La visite en Chine de M. Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, permettra à l'UE de traiter ses relations avec la Chine dans une perspective politique.
Li Weiwei
En mai, deux événements majeurs concernant les relations sino-européennes se sont produits. La visite du président du Conseil européen Herman Van Rompuy en Chine, effectuée peu de temps après la clôture du deuxième round du Dialogue stratégique Chine-UE tenu à Bruxelles, témoigne de l'importance accordée par l'UE à ses relations avec la Chine.
Dans son discours, M. Van Rompuy a indiqué qu'il s'agissait de son premier voyage officiel en Chine depuis sa prise de fonction le 1er janvier 2010. L'accueil chaleureux qu'il a reçu révèle le fort soutien politique qu'apporte la Chine à la construction européenne. L'UE est au demeurant une association régionale ayant seulement le droit de participer à l'Assemblée de l'ONU pour prononcer des discours et proposer des projets, sans pour autant détenir le droit de vote, en raison de son statut d'observateur. Au sein de l'UE, coordonner les politiques de ses 27 pays membres demeure une tâche complexe, parsemée de failles innées dans la gouvernance de la zone euro et l'instabilité croissante de la monnaie. Malgré tout, la Chine lui tend la main à un moment critique, et M. Van Rompuy en est très reconnaissant.
|
Le 17 mai, entretien à Beijing avec Wen Jiabao (Pang Xinglei/Xinhua) |
La Chine est favorable à une zone euro stable. L'UE souhaite que soit désigner au plus vite un successeur européen à l'ancien directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui a démissionné suite au scandale du 18 mai. Ceci fait, le FMI pourra poursuivre sa collaboration étroite avec l'UE pour résoudre l'épineuse crise des dettes souveraines européennes. Actuellement, certains pays membres, notamment la Grèce, sont au plus grave de la crise. Sans coordination étroite avec le FMI pour empêcher la restructuration de la dette et rétablir la confiance des acteurs financiers dans l'euro, l'avenir de cette monnaie sera en péril. Membre du FMI, la Chine n'a pas contesté la candidate européenne à la tête du FMI, Mme Christine Lagarde.
Avec 27 pays membres et près de 500 millions d'habitants, l'UE est l'une des plus importantes économies du monde. La Chine et l'UE ont fait des efforts conjoints et ont tissé des liens économiques et commerciaux très étroits ; ces liens sont une composante importante du partenariat stratégique global.
Le commerce sino-européen s'est développé rapidement ces six dernières années. L'UE est devenue en 2004 le premier partenaire commercial de la Chine, en 2007 son premier marché d'exportations, et en janvier 2009 sa première source d'importations. De plus, l'UE est aussi son premier fournisseur de technologies et son quatrième investisseur. Selon les statistiques des douanes chinoises, même en 2008, en pleine crise financière, le commerce bilatéral a atteint 425,58 milliards de dollars, soit une augmentation de 19, 5% par rapport à l'année précédente. Ces pourcentages sont respectivement supérieurs de 9 et 6,5 points aux taux de croissance du commerce sino-américain et du commerce sino-japonais de la même année. En 2010, le volume d'échanges entre la Chine et l'UE a presque atteint 480 milliards de dollars. Durant le premier trimestre 2011, le commerce bilatéral a augmenté de 22% pour atteindre 123,7 milliards de dollars. Aujourd'hui, l'UE reste encore le premier partenaire commercial de la Chine, son premier marché d'exportations, son premier fournisseur de technologie et son deuxième marché d'importations, alors que la Chine est le deuxième partenaire commercial de l'UE, sa première source d'importations et son deuxième marché d'exportations. Bientôt, la Chine deviendra son premier partenaire commercial, en dépassant les Etats-Unis.
L'approfondissement de la coopération économique et commerciale permet d'intégrer les intérêts des deux parties, et profite aux deux peuples. Le rôle de l'UE dans la coordination des politiques du commerce extérieur de ses pays membres contribue à promouvoir les relations économiques et commerciales entre la Chine et l'UE, et à en faire la priorité dans la coopération bilatérale. En 2007, les deux parties ont tenu leur premier Dialogue économique et commercial au niveau des vice-premier ministres. En 2010, elles ont démarré un Dialogue stratégique entre le conseiller d'Etat chinois Dai Bingguo et la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères Catherine Ashton.
La Chine et l'UE ont récemment publié leur nouvelle stratégie de développement : Stratégie Europe 2020, et 12e plan quinquennal de la Chine (2011-2015). Toutes deux soulignent la nécessité de rechercher de nouveaux moteurs de croissance économique pour stimuler une économie verte.
« L'UE et la Chine sont des acteurs essentiels pour relever les défis mondiaux (...) Nous pouvons, et nous devrions, faire beaucoup plus ensemble », a souligné M. Van Rompuy, ajoutant : « le principal défi des années à venir sera de préserver le climat d'ouverture dans nos relations économiques et commerciales ».
* L'auteur est chercheur adjoint à l'Institut des études internationales de Chine
Beijing Information |