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50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises>>> Archives
Publié le 06/01/2014
La Chine et la France vers un nouveau partenariat de "réciprocité diversifiée"

Trois villes parcourues en cinq jours ! Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault vient de boucler sa visite en Chine, première du genre depuis son investiture à Matignon. Et ce, dans le sillage de François Hollande il y a huit mois.

M. Ayrault s'est déplacé à Beijing, Wuhan et Guangdong, pour se livrer à une navette diplomatique intensive, rencontrant les plus hauts dirigeants chinois, visitant des sites industriels sino-français, et prononçant des discours devant des personnalités de tous bords...

Cette visite revêt une portée significative, car elle intervient à la veille du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises, et de la visite en France du président chinois Xi Jinping prévue au printemps 2014.

Par rapport aux visites précédentes d'autres hauts responsables français en Chine, le voyage de M. Ayrault, qui était également à la tête d'une délégation colossale d'hommes d'affaires, semble "peu abouti", aucune promesse d'achat d'Airbus n'ayant été formulée.

Cependant, si les échanges bilatéraux étaient jadis axés sur l'obtention de "gros contrats" dans les domaines conventionnels, la coopération d'aujourd'hui se tourne vers une "réciprocité diversifiée", compte tenu de l'énorme complémentarité des deux économies.

Pour le nucléaire, un secteur dans lequel la France possède des atouts incontestables, outre l'éventuel lancement de deux réacteurs pressurisés européens (EPR) supplémentaires qui s'ajouteront à deux réacteurs en cours de construction dans le chantier de Taishan (sud de la Chine), les deux pays ont récemment décidé de travailler ensemble pour construire deux réacteurs EPR à Hinkley Point, au Royaume-uni, ouvrant ainsi la voie à l'exploitation en commun du tiers marché.

La production de véhicules propres étant un autre point fort de la France, la coentreprise sino-française Dongfeng Renault Automobile à Wuhan (dans le centre de la Chine), dont l'accord a été signé à l'occasion de la visite de M. Ayrault, devrait aboutir à la production de véhicules à énergie alternative, comme les voitures électriques ou hybrides.

Côté écologie, la "ville durable" constitue une notion que M. Ayrault a défendue pendant sa visite. Les deux pays ont élaboré le projet de "ville durable" à Wuhan, qui devrait couvrir une surface de 250 km², soit le double de la superficie de Paris. Une trentaine d'entreprises françaises y ont afflué pour présenter "une offre globale" comprenant le traitement des eaux, des déchets, du chauffage urbain et des transports, en réponse aux soucis environnementaux de la Chine.

De surcroît, la filière agroalimentaire deviendra un nouveau pôle d'attraction. Les deux parties sont parvenues à un protocole permettant à la charcuterie française d'acquérir, pour la première fois, l'agrément sanitaire lui donnant accès à un marché de 1,3 milliard d'habitants.

La complémentarité est grande, mais la performance des échanges laisse beaucoup à désirer. D'après l'ex-ambassadeur de Chine en France, Zhao Jinjun, bien que le volume des échanges commerciaux sino-français ait accusé une hausse rapide pour atteindre quelque 51 milliards de dollars en 2012, ce chiffre n'est pas compatible avec les capacités économiques globales des deux pays. Il existe donc une grande marge de croissance.

Allant dans le même sens, le Figaro avait publié des statistiques économiques de la France en 2012, montrant un déficit commercial de 26,5 milliards d'euros au profit de la Chine. Egalement, la part de marché détenue par la France en Chine n'était que de 1,33%, loin derrière les 5,1% de l'Allemagne.

Pour changer cette situation, plusieurs changements sont à apporter.

En premier lieu, la confiance politique est primordiale. Ces dernières années, les relations sino-françaises ont traversé des parcours sinueux à cause de la versatilité politique française sur des questions clés comme le Tibet et Taiwan. La Chine, dont la présence aux premiers rangs des nations n'est plus contestée, a besoin de la France pour soutenir son processus de réforme, et la France, en tant que l'une des forces motrices de l'Europe, a besoin du marché chinois pour sortir du marasme qu'elle subit sous les effets combinés de la crise européenne de la dette et de la crise planétaire. Il est ainsi nécessaire de conserver la confiance politique mutuelle, et respecter les intérêts et préoccupations clés de part et d'autre, de manière à assurer un environnement stable pour le développement des relations bilatérales.

Ensuite, un esprit ouvert et gagnant-gagnant est indispensable. Il est à déplorer qu'un certain nombre de Français gardent dans leur esprit, jusqu'à nos jours, l'image du "péril jaune", estimant que l'afflux des Chinois et des produits chinois constitue une menace à leur survie. L'idée stéréotypée d'"exclusion" doit faire place à un esprit de "réciprocité", traduction française de "gagnant-gagnant", car tous placements, en apportant leurs propres bénéfices, vont générer des opportunités et des emplois, source de reprise économique.

Enfin, l'accent doit être mis sur les domaines autres que conventionnels. Les exportations françaises vers la Chine se révèlent relativement mal structurées, le secteur de l'aviation représentant à lui seul 30% du volume total. Outre les domaines conventionnels comme le nucléaire et l'aviation, il existe de nombreuses sphères à exploiter, telles que la finance, l'agroalimentaire, la santé et le développement durable. Le programme pilote de "ville durable" à Wuhan a déjà franchi le premier pas dans ce sens. Une fois réussi, ce projet devrait servir d'exemple et s'étendre dans l'ensemble du pays. La perspective sera belle, égale aux commandes d'Airbus.

 

Source: Xinhua (le 10 décembre 2013)

 



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