la France et la Chine. C'est important pour une entreprise française de mener des actions dans les pays où elle est implantée ». Catherine Tsekenis et la Fondation ont trouvé un partenaire de choix avec Yishu 8, qui « aide les jeunes artistes à se développer, à leur donner des conditions de travail ». Elle met aussi en avant cette conjonction heureuse faite de rencontres qui créent « une communauté d'esprit ». Pour Catherine Tsekenis, un bon mécénat s'accompagne de relations étroites pour favoriser l'émergence de la créativité chez les jeunes artistes, une vision qu'elle partage avec Yishu 8.

Quand l'art et l'entreprise se rencontrent

La question de la place du financement de l'art est fréquemment évoquée en des termes critiques. Catherine Tsekenis n'y voit pas de contradiction. « Les maisons dites de luxe sont des maisons de création traversées par des gens qui ont de la créativité. Donc le milieu de l'art est quelque chose de très important pour eux, c'est un espace d'inspiration ». Si les registres sont différents, elle remarque que « au départ, il y avait quand même cet appétit de la forme, cet appétit de comprendre le monde ».

Sans vouloir aborder les autres maisons, elle conçoit que le rapport de l'art et de l'argent peut engendrer la polémique, notamment quand l'art devient un élément du marketing. Certaines maisons veulent faire de leurs collections d'art un élément d'identification entre les produits et la clientèle.

Ne touche pas mon soulier de cristal, une peinture à l'huile de Lu Lu

C'est l'amour de l'art qui a conduit Hermès à créer une fondation, « pour bien faire la différence entre le moment où la maison va travailler avec des artistes pour créer des produits et le moment où elle est au service des artistes ».

Si le prix Yishu 8 – Chine qui est décerné permet à Hermès d'acquérir une notoriété dans le mécénat en Chine, Catherine Tsekenis estime qu'il va surtout « permettre aux artistes d'être en résidence, de rencontrer un autre univers, une autre culture, d'ouvrir leurs horizons, d'être stimulés par des rencontres ». Cette volonté se retrouve aussi dans le Prix Henri Cartier-Bresson, qui vise à soutenir financièrement des photographes reconnus. « C'est un prix prestigieux dans le domaine de la photographie, mais c'est surtout un prix qui donne la possibilité pendant un an à un photographe de faire un travail qu'il n'aurait pas pu faire. C'est pour cette raison qu'on organise des résidences ». Ces artistes sont souvent des étudiants, travaillant encore dans l'obscurité. Il s'agit de les aider à passer un cap et de les placer dans des situations de rencontres, à des carrefours. « C'est peut-être plus prétentieux de dire qu'on va participer à cela, mais en tout cas, c'est ce qui nous intéresse ».

Beijing Information