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Publié le 25/11/2009
Françoise Wang : la tombe de l'empereur Qianlong, un stupa virtuel ?

Yang Jiaqing

Yuling, le tombeau de l'empereur mandchou Qianlong (r.1736-1796) construit entre 1743 et 1752, est tout à fait remarquable à maints égards, et notamment pour ses voûtes et ses murs, décorés de représentations bouddhiques et d'inscriptions en tibétain et en écriture lantsa (plus de 30 000 caractères). Bien que le site soit officiellement ouvert depuis 1977, les inscriptions murales ainsi que celles des textes copiées sur les cercueils n'avait pas encore été identifiées. Récemment, lors d'une conférence qui s'est tenue au Centre culturel français de Beijing, Mme Françoise Wang, sinologue et tibétologue au CNRS (Centre national de la Recherche scientifique), a affirmé que l'ensemble de ces inscriptions s'intégrait dans un rituel bouddhique, qui visait à une sacralisation et une protection du lieu, s'apparentant à l'idée de l'édification virtuelle d'un stupa.

Mme Françoise Wang lors de la conférence

Spécialisée dans l'étude du bouddhisme, Françoise Wang a participé à l'inventaire des manuscrits de Dunhuang conservés à la Bibliothèque nationale de France. Elle travaille aujourd'hui sur les interactions entre bouddhisme chinois et bouddhisme tibétain, et sur l'utilisation de l'écrit dans l'architecture religieuse bouddhique.

L'empereur Qianlong, personnage extraordinaire aux multiples facettes

La conférence a commencé par le récit du merveilleux parcours de Qianlong, quatrième empereur manchou de la dynastie des Qing (1644-1911), sous le règne duquel l'empire chinois connut sa plus grande expansion territoriale. « Personnage hors du commun, Qianlong marqua l'histoire politique de la Chine, mais aussi l'ensemble de la culture chinoise. Ayant reçu une éducation chinoise classique, il s'est avéré être un grand amateur de poésie, et composa lui-même de nombreux poèmes. Fasciné par le savoir, il chercha à le maîtriser en compilant en 1776 une vaste encyclopédie (le Sikuquanshu), qui réunit les plus belles oeuvres littéraires, historiques et philosophiques classiques. Il est vrai que cette entreprise fut menée en parallèle avec une grande purge des oeuvres politiques jugées incorrectes - l'inquisition littéraire de 1776 à 1782. Artiste et collectionneur, Qianlong fut également un grand mécène, et marqua de son empreinte la peinture et la porcelaine. Calligraphiant ses propres poèmes, il fit graver et apposa ses sceaux sur de célèbres oeuvres, notamment des peintures », a dit la sinologue française.

Si Qianlong fut un empereur manchou très sinisé, il chercha néanmoins tout au long de son règne à renforcer l'identité manchoue. « On n'oublie pas qu'à cette époque, une grande partie des archives impériales étaient écrites en langue manchoue, la « langue nationale ». Du temps de ce souverain, le nombre de stèles bilingues et trilingues fut particulièrement important. « Qianlong était donc, comme tous les hommes de génie, une personnalité aux multiples facettes. Régnant sur un empire multiethnique et multiculturel, il semble qu'il ait cherché à montrer à chacun l'image que celui-ci attendait de lui », a-t-elle poursuivi.

Mausolée de l'empereur Qianlong

C'est le modèle des tombes impériales de la dynastie des Ming (1368-1644), légèrement modifié, qui fut choisi par Shunzhi, le premier empereur des Qing, qui installa la capitale à Beijing en 1644. En 1661, Shunzhi choisit de faire construire son tombeau à Zunhua, dans la province du Hebei, sur le chemin du Palais d'été de Chengde, également connu sous le nom de Jehol.

Schéma de la tombe de Qianlong

Le site fut choisi selon les règles de la géomancie traditionnelle chinoise, le Fengshui. Il possédait un axe nord-sud encadré par des montagnes, avec de grands cours d'eau qui arrosaient une vallée de 250 km2.

A partir de l'empereur Yongzheng, père de Qianlong, un autre site, à l'ouest de la capitale, fut également utilisé en alternance. C'est la raison pour laquelle il existe aujourd'hui deux nécropoles,  appelées respectivement les Tombeaux de l'Est (Qing Dongling) et les Tombeaux de l'Ouest (Qing Xiling). Dans chacune d'elles se trouvent les sépultures de cinq empereurs de la dernière dynastie féodale.

Qianlong est l'un des cinq empereurs qui firent construire leur mausolée dans les Tombeaux de l'Est. Le cimetière regroupe au total quinze mausolées, où furent enterrées quatre impératrices dont Cixi, cinq concubines impériales, ainsi qu'une princesse.

La Tour de la Stèle (Minglou, littéralement Pavillon de la Clarté)

Le tombeau de l'empereur Qianlong s'étend le long d'un axe nord-sud, avec une série de bâtiments qui étaient réservés pour le culte à l'empereur défunt. Le corps était déposé sous le tumulus surmonté par la tour de la stèle (Minglou).

Démarrée en 1743, la construction du tombeau dura environ une décennie. Le palais souterrain a 54 m de long et couvre une surface de 372 m2.

Le tombeau de Qianlong fut pillé par le seigneur de guerre Sun Dianying en 1928. La plupart des trésors réunis dans la tombe de celui qui fut l'un des plus grands empereurs de Chine furent emportés. Quelques mois après, les représentants du dernier empereur Puyi vinrent refermer le tombeau.

L'entrée du palais souterrain

Les chambres funéraires, appelées aussi palais souterrain, furent officiellement rouverts en 1977 par une équipe de chercheurs chinois. Un grand désordre régnait à l'intérieur du tombeau en partie inondé.

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