Zhu Weiqun
A la veille du 60e anniversaire de la libération pacifique du Tibet, marquée par la signature de l'Accord entre le gouvernement populaire central et le gouvernement local du Tibet sur les mesures concernant la libération pacifique du Tibet (connu sous le nom de l'Accord en dix-sept articles), le directeur adjoint permanent du Département de Travail du Front uni du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), Zhu Weiqun, a accordé une interview au magazine China's Tibet.
Rendre désormais impossible l'indépendance du Tibet
China's Tibet : Le 23 mai 2011 marque le 60e anniversaire de la signature de l'Accord entre le gouvernement populaire central et le gouvernement local du Tibet sur les mesures concernant la libération pacifique du Tibet. Que pensez-vous de cet événement historique ?
Zhu Weiqun : La libération pacifique du Tibet est un grand événement non seulement dans l'œuvre de libération des Chinois dirigée par le PCC, mais également dans l'histoire des luttes de la nation chinoise pour l'intégration du pays depuis une centaine d'années.
Au mois d'octobre 1950, l'Armée populaire de libération (APL) a lancé la bataille de Qamdu, brisant l'illusion d'un petit nombre de réactionnaires de la classe supérieure du Tibet et leurs auxiliaires étrangers qui tentaient de s'opposer à la libération du Tibet à travers la barrière naturelle du fleuve Jinsha, ce qui a poussé le gouvernement local tibétain dirigé par le 14e dalaï-lama à envoyer une délégation à Beijing pour négocier. A la suite des négociations difficiles durant presque un mois, le Tibet a accueilli la libération pacifique, avec la signature du célèbre Accord en dix-sept articles.
Quant aux significations de la libération pacifique du Tibet, je trouve que, tout d'abord, elle a brisé le complot d'un petit nombre de réactionnaires de la classe supérieure tibétaine qui avaient l'intention de séparer le Tibet de la Chine, réalisant la libération et l'intégration complètes du continent chinois. Comme tout le monde le sait, le Tibet est une partie inséparable de la Chine depuis toujours. Dans la dynastie des Yuan, déjà, le gouvernement central chinois exerça un contrôle administratif direct et efficace sur le Tibet. Après l'entrée dans l'époque moderne, les impérialistes occidentaux avaient des ambitions sur le Tibet. La Grande Bretagne a agressé le Tibet par la force successivement en 1888 et en 1904, et elle s'empara même de Lhassa (capitale du Tibet) au cours de la deuxième agression. Mais dans le même temps les impérialistes ont découvert qu'il était impossible de séparer le Tibet de la Chine simplement par la force, du fait que les habitants locaux obéissaient à l'autorité du gouvernement central. C'est pourquoi ils ont changé leur stratégie en formant des anglophiles dans la classe supérieure du Tibet, visant à comploter pour l'indépendance du Tibet. N'existant pas dans la langue et l'écriture tibétaines, « indépendance » est un concept que les impérialistes occidentaux ont imposé. Peu avant la victoire de la guerre de libération du peuple chinois menée par le Part communiste chinois (en 1948), les impérialistes américains et britanniques ainsi que le petit nombre des réactionnaires de la classe supérieure tibétaine ont provoqué une série d'incidents sécessionnistes pour ne pas rater les dernières occasions, ayant l'intention de faire de « l'indépendance du Tibet » une « réalité » pour le PCC. Cependant, la victoire de la bataille de Qamdu, la signature de l'Accord en dix-sept articles, ainsi que l'entrée pacifique de l'APL au Tibet, ont totalement brisé leurs illusions. La libération pacifique du Tibet, qui résulte des luttes sanglantes des Chinois pour l'intégration du pays et la dignité de la nation, rend désormais impossible l'indépendance du Tibet.
Une autre signification d'importance de la libération pacifique du Tibet consiste dans le fait qu'elle a jeté les bases de la réforme démocratique et de la transformation du système de servage féodal en système socialiste débutant huit ans plus tard au Tibet. Considérant la situation réelle du Tibet, l'Accord en dix-sept articles stipule spécialement : « Les autorités centrales ne modifieront pas l'actuel système politique du Tibet. De même, les autorités centrales ne modifieront pas le statut établi, les fonctions et les pouvoirs du dalaï-lama », et « En ce qui concerne les différentes réformes au Tibet, il n'y aura pas de coercition de la part des autorités centrales. Le gouvernement local du Tibet devra réaliser les réformes de sa propre volonté, et quand le peuple présentera des demandes de réformes, elles devront être examinées en consultation avec le personnel dirigeant du Tibet ». Le gouvernement central chinois a fait ce qu'il dit. Mais un petit nombre de réactionnaires de la classe supérieure tibétaine ne voulait absolument pas changer, ainsi ils ont lancé une rébellion armée, ce qui a permis de faire avancer la réforme démocratique du Tibet. Ainsi on peut dire que sans le prélude de la libération pacifique, il n'y aurait pas eu la réforme démocratique spectaculaire du Tibet, et sans l'entrée du PCC et de l'APL au Tibet, il n'y aurait pas eu de forte volonté de réforme démocratique des Tibétains qui étaient asservis et oppressés, mais qui connaissent mieux les politiques du PCC depuis la libération pacifique du Tibet.
Pendant les huit ans suivant la libération pacifique, les bases sont bien jetées pour la réforme démocratique du Tibet. Le succès de la réforme démocratique montre qu'il est tout à fait impossible que le système de servage féodal renaisse au Tibet.
Le dalaï-lama a noirci sa réputation
China's Tibet : Initialement, le 14e dalaï-lama avait soutenu l'Accord en 17 articles sur la libération pacifique du Tibet. Désormais il a déchiré cet accord et s'est consacré aux activités séparatistes à l'étranger. Comment évaluez-vous le comportement du dalaï-lama ?
Zhu Weiqun : Lors de la signature de l'Accord en 17 articles, le dalaï-lama, âgé de 16 ans, venait d'être intronisé. Sous la proposition des patriotes tibétains comme Ngapo Ngawang Jigmé et le 10e panchen-lama, le dalaï-lama avait envoyé un représentant spécial négocier avec son homologue du gouvernement central. Après la signature de l'Accord, ce leader spirituel tibétain a publiquement déclaré, au nom du gouvernement régional, son soutien à cet accord. Plusieurs mois après la signature, le dalaï-lama envoie un télégramme à Mao Zedong lui promettant d'œuvrer à la pacification du Tibet et à coopérer avec la Chine sur l'intervention de l'armée chinoise au Tibet afin de consolider la défense nationale, expulser les forces impérialistes et réaliser l'unification du territoire et de la souveraineté du pays. Il s'agit d'un rare choix correct de la part du dalaï-lama.
Le gouvernement central a accordé un bon traitement au dalaï-lama. En 1954, lors de sa participation à la première Assemblé nationale populaire, les dirigeants comme Mao Zedong et Zhou Enlai l'ont accueilli en audience à plusieurs reprises. De plus, il a été nommé vice-président du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire de la République populaire de Chine. Malgré son exil à l'étranger en 1959, ce titre lui a été conservé jusqu'en 1964.
Malheureusement, le dalaï-lama a noirci sa réputation. En 1959, suite au soulèvement déclenché par des séparatistes tibétains, le dalaï-lama a déchiré l'Accord en 17 articles et s'est exilé à l'étranger. Depuis, il n'a cessé de fomenter l'indépendance du Tibet pendant plus d'un demi-siècle.
Soutenir le développement du Tibet
China's Tibet : Le gouvernement central a au total organisé cinq conférences de travail sur le Tibet, qu'est-ce que cela signifie ?
Zhu Weiqun : Depuis la réforme et l'ouverture à la fin des années 1970, le Tibet est la région dont le développement a jouit du soutien le plus important de la part de l'autorité centrale. Pourquoi ?
Premièrement, les conditions naturelles pénibles du Tibet plombent le développement socioéconomique de la région. Deuxièmement, le développement de la société tibétaine n'est pas mûr en raison de son régime féodal de servage pendant une longue période. Troisièmement, les activités séparatistes du gang du dalaï-lama, visant à détériorer la stabilisation et restreindre le développement du Tibet, ont menacé l'intégrité du territoire du pays. Quatrièmement, le Tibet est bordé par les pays du sous-continent asiatique. La stabilisation du Tibet est favorable à l'établissement d'une relation diplomatique amicale, coopérative et de bénéfices mutuels et à la formation d'un environnement convenable de voisinage. Dans ce contexte, le Tibet occupe une place spéciale dans la situation générale du pays, et l'autorité centrale a accordé une grande importance au développement de cette région minoritaire.
En 1994, la troisième conférence de travail sur le Tibet a ordonné à tous les départements gouvernementaux et 15 provinces (ou municipalités relevant de l'autorité centrale) de soutenir le développement du Tibet sous forme de jumelage en y construisant 62 projets clés. En 2001, la quatrième conférence de travail sur le Tibet a prolongé la durée de ce soutien de 10 à 20 ans. En tout, 59 départements d'Etat, 18 provinces et 17 entreprises d'Etat centrales ont participé à l'assistance au Tibet. Ce genre de soutien couvre toutes les préfectures et 74 districts du Tibet. Pendant le XIe plan quinquennal, les fonds de soutien au Tibet ont atteint les 7,6 milliards de yuans. La cinquième conférence de travail sur le Tibet a précisé qu'un pour mille des revenus disponibles des provinces jumelées serait destiné à l'assistance au Tibet. Depuis longtemps, des milliers de fonctionnaires ont volontairement quitté leurs pays natal afin de soutenir et d'accélérer le développement du Tibet.
En partageant les faveurs du pays, les trois millions de Tibétains ont également soutenu le développement national. Vivant sur le plateau dont les conditions naturelles sont hostiles, les Tibétains ont créé avec succès une civilisation matérielle et spirituelle particulière. Depuis sa libération pacifique, le Tibet, qui a réalisé un développement durable et stable, est devenu actuellement une barrière sécuritaire, une barrière écologique, une base de réserve des énergies stratégiques, une base des produits agroalimentaires du plateau, un lieu de protection des cultures spéciales et une destination touristique mondiale. L'esprit patriote et le caractère acharné des Tibétains sont un encouragement et un trésor spirituel pour la nation chinoise.
Parfaite harmonie entre les cultures tibétaines et des autres régions
China's Tibet : En tant que secrétaire général de l'Association chinoise pour la protection et le développement de la culture tibétaine, comment voyez-vous la culture traditionnelle tibétaine ?
Zhu Weiqun : La culture traditionnelle tibétaine est un composant important de la culture traditionnelle de la nation chinoise. Depuis un millier d'années, la culture tibétaine et la culture des autres régions du pays sont inséparables et en parfaite harmonie. Par exemple, si vous venez à Lhassa pour visiter le Palais du Potala et d'autres monastères célèbres, et si vous étudiez de divers aspects de la culture tibétaine tels que peinture, danse, sculpture, médecine, calendrier, religions, vous pourrez percevoir l'influence profonde de la culture de l'intérieur du pays. De plus, si vous allez à Beijing pour voir la lamaserie Yonghe, à Chengde pour voir les huit temples, au Mont Wutai pour voir le Sommet de bodhisattva, vous pourrez ressentir l'influence de la culture tibétaine sur la culture de ces régions. On peut dire que la culture tibétaine ne cesse d'enrichir la culture de l'intérieur du pays, en y apportant du nouveau contenu et de nouvelles formes.
La culture traditionnelle tibétaine est une composante très particulière de la culture traditionnelle de la nation chinoise. Sa caractéristique très régionale a pour cause un environnement très particulier de plateau enneigé, une coutume locale qui se forme dans cet environnement, et une absorption de la culture du sous-continent asiatique. C'est ainsi que, au cours des échanges, le Tibet et d'autres régions du pays peuvent s'attirer, s'absorber, et en tirer un profit réciproque.
China's Tibet : Quels sont les rapports entre la culture traditionnelle tibétaine et la nouvelle culture socialiste ?
Zhu Weiqun : Il est certain que la culture traditionnelle se développe au fur et à mesure du progrès socio-économique, en particulier au stade de la construction du socialisme à la chinoise. C'est une règle universelle. Je suis sûr qu'aujourd'hui, la culture traditionnelle tibétaine change, progresse et avance avec l'époque, et avec l'amélioration du niveau de vie du peuple. Il lui est impossible de demeurer inchangée.
Née à l'ancienne époque, la culture traditionnelle tibétaine porte une certaine empreinte du système féodal du servage. Celle-ci va certainement être effacée, alors que les éléments positifs qui correspondent à la direction du développement historique vont certainement être hérités et mis en valeur. Nous édifions aujourd'hui un nouveau Tibet socialiste, nous devons créer de nouveaux contenus et de nouvelles formes que marquent la nouvelle époque et la nouvelle société, en construisant une nouvelle culture au service de la masse populaire.
Certains occidentaux prônent la sainteté suprême et intouchable de l'ancien Tibet. A vrai dire, ils veulent seulement muséïfier le Tibet pour que le peuple tibétain se trouve toujours dans une situation arriérée et vive dans l'ignorance. C'est de cette manière qu'ils peuvent se sentir supérieurs aux autres. Le clan du dalaï-lama nous reproche jour et nuit d'avoir « détruit » la culture tibétaine, mais son vrai dessein est de rétablir les anciens privilèges culturels dont il jouissait à l'époque du servage féodal. Aujourd'hui, nous construisons une nouvelle culture dans le but de satisfaire les besoins des diverses ethnies, et pas dans le but de plaire à des occidentaux qui ont un complexe de supériorité raciale et à la classe privilégiée de l'ancien Tibet.
Aujourd'hui, le développement de notre pays offre des opportunités sans précédent en faveur du progrès de la culture tibétaine. Celle-ci a connu un développement exponentiel dans tous les domaines, que ce soit la langue, la presse écrite, la télévision, la radio, l'architecture, les beaux-arts, la photographie, la danse, la chanson, les habits et parures. Tous les nouveaux aspects culturels avancent à une vitesse étourdissante sur le chemin de l'intégration entre la tradition et la modernité. Dans toutes les régions du pays, on peut voir des œuvres qui reflètent la culture tibétaine, comme la danse, la photographie, la peinture. Aucun chanteur professionnel ou amateur n'est incapable d'interpréter quelques chansons tibétaines typiques. Tout cela était inimaginable dans l'ancien Tibet.
Le devoir de notre association est de suivre le courant historique pour contribuer au développement de la culture tibétaine et au renforcement de son influence dans tout le pays et dans le monde entier. Nous nous efforcerons aussi d'introduire les cultures excellentes des autres régions du pays au Tibet pour que les diverses ethnies du plateau les connaissent et en jouissent.
Beijing Information |