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Publié le 15/06/2007
Un géant mis à nu

La formation est plus importante que le salaire

Chercher la croissance et l'épanouissement des personnes dans l'exercice de leurs responsabilités est l'une des orientations stratégiques de Michelin. « Vous avez dû apercevoir en arrivant notre centre de formation. Il est d'une très grande superficie ! Mais il ne s'agit pas seulement de formation commerciale, souligne-t-il. Dans les usines, pour toutes nos activités. Michelin travaille énormément sur la formation des employés : formation initiale bien entendu, mais ensuite pour aider nos employés à se développer, à acquérir des connaissances, en cohérence avec les besoins du client afin de mieux le servir. Nous ne souhaitons pas leur apporter seulement des compétences théoriques. »

(Photo : Shi Gang)

Chez Michelin, le service du personnel aide les employés à évoluer vers le poste qui leur convient. « Nous avons des responsabilités ; nous avons donc mis en place un processus permettant de comprendre ce que veut faire chaque employé, et de lui fournir les compétences dont il a besoin pour atteindre ses objectifs. Nous le mettons en condition d'évoluer, de passer à des domaines qui l'intéressent davantage. La mobilité fonctionnelle, explique M. Casetta, c'est la politique de l'entreprise visant à privilégier l'enrichissement des personnes par de nouvelles expériences ou de nouvelles occasions. C'est par exemple pour cela que nous mélangeons les cultures, placer un Italien en Chine ou un Chinois en Italie. Nous n'obligeons personne à être mobile ; mais si quelqu'un souhaite vivre une nouvelle expérience, faire quelque chose de différent, alors nous allons l'aider. »

Sur les 5 000 employés de Michelin en Chine, une centaine d'étrangers occupent les postes industriels et commerciaux. « Je ne les connais pas tous, admet M. Casetta, surtout ceux qui travaillent sur les sites industriels. Mais ils sont globalement contents de leur expérience en Chine. Nous avons des gens qui sont là depuis plusieurs années, et certains parlent très bien chinois ; disons que 40 à 50 % sont au moins capables de communiquer. Mais je n'en fais pas partie ! L'entreprise, ceci dit, soutient les employés qui souhaitent apprendre la langue, en aménageant leur temps mais aussi en les soutenant financièrement. De ceux qui maîtrisent le chinois, la plupart ont été envoyés par le siège et ont appris sur place. Il y a notamment quelques Anglais et Français dans ce cas-là. Mais de toutes façons, précise-t-il, tous les employés, y compris les Chinois, parlent parfaitement anglais. »

Pour M. Casetta, l'expatriation en Chine représente un nouveau défi. « Je n'ai pas de recette miracle. J'adapte mes méthodes, en essayant de bien connaître le pays, l'environnement, les affaires. Ensuite j'essaie de donner mon point de vue sur les objectifs, la stratégie, en évitant de tout faire à ma manière. J'apprécie que les gens puissent travailler avec leurs idées mais en étant tous orientés vers la stratégie du groupe. C'est une règle de base », dit-il, catégorique.

La Chine, qu'est-ce encore ? « C'est une occasion de mettre ensemble les aspects positif de chacune des cultures. Le dynamisme, le pragmatisme, la rapidité, l'initiative des Chinois, avec la rigueur, la structure et l'organisation des Français, et si je peux ajouter un soupçon de fantaisie et de créativité à l'italienne, on a là le mélange parfait ! Je pense aussi que nous avons énormément à apprendre de la Chine, et notre plan de développement doit être basé d'abord sur la compréhension des valeurs chinoises. Nous devons être capables de faire notre travail en évitant de changer notre stratégie et notre approche, mais en les intégrant aux occasions que la société et la culture chinoises nous offrent. »

Équilibre entre vie professionnelle et vie privée

Tout le monde croit que les commerciaux font face à une grande pression, à une surcharge de travail. Ce n'est pas l'avis de M. Casetta, qui reconnaît que la pression est monnaie courante partout. « Mais ce qui est gênant dans la vente, admet-il en souriant, ce sont les horaires de travail, les déplacements ; la Chine est tellement immense ! On perd beaucoup de temps dans les avions, dans les aéroports, ce qui réduit évidemment le temps consacré à la vie privée. Mais c'est un peu le cas partout dans le monde, dans notre société moderne. »

"Je n'ai pas de recette miracle. J'adapte mes méthodes."
(Photo : Shi Gang)

M. Casetta est d'ailleurs plutôt satisfait de l'équilibre personnel qu'il a trouvé. Il y a évidemment des moments difficiles, mais il estime que dans l'ensemble cela va plutôt bien. « J'adore cuisiner et si je trouve le temps, je suis plutôt créatif, j'ai mes recettes à moi. Mais je ne suis pas encore capable de cuisiner chinois ! » Il est également passionné de musique, du classique au rock, et surtout de lecture, « un peu de tout, si possible dans la langue d'origine ». Son dernier coup de cœur va aux auteurs espagnols contemporains, Arturo Perez Reverte, Carlos Ruiz Zafon. Pas de télévision en revanche : « je préfère passer du temps avec ma famille. J'aime aussi suivre les compétitions de sports mécaniques : la Formule 1 par exemple. Mais ce n'est pas spécifiquement lié à mon travail, c'est plutôt typiquement italien : en Italie, nous sommes tous un peu fanatiques ! »

Quant à la vie sociale, elle est essentiellement familiale : « J'ai deux enfants, dont une fille ici à Beijing qui parle très bien le chinois. Ma femme aussi l'étudie quatre heures par jour. D'ici peu, je serai le seul de la famille à ne pas le parler ! La seule chose qui me manque dans le fond, conclut-il, serait peut-être la vie sociale : j'aimerais pouvoir m'intégrer davantage dans la société chinoise. »

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